Accueil A la une Regards sur le paysage politique national : Les initiatives pleuvent, les solutions tardent

Regards sur le paysage politique national : Les initiatives pleuvent, les solutions tardent

 

En analysant les contenus des différentes initiatives tendant à trouver une solution à la crise actuelle dans laquelle se morfond le pays, on s’interroge comment «le gouvernement de salut national» promis va être constitué et comment les partenaires soutenant la solution promise vont se comporter à l’égard de la Constitution du 25 juillet

Ceux qui multiplient, ces dernières semaines, les initiatives politiques pour sauver le pays de la crise dans laquelle il se morfond depuis près de deux ans et qui appellent à l’émergence d’un gouvernement de salut national issu d’un dialogue national inclusif qui fera participer tous les partis, les organisations de la société civile et les personnalités nationales, sous l’égide du Chef de l’Etat, au cas où il finirait par accepter l’idée d’un dialogue national, essayent de faire la promotion de leurs initiatives en faisant valoir une comparaison qui paraît, à première vue, acceptable avec l’expérience du quartet qui a dirigé le Dialogue national en 2013 ayant abouti à l’acceptation par Ennahdha de quitter le pouvoir et à la formation du gouvernement Mehdi Jomaâ.

Sauf que les auteurs des initiatives actuelles oublient de rappeler qu’à l’époque, le Dialogue national conduit par le quartet composé de l’Ugtt, de l’Utica, de la Ligue des droits de l’homme et de l’Ordre des avocats, et même s’il a enregistré le boycott du Président de la République à l’époque, le Dr Moncef Marzouki, et de son parti, le CPR (au pouvoir en alliance avec Ennahdha et Ettakatol), a été marqué par la participation d’Ennahdha qui monopolisait le pouvoir et a fini à la suite de plusieurs manœuvres par se joindre au Dialogue national et d’ordonner à ses députés d’avaliser au parlement, fermé à l’époque sur décision du Dr Mustapha Ben Jaâfar, les propositions que les participants au Dialogue devaient adopter, dont en premier lieu l’instauration d’un gouvernement de compétences à vocation technocrate.

Aujourd’hui, ceux qui avancent qu’il est possible d’organiser un dialogue national inclusif et ouvert à toutes les  forces actives dans le paysage politique et  civil  national, à l’exception de ceux qui s’excluront d’eux-mêmes, ne font pas la part des choses en rapport avec ce qui prévalait en 2013, dans la mesure où à l’époque du Dialogue national, le Président Moncef Marzouki ne bénéficiait pas des compétences et des attributions accordées par la Constitution du 25 juillet 2022 au Président Kaïs Saïed, que le pouvoir réel était au parlement, contrôlé à alors par Ennahdha et ses alliés, et que les décisions avalisées par le Dialogue national ont été entérinées par les constituants, ceux qui ont quitté le siège du Bardo à l’appel du sit-in «Errahil» et aussi par ceux qu’on appelait à l’époque «les légalistes», ceux qui ont tout fait pour que l’ANC reprenne ses travaux même si son président, le Dr Ben Jaâfar, a fermé la grande salle des audiences.

Pour revenir aux initiatives, comme celle pilotée par l’Ugtt comprenant cette fois l’Ordre des avocats et la Ligue tunisienne de défense des droits de l’homme (Ltdh) qui revient au bercail une fois l’intermède Jamel M’sallem ayant expiré mais en enregistrant l’absence assourdissante de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (Utica) (et ce même après la publication officielle de la loi de finances 2023) pour évoquer l’autre initiative annoncée par trois des cinq partis connus comme le quintet du boycott des législatives anticipées du 17 décembre 2022, l’on ne peut que s’interroger comment va-t-on procéder à la constitution d’un gouvernement de salut national et qui va nommer les ministres de ce gouvernement au cas où les appels à ce que les partis politiques de l’avant ou de l’après-25 juillet n’y participeraient pas, comme le soutiennent plusieurs parmi ceux qui parrainent les initiatives en question.

En plus clair, est-on en train de se diriger vers des solutions qui excluent les partis politiques, qu’ils aient contribué d’une manière ou d’une autre à la décennie dite «noire» ou qu’ils aient été considérés comme les adversaires les plus acharnés des responsables des années 2011-2021?

S’agit-il aussi de se comporter à l’égard du Président Kaïs Saïed (au cas où il persisterait dans son refus de prendre part au dialogue national tant attendu) à l’instar de ce que le Quartet a fait en 2013 à l’encontre du Dr Moncef Marzouki?

On se pose la question et on attend une  réponse qui prendrait en considération que les données ont changé radicalement en comparaison de ce qui s’est passé il y a maintenant près de 9 ans.

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