« La fermeture du local est tout à fait réglementaire », martèle le maire de la commune du Kram. Mais quand elle coïncide avec le grand scandale des déchets soulevé tout récemment par l’activiste en question, cela devient troublant et on est en droit de se demander si quelque chose a changé depuis la révolution en matière de démocratie et de respect des droits humains.

Quand les critiques fusent de partout et fustigent les multiples carences des conseils municipaux, les maires se dissimulent derrière la non-adoption de plusieurs décrets relevant du Code des collectivités locales susceptibles de favoriser la décentralisation du pouvoir local et de leur donner plus d’autonomie. Mais quand il est question de pointer du doigt les dérapages observés au niveau de la gestion communale, la libre administration  fait bizarrement force de loi. Le citoyen lambda découvre l’épée de Damoclès suspendue au-dessus de sa tête. Le cas de la commune du Kram ne fait que confirmer cette triste réalité.

Slim Achour, activiste de la société civile au Kram, ne manque pas de célébrer à sa façon,  les «chefs-d’œuvre inachevés» du Conseil municipal en invitant sur place des artistes et des troupes musicales et provoquant ainsi l’ire  du maire. Tout récemment, un jeune jouant du violon a fait   le bonheur des citoyens dans un rond-point du Kram-Est, à proximité de la plage. Et pour cause, la municipalité n’a pas trouvé mieux que d’entamer, hâtivement et de façon non étudiée,  des travaux pour bien organiser la circulation dans ce lieu mais qui, en réalité, n’ont fait que l’asphyxier et causer quelques accidents de voitures, sans compter les rixes enregistrées au quotidien entre les conducteurs. Les nerfs à fleur de peau, les citoyens ont fini par transformer le rond-point en benne d’ordures, ce qui accula en fin de compte la municipalité à faire marche arrière. Notre activiste a eu gain de cause.

Dans la commune du Kram, les citoyens se plaignent aujourd’hui de l’invasion des moustiques en dépit de l’intervention trop tardive des autorités, de l’insécurité à proximité de la plage où certains délinquants éméchés se regroupent le soir en toute quiétude. A l’avenue Habib-Bourguiba, des kiosques ont poussé comme des champignons, donnant un nouveau style architectural de très mauvais goût à cette ville dont les racines s’étendent à la naissance de la prestigieuse Carthage. Défigurée en quelques années, la ville est abandonnée par les autochtones qui ne la reconnaissent plus. La libre administration a bien donné des ailes à quelques maires qui semblent profiter du cafouillis régnant au niveau des collectivités locales, ainsi que de la velléité du pouvoir central pour  s’arroger tous les droits sans avoir de compte à rendre à personne, comme ce fut le cas pour la fermeture spectaculaire, il faut bien le souligner, du local commercial de l’activiste Slim Achour. Dans une succincte déclaration hier à une radio privée, le gouverneur de Tunis a promis d’étudier ce cas de plus près car seules les infractions sanitaires relèvent de l’ordre du maire, a-t-il ajouté.

La fermeture de ce local est tout à fait réglementaire, a martelé le maire de la commune du Kram auparavant sur les ondes d’une autre radio privée, mais quand elle coïncide avec le grand scandale des déchets soulevé tout récemment par l’activiste en question,  cela devient troublant et on est en droit de se demander si quelque chose a changé depuis la révolution en matière de démocratie et de respect des droits humains.

Cela rappelle bien les méthodes de l’ancien régime. Tout compte fait, on est bien loin de la transparence au niveau du principe de libre administration ainsi que de la démocratie participative.

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