Situation précaire des ouvrières agricoles : Entassées comme du bétail !

Maher Khelifi, fondateur du projet Ahmini pour une meilleure couverture sociale des femmes rurales, dévoile les quatre vérités et brise les tabous. Il y a notamment urgence d’intégrer les intermédiaires du transport dans un circuit organisé.

Depuis le temps que l’on tire la sonnette d’alarme sur les conditions de travail précaires des femmes rurales et particulièrement celles en partance vers les champs, la situation sur le terrain n’a pas trop changé, sans empirer du reste. Les femmes agricoles continuent d’être transportées comme du bétail à travers champs et dans la campagne. Parfois entassées par groupe de sept à huit à l’arrière d’un camion destiné au transport des marchandises, elles risquent chaque jour de perdre la vie sur la route. Alors que les choses ont évolué favorablement, ces deux dernières années avec Ahmini, plateforme récente qui permet de faciliter l’affiliation des femmes rurales au système de couverture sociale et sanitaire et contribuer à faciliter le paiement des cotisations à distance en vue de rectifier le tir. Tout n’est pas encore gagné, côté transport. Loin s’en faut !

A ce sujet, Maher Khelifi, directeur du projet, relate les nombreuses entraves et obstacles relevés avec «l’administration tunisienne et sa bureaucratie» qui opèrent dans un cadre qui ne peut nullement favoriser l’amélioration des conditions générales d’activité des femmes agricoles.  Toutefois, il transmet une satisfaction du devoir accompli à son niveau et escompte faire plus à condition qu’on suive ses recommandations. «L’impact sur la vie quotidienne de la femme rurale a évolué avec l’émergence des applications technologiques et l’innovation technique à travers le développement de l’assurance privé et la micro-assurance en 2021».

Protéger une catégorie vulnérable

Khelifi assure que le nouveau programme contient le même «process clientèle»  que celui de l’application Ahmini et obéit aux mêmes critères d’éligibilité. Il affirme qu’une femme agricole qui subit une blessure physique disposera désormais, à travers ce projet, d’une bourse allant jusqu’à dix-huit mois de salaire en réparation du préjudice subi. Un agrément qu’il a obtenu de haute lutte, permettant au programme dénommé «a7mini assurances» d’entrer en vigueur le 1er septembre 2021.

Les obstacles administratifs qu’il relate ont un impact indirect sur la vie quotidienne des femmes rurales. Si bien qu’une enquête a été menée pour évaluer les besoins en assurance sociale qui se résument en trois volets : accidents de travail, de la route et invalidité. Maher Khelifi, qui a fait des révélations dans les médias, arguant qu’une femme agricole perçoit l’équivalent d’une dizaine de dinars à tout casser, pour un travail journalier aussi pénible soit-il, n’en tait pas mot et rajoute une couche pour décrire le désastre : «Il y a 425 femmes invalides recensées sur les quatre dernières années qui ont dû arrêter leur activité. Si elles ne travaillent pas, elles mourront de faim elles et leur familles !». Il y a une responsabilité de l’Etat qui, de toute évidence, ne trouve aucune solution pour arrêter l’hémorragie.

Bien qu’elles risquent leur vie en se rendant aux champs, transportées «comme du bétail», les ouvrières agricoles  semblent «condamnées»  à se taire car les chauffeurs, qui assurent leur transport dans des conditions catastrophiques sont, dans leur grande majorité, des proches de leur entourage (frère, mari, cousin….). «Ces chauffeurs participent à la dynamique économique et doivent par conséquent être intégrés dans le circuit de production agricole», constate Maher Khlifi. En l’absence de solutions, un nouvel accident routier risque de se produire avec de nouvelles pertes humaines.

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