Education | Cours d’été : Une obligation sérieusement contestée…

Tous autant que nous sommes, nous apprenons chaque jour à vivre avec le coronavirus. Mais, pour les élèves, s’adapter à cette réalité non ordinaire n’est pas une évidence. Cela a été et restera un casse-tête tant pour les parents que pour les enseignants, mais surtout pour les enfants. 

Alors que l’année scolaire n’a pas encore pris fin, les parents commencent à inscrire leurs enfants, le plus rapidement possible, dans des établissements privés qui proposent des cours d’été ouverts à tous les élèves à partir de ce mois de juillet, peu importe l’école qu’ils fréquentent durant l’année scolaire. Ce choix a été fait pour deux raisons principales : certes, l’année scolaire 2020-2021 n’a pas du tout été une année normale, puisqu’elle a été marquée par une série de perturbations et de suspensions des cours à cause de cette crise sanitaire liée au covid-19, alors que de l’autre côté, les parents cherchent à récupérer les acquis manquants et consolider les apprentissages acquis en prévision de l’année scolaire suivante. Ces derniers (les parents) pensent que raccourcir les vacances d’été pourrait être une option –voire la meilleure solution- pour que leurs enfants reviennent reposés et motivés. Mais est-ce vraiment utile ?

Penser à chaque petit détail

Amal.B et Meriem.Z, propriétaires chacune d’une garderie scolaire, indiquent que les cours d’été commenceront à partir du mois de juillet, soit quelques jours seulement après l’achèvement des examens du primaire, qui prendront fin cette année le 21 juin 2021, et que les inscriptions sont, bel et bien, ouvertes, avec un taux de participation important (qui dépasse les 80%), ce qui montre l’attachement des parents à leur choix de commencer les cours d’été le plus tôt possible.

« Certes, des écarts se sont creusés durant toute l’année scolaire à cause de la suspension répétitive des cours dans les établissements éducatifs publics. Avec ces cours d’été, on essaie de mettre en place des mesures pédagogiques adéquates pour s’assurer que tous les enfants sont sur la même longueur d’onde. Cela,  tout en proposant aux élèves, tous les après-midis, des activités d’enrichissement dans les domaines du sport et de la culture, outre des sorties diverses pour qu’ils ne se sentent pas privés des vacances d’été avec leur famille. Ce qui permet aussi de donner un sens aux valeurs partagées dans notre club… », précise Mme Meriem, dans une déclaration accordée à La Presse. Elle ajoute que cela donnerait aux enseignants davantage de temps pour répéter et réviser les contenus pédagogiques de l’année précédente, notamment de la dernière période qui a suivi le confinement, étant donné qu’après un arrêt prolongé des cours sur toute l’année scolaire (il faut compter des semaines, voire des mois) et avec une reprise du travail d’un jour sur deux, les enfants n’ont pas pu reprendre leur rythme d’éducation et ils n’ont pas pu récupérer les études qui ont été perdues. « A cela on ajoute qu’il s’agit d’un programme assez riche et d’une connaissance qu’on essaie d’injecter d’une manière ou d’une autre à l’heure où nous sommes tous conscients que le débit de l’apprentissage et de l’assimilation n’est pas le même d’un élève à un autre. Du coup, l’enfant est le plus grand perdant de cette crise. A cet égard, il est de notre devoir de penser à chaque petit détail et de préparer l’avenir des générations futures, tout en tirant les leçons du passé », souligne-t-elle.

La prolongation des efforts sera contre-productive…

Un avis partagé par Mme Amal qui ajoute qu’il est cependant fondamental que le repos des élèves soit suffisant, car la fatigue ne fait que nuire à un apprentissage efficace et la prolongation des efforts ne sera que contre-productive dans ce cas. « A vrai dire, cette méthode — le fameux système d’un jour sur deux —  est assez reposante physiquement et intellectuellement pour les élèves, mais les résultats ne sont pas toujours satisfaisants. Pour ce faire, il faut leur offrir l’opportunité de compléter et de poursuivre leur apprentissage inachevé ou resté incomplet tout en assurant aux enfants un écosystème favorable sinon les résultats seront difficilement exploitables… Pour tous les enfants, l’été est souvent une période synonyme de relaxation et de plaisir et puisque les vacances d’été sont globalement très longues en Tunisie, on essaie donc d’équilibrer la balance ; on a pensé à reporter le démarrage des cours d’été à mi-juillet pour permettre aux enfants de se sentir bien, de se libérer de leurs tensions, d’exprimer ce qu’ils ressentent…Là, il est aussi important de souligner que les activités corporelles représentent une aide précieuse pour tous les apprentissages intellectuels. A cet égard, il faut faire attention pour éviter de corriger une faute par une autre plus grave, surtout que nous traversons une période très délicate dans l’histoire du pays et qui, malheureusement, risque de se prolonger encore plus à cause de cette situation épidémiologique…Pour ce faire, à mon avis, coûte que coûte, les enfants doivent profiter des vacances d’été avant de commencer les cours afin  qu’ils reviennent reposés et motivés. Mais, de l’autre côté, il faut aussi préciser que l’arrêt complet des apprentissages pendant cette période, qui s’étale sur trois mois, peut entraîner une perte des acquis importante et nuire à leur cheminement scolaire. Que dire donc d’une situation scolaire inhabituelle, marquée par de nombreux événements difficiles et tristes dans l’environnement direct ou indirect des enfants ! Pour ce faire, il faut être positif et surtout penser de manière constructive, si nous voulons sauver cette génération », explique-t-elle.

Laisser un commentaire