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Mes Humeurs | La polémique Daoud

Écrivain, journaliste et intellectuel engagé, Kamel Daoud est une figure majeure de la littérature francophone contemporaine. Désormais dans les milieux littéraires en France, on l’appelle simplement par son nom, Daoud ; en peu de temps et de production (littéraire), il a acquis le statut des grands écrivains et penseurs qui se reconnaissent, rien qu’en prononçant leur nom. Oui, comme on dit Hugo, Camus, Sartre…

Une polémique a gonflé cette gloire, polémique ? Plutôt une bombe à fragmentations qui a explosé suite à l’obtention du Prix Goncourt 2024, la plus prestigieuse récompense littéraire, arrachée haut la main, par 6 voix au premier tour par Kamel Daoud. Il est le premier Algérien à obtenir ce glorieux prix. Les éloges sont légion et occupent le paysage médiatique. 

La bombe a atteint des milliers de personnes, parmi lesquels, hélas, ceux qui ne lisent jamais, les uns sont scandalisés, les autres admiratifs et bien d’autres activistes de dernière minute qui se ruent vers n’importe quel événement pour donner leur avis, se mêlant de tout y compris de la littérature, des prix littéraires ou des arts. Ainsi va le monde, soumis aux aléas des médias, des réseaux sociaux, des effets du marché et de la commercialisation. 

La bombe est fabriquée à base de «couvertures» de presse, d’articles dithyrambiques sur les quotidiens français et francophones, éditos littéraires, d’analyses, d’innombrables passages télé, d’attaques et de contre-attaques. On voit, par-là, que le service presse de la grande maison Gallimard a trouvé l’oiseau rare, il y va de sa promotion le service presse, le sujet semble intéresser non seulement les potentiels lecteurs, mais le large public.   

La polémique ? D’un côté, une petite partie des intellectuels arabes traitent l’auteur de renégat, traître à la patrie, à la nation et à la cause palestinienne, d’autres y rajoutent «sioniste». Ils lui reprochent sa proximité avec les islamophobes, ses accointances avec la droite française antiarabe, l’accusent de dresser des pamphlets et des éditoriaux empoisonnés sur son magazine «Le Point» et le condamnent pour ses nombreuses saillies malveillantes débitées sur les écrans télé et autres médias. Bref, autant d’arguments pour le clouer au pilori. Et voilà que l’écrivain et son épouse sont accusés d’avoir utilisé l’histoire d’une patiente rescapée d’une attaque terroriste dans les années 1990 en Algérie pour l’écriture du roman Houris; Gallimard réagit et dénonce «des attaques diffamatoires à l’encontre de l’auteur». Un procès en vue ?      

De l’autre côté, on a les cercles littéraires, lesquels unanimement soutiennent le courage de l’auteur d’affronter un sujet délicat (la décennie noire en Algérie) et surtout exaltent l’originalité de l’histoire, la qualité du style de l’écriture, etc. Les critiques littéraires ne tarissent pas d’éloges sur le roman, l’auteur, l’intrigue, le Goncourt, Gallimard, l’accusation, la dénégation,… l’affaire prend la dimension d’un feuilleton. 

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