Accueil Economie Supplément Economique M.Arbi Mallakh, doyen des promoteurs immobiliers : «Limiter le taux d’intérêt du crédit commercial à 7% »

M.Arbi Mallakh, doyen des promoteurs immobiliers : «Limiter le taux d’intérêt du crédit commercial à 7% »

Malgré les diverses incitations financières incluses dans le Programme du premier logement qui a été mis en place en 2017, ce dernier n’est pas arrivé, jusque-là, à booster, significativement, le secteur. Pour raviver la promotion immobilière et encourager l’achat du logement économique et moyen, M.Arbi Mallakh, doyen des promoteurs immobiliers, étale des pistes de propositions.

Comment se présente la situation du secteur de l’immobilier qui est, comme nous le savons tous, en berne depuis des années ?
La situation est à vrai dire insoutenable. Le TMM est insupportable tant pour l’acheteur que pour le promoteur. En effet, la morosité du secteur puise son origine dans la cherté des crédits pour la classe moyenne, notamment les salariés. A titre d’exemple, le taux d’intérêt d’un crédit direct auprès d’une banque comme la BH (Banque de l’Habitat, une banque spécialisée dans le secteur immobilier) dépasse facilement les 11%. Ainsi, le montant remboursé sur 20 ans atteint presque 2.5 fois le montant du crédit octroyé par la banque.
Si on prend l’exemple d’un couple bénéficiant du programme du Premier Logement (mis en place en 2017), qui veut acheter un logement économique ou moyen dont le prix ne dépasse pas les 200 milles dinars, le montant mensuel à rembourser s’élève, dans ce cas, à 1800 dinars. N’omettons pas, dans ce cas, que le couple bénéficie déjà des avantages dans le cadre du même programme comme le crédit bonifié pour l’autofinancement. Malgré ces avantages, le montant à rembourser demeure élevé pour les salariés qui sont de plus en plus découragés à acquérir leurs propres logements.

Est-ce que le Programme du Premier Logement a atteint les objectifs escomptés ?
Non. Au début, le programme a suscité un véritable engouement auprès des acheteurs. Mais confrontée aux difficultés financières induites par les taux d’intérêt très élevés, la classe moyenne n’arrive plus, tout compte fait, à acheter une habitation économique ou moyenne. Selon les statistiques du ministère de l’Equipement et de l’Habitat, seulement 15% de la ligne de financement allouée au programme ont été consommés durant la première année de son lancement. Il est à noter que le décret gouvernemental relatif à la révision des conditions du bénéfice du programme du premier logement a apporté des nouveautés qui sont censées encourager davantage l’adhésion au programme. Mais cela n’a pas été suffisant. Rappelons que le décret a permis d’étendre le champ d’application du programme pour inclure les « non mariés » et les ménages qui ont un revenu compris entre 4.5 et 12 fois le Smig (contre 10 fois, pour la première version du programme). Il a, également, permis une révision à la hausse du prix d’acquisition des logements éligibles de 200 mille à 220 mille dinars hors TVA, outre la révision de la durée de remboursement du crédit bonifié où la période de grâce est passée de 5 à 7 années. Toutes ces décisions sont de nature à raviver le secteur. Mais ce n’est pas suffisant.

Que proposez-vous pour booster le secteur ?
La nouvelle loi des finances peut inclure des mesures incitatives qui remédient à cette situation intenable tant pour les familles candidates au Programme que pour les promoteurs immobiliers. Nous proposons ainsi de limiter à 7% le taux d’intérêt du crédit accordé par les banques commerciales (qui représente 80 % du prix du logement). Le différentiel par rapport au taux commercial serait puisé, dans ce cas, dans la ligne du financement du Programme allouée par l’Etat. Ainsi, il n’y aurait pas de recours à la création d’une autre ligne de financement, ni à la modification du TMM. Il s’agit d’une nouvelle distribution de l’enveloppe octroyée et non encore consommée, approuvée par la loi de finances de 2017.
Nous proposons également d’étendre l’octroi des crédits dans le cadre du Programme du Premier Logement aux ménages dont l’un des conjoints n’est pas forcément un salarié. Ainsi, les commerçants, les agriculteurs ou les personnes exerçant une profession libérale peuvent accéder au Programme. Par ailleurs, nous proposons également de supprimer l’autorisation du gouverneur pour les étrangers qui souhaitent acheter des logements dont le prix est supérieur à 500 mille dinars.

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