Tribunes: Témoignage pour l’Histoire

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Par Mohamed BENNOUR | Membre fondateur puis démissionnaire du parti Forum démocratique pour le travail et les libertés Ettakatol |


Aujourd’hui, je suis en mesure d’ajouter ceci, j’ai vu de mes propres yeux ce général la main dans la main avec Ghannouchi au Palais de Carthage, à l’occasion d’un dîner officiel organisé par Moncef Marzouki en l’honneur de l’émir du Qatar. J’étais présent parmi les invités. Les deux faisaient les pas perdus en attendant l’ouverture de la porte du palais pour recevoir les invités, ministres, corps diplomatique, corps constitués de l’armée, etc.

Cette attitude de la part d’un général de l’armée, chef d’état-major m’a particulièrement étonné. L’attitude de ce général qui s’était mis en confidence avec le chef du parti des Frères musulmans ne pouvait révéler qu’une seule chose entre les deux, il existait — et il existe encore aujourd’hui — une complicité douteuse.

Certainement le Palais de Carthage est équipé de caméras de surveillance et cette scène peut être revue dans les enregistrements du palais présidentiel.

Autre chose, la surveillance du building du RCD à l’avenue Mohamed V a été confiée à l’armée, la table des écoutes téléphoniques installée par Ben Ali se trouve au 2e étage de l’ex siège du RCD. Ces enregistrements et cette installation se trouvent où actuellement ? Personne n’en parle aujourd’hui. Alors que ce bâtiment abrite aujourd’hui le siège du ministère des Domaines de l’Etat. Où sont passés les documents et les archives de l’ex-RCD ? Personne n’en parle aussi.

Tout le monde sait aujourd’hui que le parti Ennahdha possède une table d’écoute téléphonique. Nous savons tous que les Tunisiens sont sous écoute. Dans les vraies démocraties, l’installation d’écoutes téléphoniques est un délit qui avait fait tomber un président américain (Watergate). Les dernières «fuites» de Rached Khiari et celles des conversations téléphoniques de Madame Maya Ksouri renforcent ces doutes qui planent autour de ces installations du fameux 2e étage du bâtiment de l’ex-RCD. La Tunisie est dénudée devant Ennahdha, ce parti qui ne respecte ni l’Etat, ni les institutions, serait donc en train de voir toute la classe politique, d’espionner les ministères, l’armée, les différents services de la police et j’en passe, toute la Tunisie est sans habit. L’intimité et la vie privée des Tunisiens serait aussi ainsi violée.

N’est-il pas urgent aujourd’hui d’ouvrir une enquête sérieuse pour vérifier ces données ?

La Présidence de la République est concernée, le parquet aussi et la presse d’investigation a du pain sur la planche.

Les réponses de Rachid Ammar aux questions de Mohamed Ghalleb contenues dans cet enregistrement sont révélatrices d’une grande complicité entre ce général de l’armée /ex-chef d’état-major et Ghannouchi. Le voyage (ou les voyages) au Qatar pour faire tomber Kadhafi n’apportent que de l’eau au moulin d’Ennahdha.

Cela dit, je peux ajouter un dernier élément : j’avais prévenu à temps le ministre de la Défense Si Abdelkrim Zbidi qui m’a reçu en 2012 dans son bureau. Mais sans résultat !

M.B.

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