Le tourisme balnéaire de masse commence à démontrer ses limites partout dans le monde. Le tourisme alternatif comme l’écologique ou le culturel constitue un choix de futur, de pérennisation. La Tunisie possède tous les atouts pour réussir ce choix, à condition de bien savoir dénicher les marchés à fort potentiel.
Il est plusieurs pistes de réflexion pour repenser le tourisme tunisien. Pour un pays comme la Tunisie, dont l’histoire est marquée par une succession de civilisations, le tourisme culturel s’avère un moyen efficace de pérennisation. Comment faire alors pour drainer les touristes «culturels», une tâche qui n’est pas aussi facile, notamment avec l’hégémonie du tourisme balnéaire et l’absence d’actions de valorisation du patrimoine national ? La réponse que propose Abbès Mohsen, ancien ambassadeur et président de l’Amicale des gouverneurs, est de se focaliser sur les touristes provenant de l’Hémisphère Sud, plus précisément les Sud-Américains.
C’est lors d’un débat sur les moyens de réinvention du tourisme tunisien organisé, la semaine dernière par l’Amicale des gouverneurs, que cette proposition a été formulée sur des avantages recherchés.
Des friands du Sahara
Le tourisme de masse tunisien fascine, depuis sa création, des touristes de l’Europe Occidentale, et ce, pour plusieurs raisons, dont principalement la proximité géographique qui implique un rapprochement culturel. Mais ce caractère de masse n’attire plus les Européens. Et l’exploration de nouveaux marchés touristiques, notamment de l’hémisphère Sud, s’impose en tant que solution pour pérenniser le tourisme, un des piliers de l’économie nationale.
Les avantages d’un tel choix sont multiples, surtout que les Sud-Américains sont friands du Sahara et des sites historiques. «Les plages du Brésil sont 15 fois plus larges que les nôtres. Les Brésiliens ne cherchent pas la mer. Ils s’intéressent plutôt aux sites archéologiques islamiques et romains», explique l’ancien ambassadeur. «Ce type de tourisme ouvre la voie du tourisme aux gouvernorats marginalisés. Les sites archéologiques qui s’y trouvent peuvent intégrer les divers circuits touristiques», ajoute-t-il.
Un comportement touristique différent
Selon Abbès Mohsen, plusieurs avantages peuvent en être tirés si l’on s’intéresse au marché sud-américain, plus spécifiquement brésilien et argentin. Tout d’abord, il y a le comportement touristique qui favorise un séjour plus long, compte tenu du long trajet traversé, les touristes brésiliens passeraient, a priori, un séjour plus long que celui passé par les touristes européens, soit le double.
Deuxième avantage, c’est que les vacances d’été du Brésil ont lieu en hiver. Ainsi, les grands départs auront lieu au moment où les hôtels tunisiens sont désertés.
«L’archéologie reste secondaire pour le tourisme tunisien. Se focaliser sur le tourisme culturel et cibler les touristes Sud-Américains peuvent constituer une chance pour développer le secteur dans les gouvernorats de l’intérieur», souligne Abbès Mohsen.
Ouvrir un tel marché touristique nécessite avant tout un travail de rééquilibrage en profondeur. La condition sine qua non de la réussite d’un tel projet, c’est l’ouverture d’une ligne directe reliant Tunis à la capitale brésilienne ou aux grandes villes du Brésil et la mise en place d’un bureau permanent de l’Ontt.