Au fil des échéances post-révolution, les imposteurs de la vingt-cinquième heure n’ont cessé de nous combler de largesses et de fausses promesses. Tout fut au grand dam des populations, des localités et des régions, vivant encore dans la misère. Que valent ces conseils locaux sans plans de développement globaux ?!
On a assisté, ces dernières semaines, à des campagnes électorales tous azimuts, au cours desquelles un ballet des candidats en lice ont défilé dans leurs localités, faisant la cour à leurs électeurs potentiels, en leur promettant monts et merveilles.
Le même tapage d’autrefois
Sur le terrain, plus de 7.000 prétendants à l’accession aux 279 conseils locaux représentant 2.073 sections (imadas) ont, d’ailleurs, eu à parcourir l’ensemble du territoire national, à la chasse des voix, pour faire carton plein. Ils ont présidé des meetings populaires, chapeauté des réunions et fait du porte-à-porte, sur un ton théâtral et peu réaliste. Des campagnes plutôt folkloriques qui visent à rafler la mise, approcher les citoyens et coller à la réalité des régions. Le but étant de changer leur vécu et créer un climat favorable à leur développement local et régional.
D’ailleurs, on avait, souvenons-nous encore, vécu ce même tapage électoral au fil des échéances passées, où tout ce qui se disait n’avait rien de concret. Et les promesses, qui furent, alors, proclamées et écrites noir sur blanc, n’ont pas, jusqu’ici, vu le jour. D’autant plus, les engagements publiquement exprimés et appréciés par les uns et les autres ont, eux aussi, fini par partir en fumée. Cela se répète à maintes reprises, sans scrupules. Comme si de rien n’était. Et pourtant, ces imposteurs venaient de loin vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Sans tenir compte des attentes et doléances des populations les plus prioritaires.
L’histoire se répète toujours deux fois, dit-on. Sans en tirer les enseignements. Aujourd’hui, ces nouveaux représentants locaux chantent sur tous les tons, s’en tenant à la communication et à la conviction. D’autres se font passer pour des porte-voix, caressent dans le sens du poil et parlent de tout et de rien. Partout dans les quatre coins de la Tunisie, les idées et les projets ont pris de l’élan, en guise de réactions à chaud quant aux moult revendications des citoyens. Dans toutes les localités et délégations, il y a de quoi s’indigner : du nord au sud, passant par le centre du pays, les problèmes et les préoccupations soulevés sont presque les mêmes. Tous ont dénoncé les maux d’hier et d’aujourd’hui, réclamant le rétablissement de la situation.
Tout un modèle de développement à revoir
Emplois décents, infrastructures de bonne facture, prestations sociales et de soins à portée de main, aides et allocations familiales, logements sociaux, création de petits projets, investissements publics et privés, soit tout un modèle de développement à revoir et à réviser. Bref, le pays aurait besoin d’un grand chantier à ciel ouvert. Et là, le rôle des nouveaux élus s’annonce capital, d’autant que la proximité est un mot d’ordre local.
Désormais, on ne saura pas gérer nos affaires territoriales, sans l’implication du citoyen lambda. Ses choix et ses décisions comptent beaucoup dans la conception et l’élaboration des schémas directeurs du développement. Ce citoyen-électeur aura, d’ores et déjà, droit de cité, agissant en preneur de décision. Et à lui les conseils locaux devraient être tout bonnement redevables. Cela dit, tout se ferait en consécration du vrai sens de la démocratie participative tel qu’énoncé clairement dans le code des collectivités locales.
Cependant, ces conseils locaux n’ont rien à voir avec ceux municipaux, ils ne viendraient pas les remplacer. Car, si les municipalités relèvent de l’exécutif, ces conseils locaux auront un pouvoir législatif. A l’échelle locale, ils ont la vocation de dépositaires des recommandations et des aspirations des citoyens pour les soumettre, ultérieurement, au conseil national des régions et des districts. «L’idée, certes, est de désenclaver les régions de l’intérieur, dans la mesure où toutes les propositions et les visions conçues seront représentées au sein de ce conseil», avait ainsi expliqué, en septembre dernier, Kais Karoui, membre de la campagne explicative du président de la République, sur les ondes d’une radio privée.
Ces priorités de tout temps !
Et d’ajouter, dans le même ordre d’idées, que la création de ce conseil national des régions et des districts s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du projet présidentiel proclamant la gouvernance par les bases. Une telle manière de gouverner puise nécessairement dans l’intérêt supérieur du citoyen et son bien-être social. Parlons-en ainsi, le citoyen aura, forcément, son mot à dire dans sa propre localité. Et tout projet de développement local et régional, voire national, serait, en fait, le reflet de la volonté populaire, mais aussi la traduction de ses attentes et ambitions.
Somme toute, les nouveaux élus sont appelés à retenir la leçon, sans pour autant faire de l’excès de zèle. Pourquoi nos élus, locaux ou nationaux, nous accordent-ils, à coup de déclarations temporelles et improvisées, autant de promesse et largesses ? Comment peut-on croire que des hôpitaux, des écoles, des routes et autoroutes, des milliers d’emplois, des logements sociaux, des quartiers réhabilités, du bien-être social et économique, des services administratifs de qualité, du transport public confortable et bien d’autres projets à souhait, peuvent être, tous, réalisés, en si peu d’années ?
Surtout que l’on sait que depuis bien longtemps, on n’arrive même pas à satisfaire les priorités du pays post- indépendance. Et jusqu’à nos jours, les défis et les enjeux du développement national se posent comme des questions majeures qui continuent à défrayer la chronique. Soit les priorités de tout temps, dit-on !