Partenariat tuniso-français | Des outils pour réussir

La Chambre tuniso-française de commerce et d’industrie (Ctfci) et le «Business France Tunisie» s’associent dans le cadre de la «Team France Export» pour accompagner les projets et faire réussir les partenariats entre les entreprises tunisiennes et françaises. Un effort qui a été bien mis en évidence lors d’un webinaire intitulé «entreprendre avec la France : les clés pour réussir» et  co-organisé par les deux structures.


Lors du webinaire «entreprendre avec la France : Les clefs pour réussir», organisé par la Chambre tuniso-française de commerce et d’industrie (Ctfci) et le «Bureau Business France» de l’ambassade de France en Tunisie, ont été présentés les instruments et les outils mis à la disposition des hommes d’affaires tunisiens et français qui souhaitent entreprendre  en France, en Tunisie ou même ailleurs. Les intervenants ont montré l’existence d’instruments pour les entrepreneurs, de dispositifs d’accompagnement et d’une vision de sortie de crise, dont les économies, qui font face aux effets d’une crise sanitaire, ont cruellement besoin. Ce séminaire été l’occasion pour montrer qu’il existe des opportunités et des outils adaptés à la situation de crise, afin de consolider les partenariats économiques entre la Tunisie et la France.

Des dispositifs d’accompagnement

Cette rencontre virtuelle a permis aussi de passer en revue les nouveautés de la formule du «Volontariat International en Entreprise» (V.I.E) pour assurer la formation de jeunes talents à l’international, ainsi que le dispositif d’accompagnement nécessaire à l’implantation des entreprises tunisiennes en France.

Lors de son intervention, Habib Gaida, directeur général de la Ctfci, a énuméré les différentes actions engagées par la chambre pour entretenir les courants d’affaires entre la France et la Tunisie. «Nous organisons périodiquement des missions de prospection en France, et ce, avec la Chambre de commerce de Paris. Cette dernière nous livre un service à la carte qui aide les hommes d’affaires tunisiens à prospecter le marché français. D’ailleurs, nous sommes en train de préparer, si les conditions sanitaires le permettent, une mission dans l’île de France, dans le domaine du numérique, vers la fin du second semestre 2021. Ces missions peuvent également être organisées vers d’autres destinations, autres que la France, à travers les chambres de commerce françaises établies dans ces pays-là». Selon Gaida, la chambre mixte organise également, la participation aux salons en France, assiste les entreprises françaises qui souhaitent prospecter le marché tunisien ou qui veulent s’implanter sur notre sol. «Là, nous leur permettons des domiciliations physiques et nous mettons à leur disposition des bureaux pour des opérations ponctuelles ou à court terme. D’ailleurs, nous avons mis à la disposition de ces entreprises une dizaine de bureaux dans notre nouveau local aux Berges du Lac». La chambre a aussi pour mission d’assister les entreprises françaises implantées en Tunisie auprès des administrations tunisiennes et d’animer la communauté de ses adhérents à travers des séminaires, des réunions techniques, des webinaires…

Pour sa part, Michel Bauza, directeur Afrique du Nord de Business France, a présenté les solutions et les services du plan de relance export français, qui peuvent contribuer à la création d’opportunités d’affaires entre la Tunisie et la France. Il a souligné la force du partenariat entrepreneurial entre les deux pays, marqué par des investissements croisés et plus de 1.400 entreprises ayant une participation française en Tunisie. «Entre la Tunisie et la France il y a un partenariat exceptionnel basé sur les relations économiques, humaines et toute une histoire commune. On ne compte pas sur un simple commerce entre les deux pays mais nous espérons développer des implantations sur le long terme. Pour entretenir et développer cette logique de co-développement et de co-production, la mobilisation des bonnes cartes dans les secteurs porteurs comme le numérique, la transition écologique et énergétique, l’industrie 4.0, l’agritech et la santé reste essentielle. L’objectif étant de positionner la Tunisie en tant que hub dans les chaînes de valeur et les échanges Europe-Afrique».

Des cartes à jouer ensemble

L’autre point évoqué par Bauze : la stabilité et la reconstruction régionale. «Nous avons tous en tête les évènements qui se sont passés en Libye, mais actuellement la situation est meilleure et un partenariat entre hommes d’affaires tunisiens et français pour la reconstruction de ce pays sera important pour la période à venir. Dans cet environnement et même avec les contraintes sanitaires et les incertitudes de tout ordre, il y a une carte à jouer».

Le directeur Afrique du Nord de Business France a également présenté le plan de relance export français qui se décline en quatre axes. Tout d’abord l’intelligence, avec la mise à disposition  d’informations marchés  opérationnelles sur la plateforme numérique «Team France Export». «Cette base de données permet aux entrepreneurs de découvrir de nouvelles opportunités en temps réel, ainsi que des informations sur l’état des marchés. Cette plateforme met à la disposition des visiteurs des webinaires sectoriels et des business opportunités», a expliqué Michel Bauza.

Le deuxième point du plan de relance export français concerne l’agilité. Cet axe présente un programme de prospection numérique des marchés internationaux (dont une quarantaine d’actions en Afrique du Nord). Le troisième point s’occupe de la mobilisation et la formation de la jeunesse avec le V.I.E, et enfin, le dernier point se focalise sur le renforcement de financements pour l’international. «Il y a des moyens supplémentaires qui ont été mis en place pour permettre aux entreprises d’aller à l’international, de suivre des projets et de tisser des relations. Il s’agit notamment de l’assurance-crédit, de la garantie des risques exportateurs et des prêts du Trésor. Ces mesures visent la stimulation de l’activité économique», a assuré Bauze.

Zohra Sadok, chef de projet Invest Business France Tunisie, a pris la parole pour énumérer les outils qui sont mis à la disposition des entrepreneurs tunisiens afin de les aider à prendre pied en France. Elle a également parlé de sa mission qui consiste à accompagner les entreprises tunisiennes, mais aussi algériennes, pour réaliser leurs projets d’intégration en France.

Elle a aussi expliqué pourquoi les sociétés tunisiennes, ou autres, investissent en France. «Il faut savoir que la France a attiré, en 2019, le plus grand nombre d’investissements dans l’espace européen, soit 1.468 projets d’investissement étrangers. L’année 2020 avait été la meilleure année depuis 10 années. Le plan de France relance, d’une enveloppe de 100 milliards d’euros, a bien aidé les entreprises françaises et les entreprises étrangères implantées en France. Ce sont des projets qui ont généré, en 2019, près de 40 mille emplois, ce qui représente 10 mille postes de plus que 2018. Les deux tiers des IDE proviennent de l’espace européen (Allemagne, Royaume-Uni). Le premier investisseur en France reste les Etats-Unis (16 % en 2019 et 17% en 2020), suivi par l’Allemagne (15,5% en 2019 et 16,5% en 2020). Vient ensuite le Royaume-Uni avec 12% en 2019 et 10% en 2020. Il s’agit de créations, d’extensions, des reprises (rachat d’entreprises). En 2019 les secteurs phares pour ces investissements étaient l’aéronautique, le transport et le ferroviaire qui sont actuellement des secteurs en crise. Mais en 2020, il y a eu un boom dans le domaine de la santé avec plus de 40% d’investissement», a avancé Zohra Sadok.

Les volontaires, c’est important !

Elle a aussi noté que la Tunisie est le premier pays africain investisseur en France et le 20e investisseur toute nationalité confondue. «En effet, sur les 15 projets aboutis en provenance d’Afrique du Nord, 8 sont initiés par des entrepreneurs privés tunisiens». L’un des exemples de ces projets tunisiens, le projet d’«Enova Robotics», initié par le Tunisien Anis Sahbani en 2014 à Sousse. Ce promoteur tunisien a, par la suite, créé une filiale en France, en 2018, et se prépare actuellement à se projeter sur le marché américain. «Très vite nous avons constaté que la Tunisie n’est est pas notre marché. Notre marché réel se trouve en Europe, aux Etats-Unis et au Moyen-Orient. Et nous avons cherché à être proches de nos clients. Pourquoi j’ai choisi la France pour investir ? C’est un marché dans lequel j’ai fait mes études, la langue française je la maîtrise et la facilité des transactions entre les deux pays m’ont beaucoup encouragé. Et lorsque j’ai commencé par chercher où m’implanter sur le territoire français, Business France a fait tout le travail et m’a conseillé le meilleur site, car il fallait choisir un endroit pour faire des démonstrations à nos clients et stocker notre production de robots. Aussi, il fallait rencontrer les autorités publiques et, encore une fois, Business France nous a aidéspour faire toutes les démarches. Lorsqu’on fait de la technologie de pointe et de la recherche-développement, la France est un leader européen pour ce type d’investissement», a témoigné Sahbani.

Salma Kaffel, responsable V.I.E Business France Tunisie, s’est chargée, pour sa part, de présenter les Volontaires internationaux en Entreprise. Elle a présenté les conditions d’éligibilité des profils, l’intérêt que les entreprises et les territoires peuvent tirer de ces jeunes talents, ainsi que le dispositif mis au point pour promouvoir ce programme. Cette forme de service civique à l’international, d’une durée de 6 à 24 mois, s’adresse aux jeunes diplômés européens âgés de 18 à 28 ans. Depuis 2000, près de 1.160 jeunes ont eu la chance de vivre cette expérience formatrice en milieu professionnel en Tunisie. «Toute entreprise française souhaitant développer ses projets export peut bénéficier de la formule V.I.E quels que soient sa taille ou son secteur d’activité, et ce, sans limite du nombre d’affectations» a noté Kaffel.

Le V.I.E est, en fait, une formule très flexible. Business France se charge de la gestion administrative, juridique et sociale du jeune volontaire.  Les profils des V.I.E sont très diversifiés et peuvent être adaptés à tout type de mission. «Il existe une base de données de 40.000 candidats motivés par l’international. Ces derniers peuvent réaliser des missions commerciales, des études de marchés, des contrôles de gestion de la production ou de la qualité…», a expliqué la responsable.

Quel est le coût d’un VIE en Tunisie ? «Un volontaire coûte entre 20 mille et 24 mille euros par an, selon la taille de l’entreprise. Cette dernière peut bénéficier de 5 mille euros, soit 20 % du coût grâce au chèque relance V.I.E. Parmi les avantages financiers pour les PMI-PME, il y a la possibilité d’une subvention régionale. Et là, les dépenses liées au recours à un V.I.E sont éligibles aux prêts de développement export et peuvent être intégrés dans une assurance prospection et cette solution est gérée par BPI-France», a certifié Kaffel.

Des témoignages

Plus de 98 mille jeunes ont été affectés depuis le début de la formule en 2001 pour le compte de plus de 8 mille entreprises. «En Tunisie nous sommes à 20 volontaires en poste pour le compte de 20 entreprises, dont 75% sont des PME-PMI. 95% des entreprises interrogées considèrent que le volontaire est un vivier de recrutement. 65% des jeunes finissent leurs missions avec des promesses d’embauche dans leur pays d’affectation», a affirmé la responsable.

Ali Khalil Dridi, directeur financier de la filiale tunisienne du Groupe Ametra (entreprise offshore spécialisée dans l’aéronautique basée à Utique), a évoqué l’itinéraire réussi d’un jeune volontaire, dont l’expérience de deux ans en Tunisie l’a propulsé rapidement à un poste de dirigeant dans une filiale du groupe basée en Inde. Pour Dridi, la réussite de cette expérience «made in Tunisia» et l’impact positif de la mission sur la filiale tunisienne l’ont poussé à accueillir un deuxième volontaire en 2020. Ce jeune diplômé en poste depuis 6 mois a réussi son intégration dans l’usine où il est chargé de tâches liées à la supervision de la production en immersion avec l’équipe tunisienne. Ce même jeune, Antoine Defarcy, avait également pris la parole, lors de ce webinaire, pour partager son expérience. Il a ainsi noté qu’il gère la planification de la production, la gestion des ressources humaines et il participe également au transfert d’activité et de production française vers la Tunisie. Le jeune témoigne de sa satisfaction quant à son travail sur le marché tunisien.

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