Les volumes des échanges extérieurs de la Tunisie ont marqué une baisse en avril 2021. Les exportations et les importations en volume ont reculé respectivement de 4,2 et 2,5%, après avoir affiché de fortes hausses au mois de mars, selon la dernière note de l’INS sur le commerce extérieur aux prix constants base 2015- avril 2021.
Encore une fois, les échanges commerciaux de la Tunisie avec les pays partenaires ne sont pas très performants, et ce, pour diverses raisons. Le coronavirus a pesé de tout son poids sur ces échanges, dans la mesure où les activités commerciales dans le monde ont marqué un certain ralentissement. Les pays importateurs se sont refermés sur eux-mêmes pour un temps et cela a eu un impact négatif sur les pays exportateurs, comme la Tunisie qui n’arrive pas encore à diversifier ses produits exportables ni à rechercher de nouveaux débouchés capables d’absorber la production proposée par les unités de fabrication tunisiennes.
En attendant la concrétisation des projets de vente vers l’Afrique et les nouveaux marchés en Europe, Amérique et Asie, la Tunisie continue à subir les affres d’une politique commerciale étrangère limitée. Notre principal partenaire demeure l’Union européenne qui a été frappée, lui aussi, de plein fouet par la pandémie, ce qui a eu pour conséquence la baisse de la demande des différents produits de consommation. D’où la diminution du chiffre d’affaires des sociétés tunisiennes exportatrices au cours du mois d’avril.
En conséquence, et avec une baisse plus prononcée en volume d’export qu’en import, le taux de couverture perd un point et demi, pour s’établir à 80,9% pour le mois d’avril de cette année. Il est nécessaire de trouver, dans les meilleurs délais, des solutions appropriées pour sortir de l’ornière et faire face à une crise devenue structurelle.
Les prix en évolution
Les prix poursuivent leur mouvement à la hausse, avec un rythme un peu plus soutenu à l’import (+2,9%) que pour l’export (+2,5%). L’évolution des prix à l’export arrange les exportateurs tunisiens, dans la mesure où ils peuvent vendre de grandes quantités de produits à un prix intéressant, ce qui se répercute sur leur chiffre d’affaires. C’est le cas, à titre d’exemple, de l’huile d’olive, des dattes, des agrumes et d’autres produits très prisés, vendus au prix fort. Par contre, la hausse des prix à l’importation cause un problème pour le budget qui est appelé à dépenser la différence des prix de certains produits indispensables, comme les hydrocarbures, les céréales, le sucre et d’autres produits semi-finis destinés à l’industrie, ainsi que les équipements de travail.
S’agissant des exportations, tous les secteurs ont enregistré une baisse du volume de leurs exportations, à l’exception du secteur textile-habillement et cuir qui a connu une évolution positive de 4,2%. Le secteur du textile-habillement est pourtant confronté à un problème crucial provenant des exportations massives des articles de bas et de moyenne gammes provenant des pays asiatiques. Les industriels tunisiens ont opté pour les textiles spéciaux qui sont très recherchés dans le monde du travail. Le travail en partenariat avec de grandes entreprises étrangères a eu également des effets bénéfiques grâce à l’ouverture des marchés européens pour les articles tunisiens. Cet élan devrait se poursuivre au cours de la prochaine période pour permettre aux articles tunisiens de bien se positionner sur le marché européen très compétitif et où les fournisseurs sont nombreux.
La baisse en volume (-4.2%) enregistrée au niveau global des exportations provient, principalement, d’une contribution négative du secteur de l’énergie (-26,2%) et de l’agriculture et des agro-industries (-17,4%). Il faut préciser que l’huile d’olive occupe une place de choix dans nos exportations agroalimentaires. Il suffit que ce produit connaisse une chute de la production pour que les exportations chutent et faussent les prévisions établies.
Importations importantes des produits énergétiques
Pour ce qui est des importations, la majorité des groupes de produits ont participé à cette baisse, à l’exception des produits énergétiques dont le volume s’est accru de 37,8% et les produits alimentaires qui se sont maintenus (+0,7%) par rapport à mars 2021. Vu la production en déclin depuis les dernières années en matière d’hydrocarbures, la Tunisie est obligée d’importer régulièrement de grandes quantités de pétrole pour faire fonctionner l’économie nationale et satisfaire les besoins des consommateurs. La Tunisie subit les fluctuations des cours du pétrole sur le marché international qui sont, parfois, revus à la hausse. C’est le cas également des produits agroalimentaires divers qui sont nécessaires pour diversifier le marché local et permettre aux consommateurs d’avoir un plus grand choix dans les marchés.
Il est à noter que c’est la baisse remarquable de 11,1% enregistrée au niveau du volume des achats de produits de biens de consommation qui a contribué le plus au fléchissement du volume global des importations. Il est nécessaire, en fait, de rationaliser les importations et d’éviter l’achat des produits superflus ou de luxe qui sont vendus au prix fort. La situation économique et financière ne permet pas, aujourd’hui, d’élargir les importations et de dépenser de grandes sommes en devises.
En tout cas, après deux mois d’évolution positive, les volumes des échanges hors énergie marquent une pause et enregistrent des baisses, avec un taux plus prononcé au niveau des importations (-6,4%) que pour les exportations (-1,1%).
Par ailleurs, les prix hors énergie ont enregistré une hausse de 0,6% à l’export et 2,4% à l’import, ce qui a entraîné une baisse des termes de l’échange hors énergie, pour le troisième mois consécutif, de 1,8 point, pour se situer à 94,7%. D’où la nécessité d’établir une stratégie d’exportation bien ficelée qui vise à prospecter de nouveaux marchés à forte potentialité et à diversifier les produits à valeur marchande, ce qui permettra d’améliorer le chiffre d’affaire des exportateurs et d’élargir la couverture de la balance commerciale.