Accueil Sport Regard sur l’Elite en sport Tunisien : Les chasseurs des générations spontanées

Regard sur l’Elite en sport Tunisien : Les chasseurs des générations spontanées

En sport, nous possédons ce genre de personnes qui sont aux aguets pour monter au créneau et se présenter comme celles qui ont «découvert» un athlète, un nageur, un lutteur, un judoka, un karatéka ou autre pépite issue d’une génération spontanée que la Tunisie ne cesse de lancer sur orbite internationale de temps à autre.

Cela est connu et est l’objet de bien de commentaires ironiques, ces personnes, qui sont à l’affût des… décès qui ont lieu un peu partout dans leur zone d’intervention. Ils consultent régulièrement les journaux, ils le font sans doute actuellement sur les réseaux sociaux, pour s’enquérir des foyers où…  la mort a fixé ses choix pour….aller se remplir la panse gratis.

Ils s’habillent bien, ont un langage bien rodé pour ce genre d’occasions, donnent l’impression qu’ils connaissent bien la famille, les amis du défunt et savent entretenir une conversation.

En sport, nous possédons ce genre de personnes qui sont aux aguets pour monter au créneau et se présenter comme celles qui ont «découvert» un athlète, un nageur, un lutteur, un judoka, un karatéka ou autre pépite issue d’une génération spontanée que la Tunisie ne cesse de lancer sur orbite internationale de temps à autre.

Ces jeunes qui promettent ne manquent pas dans notre pays. Dans certaines disciplines, ils s’adossent à leurs parents. Il  faut seulement les découvrir et surtout les prendre en main. Les techniciens qui ont « l’œil du maquignon » vous assureront qu’ils présentent bien le profil de l’étalon sur lequel il faudrait miser et qu’ils valent la peine de les prendre en charge et de les orienter vers des lendemains prometteurs. Et ce n’est pas facile, car, pour apprendre à un gamin ou une gamine à souffrir, à se dépasser, à accepter le défi, avant l’éclosion de ses capacités et potentiels cachés, il faut du temps, du métier, beaucoup de patience et de psychologie.

À tous les points de vue

Ce n’est pas à la portée de n’importe quel technicien. Et ce n’est  pas n’importe quel technicien qui est en mesure de prendre en charge ce genre de très jeune sportif, qu’il est nécessaire d’encadrer à tous les points de vue.

Souvenons-nous du cas de Ayoub Hafnaoui. Personne ne payait cher de ce qu’il allait réaliser aux Jeux Olympiques. En couloir huit, il y était en fonction de son temps des éliminatoires. Et il a surpris tout son monde en remportant la médaille d’or. Personne n’y croyait sauf son entraîneur. Un technicien sortant de l’Ensps de Kassar Saïd, qui attendait, diplôme en main,  d’être recruté par le ministère de la Jeunesse et des Sports. Il attendait que sa promotion figure parmi celles qui allaient être réactivées pour fournir le personnel manquant dans les collèges et lycées.

La Fédération tunisienne de natation savait pertinemment que ce jeune technicien était sans emploi. Nous ne savons pas ce qu’elle a entrepris pour lui assurer la tranquillité d’esprit à l’effet de lui permettre de poursuivre en toute sérénité la mission formative et d’encadrement d’un jeune dont il a endossé la responsabilité. De toutes les façons, nous supposons qu’elle n’avait pas l’autorité morale suffisante, pas assez d’arguments persuasifs, pour intervenir efficacement et mettre en valeur ce que faisait ce jeune.

Ils ne courent pas les rues

Bref, la médaille d’or empochée, tout le monde est monté au créneau pour se présenter comme des découvreurs de pépites, bien rasés, bien habillés, prêts pour la photo souvenir. Nous savons depuis, que Ayoub Hafnaoui  a préparé son bac, est allé aux USA, est devenu champion du monde à deux reprises au Japon. Quant à ce technicien qui l’a encadré et mis sur les rails pour le présenter sur un plateau à ces arrivistes, rien du tout.

Des échos nous sont parvenus à ce propos : il est, semble-t-il, quelque part en Europe où il exerce son art. La proposition de recrutement lui a été immédiatement présentée, par un club européen, en l’absence d’initiative de notre ministère de la Jeunesse et des Sports, sachant que les techniciens de valeur ne courent pas les rues. Ils ne courent pas les rues, mais beaucoup d’entre eux, malheureusement, sont toujours vautrés dans leur paresse congénitale, prêts à sauter sur l’occasion pour poser pour la photo souvenir.

C’est le cas actuellement pour les jeunes qui promettent et que l’on se propose de «pousser» pour leur faire atteindre le palier décisif. Sans prendre les précautions qui s’imposent, on risque de dilapider ce potentiel.

Tout juste appliquer un programme

Et c’est là où se situe justement tout le danger qui guette. On ne peut décider du programme de ce genre de pépite qu’après consultation d’un staff de médecins spécialisés. Ces éléments de valeur ne peuvent être pris en charge que par des entraîneurs qui ont fait des études d’éducation physique  et sportive, spécialité natation, où le programme en anatomie et en physiologie est assez poussé. On ne peut les confier à des entraîneurs formés en quelques mois ni même en une année, sur le tas, bons pour tout juste appliquer un programme que leur remettra un entraîneur en chef, par écrit,  parce qu’étudié et conçu d’après des conclusions bien établies, d’après une fiche de progression soigneusement respectée et en prenant en considération l’avancement du travail qui s’impose au vu de l’âge, des moyens physiologiques et des contraintes propres à chaque individu.

Cela revient à dire que l’empirisme n’a pas du tout sa place, au risque de perdre un élément de valeur que l’on pourrait «griller» en un rien de temps. Seuls des entraîneurs, dont les connaissances reposent sur de solides connaissances académiques, sont capables d’interpréter une analyse de sang ou de disséquer une analyse de mouvements pour déceler  les éventuelles marges de progression, corriger  et fixer les priorités. L’empirique communique ses qualités, mais aussi ses… défauts.

A bon entendeur salut !

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