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Ils ont fragilisé l’édifice !

Editorial La Presse

 

Faut-il, aujourd’hui, s’habituer à émettre les mêmes constats et les mêmes causes qui empêchent des secteurs sensibles d’évoluer, de se métamorphoser, de prendre une nouvelle dimension.

Dans ce contexte inquiétant et point rassurant, les cadres et agents de la santé ont observé, hier, une grève ouverte devant le siège du ministère. Une grève qui inclut, dans une première étape, tous les établissements sanitaires et administratifs et les offices relevant du ministère de la Santé, avant d’impliquer par la suite les services des urgences et les services internes.

Cette grève intervient, selon la coordination nationale des cadres et agents de la santé, en raison de «la non-application de l’ancien P.-V. et de la loi organique des agents et du sauvetage des établissements sanitaires et des dossiers de corruption dans le secteur de la santé, ainsi que la question des primes dérisoires du personnel ».

On peut longuement discourir sur la situation des cadres et agents de la santé. On évoquera comme d’habitude la rémunération des médecins, les mauvaises conditions de travail, le manque de moyens, les violences perpétrées à l’égard du personnel médical dans les hôpitaux publics, les dossiers de corruption dans le secteur. Mais c’est toujours l’absence de projets et de stratégies bien élaborés, charpentés autour de réflexions portées par de grandes idées, qui empêche le secteur de la santé de  s’adapter aux exigences de l’étape actuelle.

Ce qui nous semble encore plus inquiétant, c’est que la Tunisie perd de plus en plus ses compétences. C’est tout l’édifice du système de la santé qui se fragilise et qui s’éloigne de sa vocation initiale d’une étape à l’autre, d’un gouvernement à l’autre. Un secteur dont les plus importants leviers ne cessent de s’altérer: la noblesse et la grandeur.

La clairvoyance et la perception sont devenues une soustraction dans le mode d’emploi des responsables, les secteurs stratégiques donnent de plus en plus l’impression de ne pas avoir acquis la fermeté du système. Le modèle préconisé depuis 2011 fait état d’une évolution affectée par des considérations qui ne servent pas, et qui n’ont jamais servi, l’intérêt du pays.

Rares étaient les responsables qui avaient osé, notamment au lendemain de la révolution, remettre les problèmes de fond au centre des débats. On se cachait souvent derrière les faux alibis, les polémiques inutiles. On ne s’était jamais arrêté à temps, même lorsqu’on réalisait qu’on était sur le point de déraper.

Il faut dire que dans un environnement dans lequel les différents acteurs manquaient de discernement, voire d’affirmation de leur autorité, on assistait à l’ensevelissement et à la disparition des valeurs avec beaucoup de sous-entendus démagogiques. D’ailleurs, on avait  l’impression que la plupart de ces responsables, parachutés aux plus hauts postes de décision, évoluaient dans un monde de «pros» sans avoir le statut de professionnel. Il ne venait jamais à leur esprit de se conformer aux exigences de la nouvelle ère et d’en mesurer la portée. Tout en se rendant compte ou non, ils avaient fortement contribué à fragiliser tout l’édifice.

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