On aurait dû, au terme de ce mois de novembre, fignoler les derniers préparatifs des semailles et bien nourrir la terre après l’avoir, a priori, cultivée et labourée. Ce qui n’est pas le cas, comme à l’accoutumée. La sécheresse sévit durement sous nos cieux.
Il n’a pas plu depuis des mois, alors que ce climat automnal, si sec et aussi chaud, n’a pas encore fait baisser sa pression atmosphérique. Et bien qu’il fasse un peu frais, le mercure affiche toujours des degrés supérieurs à la moyenne saisonnière. C’est que la sécheresse persistante nous inflige de longues périodes de vaches maigres, avec des moissons moins bonnes que souhaité.
Dans un cercle vicieux
Car, on aurait dû, au terme de ce mois de novembre, fignoler les derniers préparatifs des semailles et bien nourrir la terre après l’avoir, a priori, cultivé et labouré. Ce qui n’est pas le cas, comme à l’accoutumée. L’on fait face, semble-t-il, à un été prolongé qui projete sa grisaille sur un hiver pas assez pluvieux. En attendant que le ciel soit généreux et commence à arroser nos terres ô combien assoiffées, et pour cause, éleveurs, agriculteurs, producteurs, mais aussi le citoyen lambda censé être un consommateur effectif, craignent de subir le retour de manivelle. La pluie a toujours été signe de bon augure, révélatrice du bénéfice, de floraison et des bienfaits à profusion.
Toutefois, qu’il s’agisse d’abondance ou pas, le pauvre consommateur ne se voit guère sortir de l’ornière. Il s’engouffre dans un cercle vicieux, cherchant à récupérer un pouvoir d’achat de plus en plus érodé. Faut-il, alors, prier pour la pluie ou pour la baisse des prix ? Ceci explique le principe de l’offre et de la demande, car ce sont deux facteurs significatifs qui déterminent l’économie de marché. D’autant plus que la surproduction implique une forte consommation générée par l’effet régulateur des prix de vente, à même de contribuer à alléger le fardeau d’une clientèle épuisée et lasse des crises alimentaires en cascade. Et par ricochet, l’on pourrait en tirer énormément profit et faire des économies.
On prie pour la pluie
Sous nos cieux, tout déroge à la règle, et même l’application de la loi fait souvent exception. Cela dit, en passant, qu’il pleuve ou pas, on n’en gagne rien. Du reste, la prière de la pluie «Salat Al Istisqa» demeure un rituel annuel récurrent, au cours duquel l’on s’en remet à Dieu pour conjurer la sécheresse et faire tomber la pluie. Ceci étant le dernier recours quand les précipitations se font rares et le risque de mauvaise moisson plane sur toute la filière céréalière. Surtout que nos champs du blé dur et tendre ne produisent plus les quantités dont le pays a réellement besoin.
Le tout avec des semences locales jugées de moindre qualité et qui ne sont plus résistantes aux aléas du climat.
Face au stress hydrique fréquent, sous l’effet de la chaleur caniculaire, et auquel se mêle l’amenuisement de nos ressources hydriques conventionnelles, la guerre de l’eau se profile à l’horizon et s’annonce comme une évidence. L’autosuffisance étant, in fine, son butin précieux, qui dépend, certes, d’une sécurité alimentaire tant convoitée, telle que la satisfaction de ses besoins vitaux étant le défi majeur de tout pays.
La faim à l’ère de l’abondance !
Là où le bât blesse c’est que l’on ne sait pas, tout bonnement, gérer l’abondance des biens et doser savamment son autosuffisance. Ce qui se passe, chaque année ou presque, semble incohérent et prête parfois à rire: invoquer la pluie et rejeter les fruits ! Incroyable, mais vrai. Ce paradoxe explique bien le cas tunisien. En d’autres termes, avoir une bonne récolte peut aussi être contre-productif. Soit la faim à l’ère de l’abondance !
Ainsi, qui peut nous édifier sur les causes des produits en crise, alors qu’on les trouve étalés dans des entrepôts anarchiques bien achalandés ? D’ailleurs, le bilan du contrôle économique, à l’échelle du pays, en dit long sur l’ampleur de la spéculation.
Combien de fois une filière agroalimentaire bien portante a fini par donner signe de crise et provoquer alors des pénuries. Et d’autres pratiques, louches et insensées, qui nous ont laissés traîner dans la misère. Toute saison agricole ne rapporte presque rien de plus. Autrement dit, en temps de pluies ou de sécheresse, l’on peut aboutir, bon an mal an, au même bilan. Et là, quoi qu’il arrive, on est toujours loin du compte.
Somme toute, les crises alimentaires, qui avaient secoué le pays ces dernières années, et qui continuent de le faire, n’ont jamais été une fatalité. Le ver est dans le fruit. Car, tout est lié à une saisonnalité mal gérée, ne serait-ce qu’une fausse note intentionnelle. Surabondance- pénurie, cette dichotomie cyclique trouve sa juste expression dans des problèmes de gestion, dus entre autres à des affaires de corruption. A bon entendeur… !