Youssef Chahed, Abdelkrim Zbidi, Nabil Karoui et Mohsen Marzouk sont les candidats qui ont le plus utilisé de contenus et de pages sponsorisés sur le réseau social. Chahed a mobilisé, dans le cadre de sa campagne, 89 pages, alors que Zbidi en a utilisé 52, Karoui 22 pages et Jomaâ 17 pages
L’Organisation tunisienne à but non lucratif I Watch a tenu une conférence de presse, hier, pour présenter les résultats de son action d’observation de la campagne électorale du premier tour de la présidentielle anticipée du 15 septembre sur les réseaux sociaux.
Dans le cadre de son projet de Fact Checking (vérification des faits), I Watch s’est chargé d’observer les campagnes électorales sur les réseaux sociaux de 16 candidats parmi les 26 qui se sont présentés au premier tour de la présidentielle anticipée, faisant ressortir des données notamment sur l’implication du réseau social Facebook dans l’actuel processus électoral. Ainsi, Youssef Chahed, Abdelkrim Zbidi, Nabil Karoui et Mohsen Marzouk étaient les candidats qui ont le plus utilisé de contenus et de pages sponsorisés sur ce réseau social. Dans ce sens, Youssef Chahed, a mobilisé, dans le cadre de sa campagne, 89 pages, alors qu’Abdelkrim Zbidi en a utilisé 52, Nabil Karoui 22 pages et Mehdi Jomaa 17 pages.
Paradoxalement les deux candidats qui ont utilisé le plus Facebook pour mener leur stratégie digitale de leurs campagnes ont été défaits lors du premier tour, ce qui remet en question la théorie selon laquelle la présence excessive sur ces plateformes socionumériques garantira une influence politique plus importante. C’est en tout cas ce qu’a souligné Achref Aouadi, président de ladite organisation. «Contrairement à ce que nous pensons, ceux qui ont utilisé le plus de contenus et de pages sponsorisés ont échoué lors de ce scrutin, ce qui nous montre que le fait de sponsoriser des contenus et d’être très présent et très visible sur ce réseau n’est pas synonyme d’influence politique. Il s’est avéré à l’issue de ce scrutin que les mécanismes de sponsoring sur les réseaux sociaux ont eu des effets contre-productifs sur les candidats», a-t-il souligné.
Ainsi, nous pourrons comprendre que les stratégies optant pour une surtilisation des réseaux sociaux ne signifient pas forcément une influence sur les choix électoraux des citoyens. Mais pour Achref Aouadi l’implication de ces contenus s’est fait sentir notamment au niveau de l’ambiance et l’atmosphère politique en raison des discours de la haine et des appels à la violence qui ont été véhiculés à travers ces réseaux, notamment Facebook.
Des pages inconnues
Selon les premiers constats présentés lors de cette conférence de presse, des discours de haine et des appels à la violence et à la ségrégation ont été véhiculés à travers ces contenus sponsorisés et notamment à travers ce qu’ils ont appelé les «pages shadow» ou les «pages de l’ombre» qui soutiennent certains candidats ou mènent des campagnes de diffamation contre d’autres. Ce sont des pages non-identifiées qui ont commis de graves infractions même pendant le jour du silence électoral pour influencer les choix électoraux des électeurs.
I Watch a noté, d’autre part, l’absence de données sur les budgets consacrés à ce genre de campagne, appelant l’Instance électorale à renforcer les mécanismes de transparence sur ce volet. «En l’absence de mécanismes de transparence relatifs aux budgets consacrés au sponsoring des contenus Facebook, on ne pourra pas avoir une idée sur les dépenses faites par les candidats dans le cadre de leurs campagnes», a expliqué, pour sa part, Hinda Falah, chef de projet au sein de l’organisation.
Dans ce sens, le président de l’ONG a appelé le gouvernement tunisien à faire pression sur le géant des réseaux sociaux Facebook afin de «réclamer un strict minimum de transparence, notamment en ce qui concerne le sponsoring des contenus dans un contexte électoral».
L’action d’observation sur les réseaux sociaux menée par cette ONG a couvert la période s’étalant du 21 août au 15 septembre. En effet, sept volontaires de l’organisation ont été mobilisés pour observer les campagnes de 16 candidats sur les 26 qui se sont présentés au premier tour de la présidentielle. 198 pages Facebook et plus des centaines de publications Facebook ont été observées tout au long de cette période. Cette action a également porté sur d’autres réseaux comme Twitter et Instagram.