Une responsabilité, un devoir

«Si le système s’effondre, il ne se redressera plus jamais ». C’est en ces termes que le Chef du gouvernement a lancé un appel aux acteurs de la vie politique pour qu’ils assument leur responsabilité afin de sauver le pays. Adeptes ou contestataires, positifs ou sceptiques, l’appel de Mechichi ne laisse personne indifférent. L’on ne peut d’ailleurs que lui accorder l’importance et l’utilité qu’il faut dans un contexte particulier et dans lequel la Tunisie fait face à des défis économiques, sociaux et sanitaires inédits.   

On peut cautionner comme on peut désapprouver les méthodes de Mechichi et sa manière d’évoquer les questions brûlantes du pays. De par son statut et là où il se trouve, sa responsabilité, ses approches, comme ses convictions, ne l’épargnent jamais des critiques. Mais nullement l’alternative de rigueur, de rationalité et de constance qu’il ne cesse de revendiquer. Il y a tout un travail de prévention à mener. Mais encore faudrait-il que le Chef du gouvernement ait les moyens d’agir…

Il est évident qu’une prise de conscience et une trêve politique et sociale sont plus que jamais exigées. Il est évident aussi que le redressement souhaité devrait en tout état de cause découler d’une certaine cohérence et d’une certaine stabilité. D’une adhésion et d’une mobilisation à toute épreuve par les différentes parties prenantes. Les véritables besoins et impératifs ne sont plus aujourd’hui ignorés, du moins par rapport à tout ce qui doit être accompli dans l’urgence et à court terme.

La piste pour y parvenir consiste à combiner des objectifs communs dans un système et des choix bien appropriés, encore plus larges et qui se démarquent des procédures ordinaires. On devrait comprendre que quelles que soient les contraintes, la Tunisie aura toujours le droit d’aspirer à un avenir qui ne soit pas inspiré d’inaction, de manquement et de restriction.

Le Chef du gouvernement affirme qu’aucun différend ne l’oppose ni « à des partis politiques », ni « à des partis de l’opposition », qu’il mène « un combat contre la pauvreté et la pandémie » et qu’il agit pour « l’amélioration de la situation sécuritaire et financière du pays ».

Mais de manière générale et sans faire un parallèle, le paysage politique actuel est loin d’être irréprochable, encore moins édifiant. Il affectionne, voire adule, des parties emblématiques. Le constat est déroutant : des dépassements aussi cruels que l’on ne saurait imaginer. Des manquements et des excès qui ne peuvent en tout état de cause constituer une excuse aux dérapages. Dans le même registre et faute d’une intégration réussie, beaucoup de chefs et d’hommes politiques n’ont pu accéder à un statut providentiel. Ils ne pouvaient totalement y prétendre. Ils s’est avéré qu’ils n’ont pas un impact visible et régulier sur la scène politique et n’ont jamais pu passer pour des acteurs comme pouvaient l’être ceux qui avaient fait l’histoire de la Tunisie. Pourtant, ils ne cessent de profiter d’un statut particulier et d’un grand tapage médiatique. Parfois même inconditionnels et le plus souvent à tort. Aujourd’hui, on peine à croire qu’ils continuent de bénéficier des mêmes privilèges.

On avait espéré que les parties concernées par les affaires publiques du pays pourraient se montrer plus conciliantes dans leurs différentes prises de position. Qu’elles préserveraient la crédibilité, si elle en reste, de la scène politique.

Avec la dérégulation imposée par des considérations extrapolitiques, nous ne sommes plus finalement loin du contre-modèle absolu…

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