Le 20 janvier 2025, Donald Trump, âgé de 78 ans, est devenu le deuxième président de l’histoire des États-Unis d’Amérique à occuper le bureau ovale pour un deuxième mandat non consécutif (2017-2021 et 2025-2029), après Grover Cleveland (1885-1889 et 1893-1897). Qui l’eut cru ? Qui aurait imaginé une seule seconde voir le plus célèbre des magnats de l’immobilier américain prêter serment sous la rotonde du Capitole après le choc des images du même bâtiment pris d’assaut par des milliers de sympathisants radicaux du président républicain, le 6 janvier 2021 ?
Véritable miraculé de la politique politicienne, balayant d’un revers de main les déboires judiciaires et échappant de justesse à deux tentatives d’assassinat, le 45e et désormais 47e président des USA est un dur à cuire.
Depuis son élection le 5 novembre 2024, « The Lone Warrior » (le guerrier solitaire) — titre autoproclamé — a occupé, avec autorité et notoriété, la scène politique américaine et internationale. Du jamais-vu dans l’histoire contemporaine : un président américain élu qui fait de l’ombre au chef d’État sortant en ayant imposé ses diktats et son tempo sur la géopolitique mondiale (la guerre d’Ukraine, l’accord du cessez-le-feu à Gaza, le désir affiché d’annexer le Groenland, l’envie de faire revenir le canal de Panama sous la tutelle de Washington, la polémique autour du Golfe du Mexique qu’il veut rebaptiser le « golfe de l’Amérique », etc…).
Assurément, le chantre du mouvement « MAGA » (« Make America Great Again » : rendre l’Amérique grande à nouveau, en français) est l’un des rares politiciens qui manient l’art de joindre le geste à la parole (c’est-à-dire passer des paroles aux actes, NDLR).
En effet, au cours de ses premières heures, lors de son « day one », en tant que nouveau locataire de la Maison-Blanche, Donald Trump a tenu ses promesses électorales et a opéré un changement radical dans la politique du pays, en paraphant à tour de bras un déluge de décrets : au total 46 « ordres exécutifs », « proclamations » et « memoranda » !
De la salle du Capitole au bureau ovale, en passant par le « show » du « Capital One Arena » (salle omnisports de Washington DC), devant un public — une dizaine de milliers de partisans et d’invités — tous acquis à sa cause, le « Commander in chief » (commandant en chef) des forces armées américaines a mis fin à l’héritage de son prédécesseur Joe Biden sur fond d’une rupture totale avec la politique de son rival démocrate.
Du retrait des États-Unis de l’accord de Paris sur le changement climatique (ce qu’il avait fait lors de son premier mandat) et de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) jusqu’à déclarer l’« état d’urgence » à la frontière sud avec le Mexique et désigner les cartels de la drogue comme des organisations terroristes; l’homme fort de l’Amérique a sorti la sulfateuse et tiré à tout-va. Il a également signé un décret visant à supprimer le droit d’acquérir automatiquement la nationalité américaine par la naissance (bien que ce droit soit protégé par la Constitution et que les experts estiment qu’il sera difficile de revenir sur cette décision, NDLR). Le milliardaire new-yorkais a même osé gracier 1.500 personnes arrêtées pour les émeutes menées par ses sympathisants les plus fanatiques qui ont envahi l’enceinte du Congrès américain, lors de la certification de la victoire électorale de son adversaire en 2021.
Outre la signature d’une dizaine de décrets, le grand manitou du peuple « MAGA » a déclaré qu’il mettrait fin à la hausse des prix, ce qu’il a appelé « l’inflation record », tout en créant dans la foulée le Département de l’efficacité gouvernementale (DOGE) : un bras de l’Exécutif qui sera piloté par l’entrepreneur Elon Musk dans le but de réduire les dépenses publiques. Pour le volet énergétique, Trump a réitéré sa promesse de booster les forages pétroliers et gaziers sur le territoire américain, sans rater l’occasion d’entonner son célèbre slogan électoral : « drill, baby, drill » (forer, bébé, forer).
Par ailleurs, en ce qui concerne le commerce extérieur, certes, s’il n’a pas confirmé l’imposition de droits de douane sur des pays comme la Chine, le Mexique ou le Canada, mais il a déclaré qu’il travaillait à la création d’un « service fiscal externe » pour collecter les « droits de douane » et autres « taxes »: une mesure qui pourrait entrer en vigueur dès le 1er février 2025.
« Au lieu de taxer nos citoyens pour enrichir les pays étrangers, nous imposerons des droits de douane et des taxes aux pays étrangers pour enrichir nos citoyens », a-t-il martelé.
Qu’on le veuille ou pas, lors de l’«Inauguration Day », Trump a été fidèle à lui-même et à ses promesses. Si ses détracteurs voient en lui un danger, d’autres préfèrent relativiser face à un président qui a toujours cherché de faire passer l’intérêt de son pays, sans pour autant afficher une politique étrangère belliciste et agressive voire interventionniste.
À part ses visées sur le canal de Panama — un passage maritime stratégique pour les États-Unis — pour barrer la route aux navires commerciaux et militaires de l’Empire du Milieu (Pékin), son discours de politique étrangère a été plus conciliant, et il a souligné qu’il serait « un artisan de la paix et un unificateur » dont on se souviendra pour « les guerres qu’il a terminées et celles dans lesquelles il ne s’est jamais impliqué ». Après tout, lors de son premier mandat, Donald Trump 1.0 n’a pas déclenché de conflits armés. Même pour ses relations avec l’entité sioniste, il a toujours été clair et net, loin de l’ambiguïté entretenue par les différentes administrations démocrates et leur hypocrisie sanguinaire ainsi que leur complicité génocidaire. Le Républicain a certes une approche différente, en privilégiant les accords d’Abrahams (traités de normalisation des États arabes avec l’entité sionistel) sur le dangereux double jeu initié par Barack Obama et sa Secrétaire d’État Hillary Clinton et parachevé par Joe Biden et son chef de la diplomatie Anthony Blinken. Mais quand on sait qu’avec Trump, tout se négocie et tout a un prix, l’espoir de mettre définitivement fin à la guerre de Gaza et de rendre justice au peuple palestinien n’est guère une chimère.
Juste pour rappel, lorsque le magnat américain a perdu les élections de 2020 et que Benjamin Netanyahu s’est empressé de féliciter Joe Biden pour sa victoire, Donald Trump a perçu cela comme une trahison — un coup de poignard dans le dos — car à l’époque, le candidat républicain contestait encore le résultat du scrutin. Il avait déclaré au journaliste du site web d’information américain « Axios », Barak Ravid : « Je ne lui ai pas parlé depuis ». Et il a même adressé au Premier ministre sioniste un « va te faire foutre ».
Imprévisible comme il est, avec Trump 2.0, on peut s’attendre à tout et ne rien exclure concernant l’épineux dossier du Proche-Orient.
Wait and see…
Néanmoins, avec « The Donald » et ses déclarations provocantes et déroutantes à la limite du burlesque, on ne risque pas de mourir d’ennui.