Accueil Société Enseignement supérieur et marché du travail: On n’est pas sorti des amphis !

Enseignement supérieur et marché du travail: On n’est pas sorti des amphis !

Depuis l’édification de l’Etat moderne, l’intérêt s’est, souvent, porté sur l’apport académique, dans un cursus conventionnel fourni en cours magistral et théories qui s’écartent du sens pratique. Et là, une réforme salvatrice s’impose pour se frayer une voie royale vers le marché de l’emploi.


Le projet de modernisation de l’enseignement supérieur en soutien à l’employabilité de nos jeunes diplômés a été, tout récemment, au centre d’une réunion ministérielle, au siège du département de la tutelle. Ceci étant, à l’aune des mutations technologiques accélérées que connaît le monde, mais aussi en raison des difficultés d’insertion des nouveaux arrivants sur le marché du travail local, devenu de plus en plus saturé. Soit, pour un poste d’emploi, il y a foison de postulants.

L’intérêt porté à l’académique

Egalement, ceci est dû, en partie, au fait que l’université tunisienne ne s’ouvre plus sur son environnement professionnel. Ainsi, offre-t-elle un enseignement de qualité ? Sur le plan pédagogique et structurel, notre dispositif d’enseignement supérieur n’a pas changé d’un iota. Depuis l’édification de l’Etat moderne, l’intérêt s’est, souvent, porté sur l’apport académique, dans un cursus conventionnel fourni en cours magistral et des théories qui s’écartent du sens pratique. Un mode de formation qui ne sort pas des amphis, favorisant l’absentéisme des étudiants et encourageant chez eux une approche d’apprentissage en surface. Des études universitaires qui se déroulent, loin d’un milieu professionnel ayant besoin de compétences et savoir-faire requis.

L’université d’hier n’est plus celle d’aujourd’hui. Il est temps de remettre les pendules à l’heure et renouer avec l’action. Soit, l’action qui donne de vrais résultats. D’où, un projet de réforme universitaire s’avère de mise, et qui soit porteur d’espoirs et d’ambitions bien concrètes. A moins que le débat y lié ne verse dans un dialogue de sourds qui n’aboutit à rien. Et que les nouvelles recommandations ne restent lettre morte. Sur ce point, on avait eu, d’ailleurs, un mauvais antécédent relatif à l’échec cuisant d’une initiative similaire. En début de 2017, Slim Khalbous, alors ministre de l’Enseignement supérieur, avait annoncé, lors d’une conférence de presse, un plan d’action pour la mise en œuvre d’une réforme universitaire, adopté, à l’époque, au terme d’un conseil des universités.

Il était une fois un projet  de réforme

Donc, il y avait eu une certaine unanimité pour passer à l’action, mais en vain. Ce projet fut, hélas, tué dans l’œuf. Pourtant, tout un calendrier chronologique détaillé fut établi, en toute synergie avec les différentes parties intervenantes. Tous s’étaient penchés sur le devenir du secteur, mettant en avant cinq axes majeurs : «qualité de la formation et employabilité des diplômés», «recherche et innovation», «gouvernance et gestion des ressources», «carte universitaire» et «enseignants et pédagogie».

L’objectif était, ce alors, de concevoir une vision pour l’université à l’horizon 2030. Avec, bien entendu, des facteurs déterminants censés tracer les contours d’une nouvelle université tunisienne bien intégrée localement et ouverte sur son environnement extérieur. Et avec en toile de fond un système d’enseignement axé sur l’étudiant, tout en améliorant l’employabilité de ses diplômés. Autant dire, les initier à la culture du compter sur soi et susciter chez eux l’esprit d’initiative privée. Or, ceci s’acquiert à force de formation complémentaire sur le tas donnée suite à des relations de partenariat avec l’entreprise elle-même.

Parvenir à ce but commande, a priori, de vaincre certains défis, dont notamment l’accroissement du nombre de diplômés, la saturation du marché du travail et l’incapacité de l’économie nationale de répondre aux demandes d’emploi additionnelles.

La réforme se veut globale

Tout comme la chose éducative, la réforme universitaire est un grand chantier qui nécessite bonne volonté et décision politique, sur quoi s’appuie la consultation nationale sur la réforme du système éducatif qui est, déjà en cours, sous les bons auspices du président de la République Kaïs Saïed. Ce processus interactif consacre une approche participative et tend à ne laisser personne de côté. Une réforme qui se veut exhaustive et globale, embrassant tous les cycles d’enseignement, du pré-scolaire à l’université, passant par le primaire et le secondaire. Sans pour autant manquer de créer des passerelles étroitement liées avec le dispositif de la formation professionnelle.

En fait, le questionnaire figurant sur ladite plateforme numérique tourne autour de cinq axes essentiels, à savoir «l’éducation de la petite enfance et la protection de la famille», «les programmes d’enseignement, le système d’évaluation et le temps scolaire», «la coordination et la complémentarité entre l’éducation, la formation professionnelle et l’enseignement supérieur», «la qualité de l’enseignement et la technologie numérique» et «l’égalité des chances et l’apprentissage tout au long de la vie». Ceci pour rompre avec toutes les initiatives de réforme mises en échec, lesquelles, comme l’a dénoncé le président Saïed, avaient asséné des coups à l’enseignement public et tué la pensée libre.

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