Il a suffi de quelques mois après avoir brandi le titre de champion de Tunisie pour que l’Etoile sombre et s’écroule sous l’effet d’une grave crise sportive et financière. Quelque temps après la joie et la communion, l’équipe n’a pu conserver cet élan avec un Faouzi Benzarti, en technicien rusé qui a senti que les conditions de travail et l’encadrement sont décourageants, qui s’est échappé, alors que Othmane Jenayeh a dû opérer contre vents et marées pour essayer de payer les dettes et de mettre de l’ordre dans la maison, mais en vain. En quelques mois, l’Etoile est passée d’un champion en titre à un outsider prenable avec pratiquement le même effectif. Et sur ce point, l’ESS ressemble au CA et au CSS qui, eux aussi, rentrent dans le chaos, la saison d’après le sacre. Le CA en 2015 et le CSS en 2013 (titre de champion et coupe de la CAF) sont aussi «brillants» dans l’art de «démolir» l’élan d’une consécration. Il faut remonter par exemple à la période 1978-1980 et 1972-1974 pour voir le CA enchaîner deux titres de champion et celui 1985-1987 pour l’Etoile. Sinon, ce sont des sacres sporadiques et, le plus important, des crises aiguës la saison qui suit, en étant incapable de défendre son titre. Les raisons ? Incompétence de dirigeants qui ne savent pas que conserver un titre est différent de le gagner une première fois, l’euphorie excessive, les finances fragiles qui poussent à céder des joueurs clefs, les divisions internes, «la culture des échecs» qui fait qu’un titre gagné fasse perdre la tête. On a beau changer d’époque, ce trio censé concurrencer l’EST est faillible dans la gestion d’après-titre, contrairement à l’EST qui sait déclencher un cycle de titres et le défendre même en changeant d’effectif. C’est un club qui sait gagner et qui sait user de sa popularité, son influence et son pouvoir sportif et extrasportif pour mettre la barre très haut. La culture des titres est un fondement basique dans la vie des clubs. Un club qui reste des saisons sans rien gagner quoi que ce soit n’est plus un grand club en réalité, il tend de plus en plus à accepter son rang d’outsider. Et le jour où il devient champion, il n’arrive pas à réaliser peut-être et à passer la vitesse supérieure pour rester dans une courbe croissante. L’ESS, le CA et le CSS ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes après ce qu’ils ont atteint aujourd’hui. Les thèses «conspirationnistes» et la fausse «victimisation», sans oublier cette nostalgie et cette obsession à vivre dans les vestiges du passé, les a enfoncés tous les trois. Ils ont perdu de leur popularité, de leur poids socio-politique, ils ont perdu des mécènes et leur puissance financière d’il y a 20 ans pour plonger dans des cycles de crises aiguës et chroniques et dans les clivages. Comment voulez-vous que des enfants et des jeunes qui découvrent le football se passionnent en grand nombre pour un de ces trois clubs, alors qu’ils les voient perdre encore et toujours et se font distancer terriblement par l’EST ? On n’a plus d’équilibre sur le championnat comme dans les années 50, 60, 70 et 80. Parce qu’en partie, le CA, le CSS et l’ESS, spécialement lors des 15 dernières années, ont perdu de leur savoir, de leur crédibilité et de leur union vis-à-vis d’abord de leurs supporters pour devenir de simples trouble-fêtes en football, mais aussi en hand et en volley. Même quand ils sont champions, soyez sûrs que l’été même du titre, on passe au drame et aux fracas des clashs qui naissent. La saison d’après, ils redeviendront suiveurs pour toucher le fond comme c’est le cas ces dernières années. Derrière cela, le CA, l’ESS et le CSS n’ont plus l’étoffe des grands dirigeants qui savent ce qu’est un grand club. Ils ont ouvert leurs portes, jadis blindées, à n’importe qui pour présider et pour diriger ; et le résultat : des générations de supporters sont en train de le payer cash et sans pitié.