Le Conseil des ministres du 3 mars 2022 a adopté plusieurs projets de décrets, dont celui régissant les conditions générales pour l’exercice de la télémédecine et les domaines de son application… Ainsi, le pays a, enfin, réussi à jeter les bases de l’e-santé !
D’un jour à l’autre, la numérisation et la digitalisation gagnent de plus en plus de secteurs. Et malgré un contexte sanitaire et économique fragile et toujours marqué par la pandémie du covid-19, les raisons d’espérer et de se mobiliser ne manquent pas. La santé, qui ne fait pas exception à cette règle, est bien orientée vers les nouvelles technologies, mais le chemin n’est pas toujours facile, puisque les autorités concernées devraient faire face à un vaste chantier de réformes afin d’offrir aux citoyens, de manière équitable sur tout le territoire tunisien, des services sanitaires de proximité et de qualité. Mais avec la complexité du système de la santé, la multiplicité des acteurs et des intervenants et les différents enjeux qui s’imposent aujourd’hui, la réforme exige aussi une bonne connaissance de la réalité du terrain et une appréciation objective des perspectives.
Une transformation irréversible…
Le Conseil des ministres, réuni jeudi 3 mars 2022, au palais de Carthage, sous la présidence de chef de l’Etat, Kais Saied, a adopté une série de projets de décret-loi à caractère économique et social, dont celui régissant les conditions générales pour l’exercice de la Télémédecine, et les domaines de son application. Après cette bonne nouvelle, il n’est plus question de revenir en arrière et il est plus que jamais temps d’accélérer le processus de numérisation du secteur de la santé, qui devient une priorité urgente, au vu des défis socio-sanitaires, démographiques et économiques auxquels fait face le système de la santé dans notre pays.
En effet, le recours à cet outil n’est pas sans raison. La télémédecine peut être d’un grand secours pour éviter le déplacement des malades et d’un grand apport pour la télésurveillance des patients, qu’ils soient à domicile ou en structure hospitalière. La télémédecine est, également, un remède à la crise des déserts médicaux, déjà connue depuis des décennies à cause des disparités sanitaires interrégionales, ce qui entrave à l’accès équitable aux soins entre les citoyens.
Et donc, cette transformation irréversible et cette réglementation nationale “ouverte à l’innovation” seront une occasion pour créer une dynamique dans l’écosystème digital, grâce à une infrastructure informatique solide, sécurisée, accessible et réactive. Cela permettra, également, de renforcer la capacité du ministère de la Santé en matière de partage des systèmes d’informations et d’émerger un écosystème «e-santé», un vrai, en Tunisie.
Une nouvelle plateforme verra le jour !
Commentant cette annonce, Kaissar Sassi, médecin anesthésiste-réanimateur au CHU de Toulouse, diplômé des universités de Paris en Santé digitale et membre fondateur de l’Association des médecins tunisiens dans le monde (Amtm), a indiqué qu’il s’agit d’une grande nouvelle pour la médecine tunisienne, car si on arrive à bien profiter du modèle économique de la télémédecine, le pays pourrait faire d’énormes économies budgétaires, ce qui nous permettra d’améliorer plusieurs axes dans ce secteur.
«Grâce à cette annonce tant attendue, notre équipe peut lancer sa future plateforme de télémédecine et cette dernière sera parmi les meilleures au niveau international… La meilleure car elle a été créée par des médecins experts en santé numérique, des ingénieurs experts en intelligence artificielle et des professionnels de l’audit de santé ! Notre plateforme sera gratuite avec un accès égal pour les patients et les médecins sans aucun sponsoring car notre seul objectif est de promouvoir la santé en Tunisie et de couvrir les déserts médicaux», a-t-il souligné.
En termes de contenu, le jeune médecin a indiqué que plusieurs études ont été réalisées dans plusieurs pays du monde et notamment en Tunisie pour savoir ce que chaque médecin attend de cette plateforme en termes d’outils. «D’ici à la fin de l’année, on verra notre startup naître et devenir un outil mondial de révolution médicale… Plus de 45 médecins nous ont déjà dit qu’ils sont prêts à s’engager dans la mise en place de ce projet… Et là, il est important de savoir que plusieurs études scientifiques ont prouvé que l’implication des médecins dans la création de la plateforme de télémédecine augmente significativement leur satisfaction ainsi que celle des patients», a-t-il encore précisé.
Qu’en est-il de la protection des données personnelles ?
Cette technologie ne menace-t-elle pas les données personnelles des patients? A cette question, Kaisser Sassi nous a indiqué que la protection des données personnelles des patients est une exigence légale pour la bonne pratique de la télémédecine. Ainsi, l’identité du patient ainsi que ses antécédents médicaux, sa maladie et ses traitements doivent être enregistrés sur des serveurs spécifiques et dédiés, appartenant à un organisme tiers tel que le ministère de la Santé.
«L’accès à ces données n’est possible pour les médecins qu’après avoir obtenu le consentement du patient. Outre l’obligation de protéger les données personnelles des citoyens, il convient de noter que le dossier médical d’un patient répond à l’obligation légale de protection en tant que secret médical qui ne peut être divulgué. En promulguant cette loi, l’Etat s’engage donc à doter les futures plateformes de télémédecine de ces moyens sécurisés», a-t-il conclu.