L’instabilité macroéconomique soulève toujours des inquiétudes majeures. L’étroitesse des marges budgétaires est devenue problématique. Un programme de réformes et d’assainissement des finances publiques paraît d’autant plus indispensable.
La dernière décennie a été éprouvante. Aux prises avec une récession sévère, embourbée dans de gros problèmes de déficits budgétaires et une forte hausse d’endettement, la Tunisie a vu sa notation dégradée successivement par les agences de rating.
Au-delà des risques de court terme, la crise a aussi mis en lumière des fragilités structurelles qu’il faudra corriger. Si l’annonce de plusieurs réformes va dans le bon sens, leur mise en application s’avère d’autant plus importante que l’Etat va devoir engager, dans l’urgence, l’assainissement des finances publiques. À court terme, néanmoins, les marges de manœuvre budgétaires et monétaires restent inconfortables. Car la crise économique s’accentue de plus en plus suite à un cumul de problématiques structurelles, internes et externes, au mode de gouvernance dans la gestion budgétaire, à la bureaucratique de l’économie, aux sous-performances des entreprises publiques, au surendettement de l’Etat…
Il est à noter que le déficit budgétaire s’élève à 8.548 MD, soit 6,2% du PIB. De ce fait, les besoins de financement s’établissent à 18 673 MD et les besoins de financement du Trésor à 1.310 MD, ce qui nécessite la mobilisation d’emprunts de l’ordre de 19.983 MD répartis entre 12 652 MD d’emprunts extérieurs et 7.331 MD d’emprunts intérieurs.
Dans une note sur l’exécution du budget de l’Etat qu’il a publié à la fin du mois de janvier 2022, le ministère des Finances indique que le déficit budgétaire a baissé de 15% atteignant 4,86 milliards de dinars à fin novembre 2021.Cet allègement du déficit a été favorisé par une hausse des ressources budgétaires de 9%, à 28,7 milliards de dinars, due à l’amélioration des recettes fiscales des 12,7%, à 27 milliards de dinars.
Toujours selon la même source, les ressources de trésorerie se sont situées à 15,2 milliards de dinars, soit une hausse de 10%, par rapport à la même période de 2020.
Les ressources d’emprunt représentent près de 86% de l’ensemble de ces ressources qui s’élèvent à 13 milliards de dinars, dont 51% des ressources d’emprunts extérieurs et près de 49% de ressources d’emprunts intérieurs.
Les ressources de la trésorerie sont destinées essentiellement au remboursement du principal de la dette (59% soit près de 9 milliards de dinars) et au financement du déficit (31% soit 4,7 milliards de dinars).
L’éventualité du recours à la planche à billets et la pression exercée sur les banques pour boucler le budget, financer l’économie et payer les salaires font polémique depuis quelque temps, une opération que la Banque centrale a écartée ainsi que certains experts économiques. L’économiste et ancien membre du conseil d’administration de la BCT, Fethi Nouri, devait préciser que la BCT a recouru à la planche à billets une seule fois pour financer le budget de l’Etat en 2020. Et d’affirmer que «la BCT ne l’a plus refait ». Pour la pression exercée par la BCT sur les banques pour renflouer les caisses publiques, l’économiste l’a démentie, précisant que « le gonflement des crédits consentis au secteur public depuis 2015, une moyenne de 17% par an quand ceux du secteur privé, ne montent que de 7,8% et pour les ménages de +8%. Le secteur bancaire est de plus en plus présent dans le secteur public au détriment du secteur privé, ce qui représente un danger réel pour l’économie du pays ».