Les forces centristes, très divisées aujourd’hui à propos de la présidentielle, pourront-elles se retrouver suite aux législatives, lorsque le chef de l’Etat sera connu et reconnu par leurs multiples tendances ?
Nombreux sont ceux qui en doutent. La rivalité s’est, en effet, tellement développée entre eux, qu’il est à craindre que cela ne se transforme en ressentiment voire en haine franche.
Ainsi, le projet de Béji Caïd Essebsi de corriger le déséquilibre des forces sur l’échiquier politique par la fondation d’un parti rassembleur groupant syndicalistes, gauche, indépendants et destouriens, qui avait conduit à la victoire électorale de Nida Tounès en 2014, a finalement mené les vainqueurs à une zizanie qui ne cesse de s’amplifier et qui risque déjà de miner le prochain parlement.
Les multiples candidats «centristes» à l’élection présidentielle se tirent dessus comme de véritables ennemis, tout en prétendant avoir tout fait pour s’unir. De plus, leur attitude agressive les conduit même à préparer des projets d’alliance contre nature avec des tendances non conformes. De sorte que la prochaine ARP risque d’être pire que celle qui prend fin. Et l’on ne voit pas le bout du tunnel.
Certains politiciens croient trouver la solution en proposant de concocter une loi bannissant ce qu’ils appellent le «tourisme parlementaire». Mais le libre choix des politiciens de la formation où ils veulent militer est une des bases essentielles de la démocratie pluripartiste.
Or, là où le bât blesse, c’est que la multitude des partis centristes s’est partagé, dans le désordre, des militants issus de Nida Tounès, qui ont donc le même profil et sont de très bons candidats au tourisme politique.
En interdisant un tel tourisme, l’on ne pourrait que gripper le système. A moins que les divisions exacerbées actuelles ne soient traitées par une amorce de réconciliation préventive anticipée.