Il se passe quelque chose à Kairouan, ces derniers jours. La ville se met sur son trente-et un. Le Mouled (date de naissance du Prophète Mohamed) est à nos portes. Des gens heureux, du moins ils le croient, mènent la transe jusqu’à la lie. Des visiteurs venus du reste des régions du pays et d’autres étrangers rôdent autour des principaux monuments historiques et se plongent souvent dans la vieille ville.
Les sites historiques ornant la Médina sont nombreux. Mais il se trouve que certains sont plus prisés que d’autres. Bir Barrouta ( le puits Barrouta) en est un.
La ville et ses coupoles..
Mesurant 13 mètres de hauteur, 18,5 de longueur et 13,5 de largeur, ce monument se trouve sur l’artère principale de la médina de Kairouan. Le bâtiment donne, de l’extérieur, sur la rue par deux niches abritant un abreuvoir au-dessus duquel sont placés des robinets en marbre.
La façade présente une plaque commémorative de marbre blanc portant un poème en caractères naskhi, qui célèbre la construction de l’édifice et la date de 1690.
L’intérieur est constitué d’une salle, accessible par un escalier, de plan quasiment carré et dont les murs sont creusés d’arcs brisés outrepassés, reposant sur des piédroits. La façade est surmontée d’une coupole sur trompes d’angle qui se rattache au modèle des coupoles kairouanaises. Creusé en l’an 180 de l’hégire (correspondant à l’année 796) par le gouverneur abbasside de l’Ifriquia Harthama Ibn El Ayoun, le puits est abrité dans un édifice dont l’état actuel date de la reconstruction ordonnée par le souverain Mohamed Bey El Mouradi.
Dans la salle, une noria actionnée par un chameau assure l’alimentation du puits en eau. Cette machine est formée de deux roues en bois superposées.
«Rêveries du promeneur solitaire»
En fixant la noria du regard, le visiteur cède à la rêverie et comprend qu’il y a tout un univers qui serait en éternelle émanation. Les images de l’eau renvoient à la fertilité, à la sécheresse, aux caractères des hommes, à la dureté de la vie d’autrefois qui cachait une certaine beauté et à la fugacité du temps. Et on comprend, par la suite, que le temps n’est qu’un vaste engloutissement des vies humaines, que les jours sont des voyageurs qui passent et que ces monuments historiques savent toujours garder intacte l’écume des jours.