Face à une vulnérabilité croissante du secteur agricole due, entre autres, aux aléas climatiques, la mise en place d’un mécanisme moderne d’indemnisation des dommages occasionnés par les calamités naturelles n’est plus une option.
Le ministre de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche, Samir Bettaieb, a officiellement lancé le Fonds d’indemnisation des dommages agricoles liés aux calamités naturelles (Fidac), lors d’une journée d’information sur le fonds qui a été organisée hier, conjointement, par le ministère de l’Agriculture et la Caisse tunisienne d’assurances mutuelles agricoles (Ctama), l’assureur chargé de la gestion du Fidac.
Ce nouveau fonds inscrit dans la loi de finances 2018 a finalement vu le jour. Il devra faire office d’un véritable filet de sécurité pour les divers acteurs du secteur agricole et de la pêche. « L’absence d’un système d’assurance agricole permettant d’indemniser les pertes causées par les aléas climatiques a poussé les parties prenantes, en l’occurrence les ministères de l’Agriculture et des Finances et les représentants du secteur, à mettre sur pied un fonds d’indemnisation », a souligné Samir Bettaieb. Il a ajouté que cette nouvelle approche d’assurance agricole s’est naturellement imposée, compte tenu de l’ampleur des répercussions négatives des changements climatiques sur la filière agricole. « Le coût des pertes agricoles durant les huit dernières années s’élève à 345 millions de dinars. Le total des aides versées par l’Etat pour dédommager les agriculteurs est aux alentours de 131 millions de dinars. Soit 16,4 millions de dinars par an », a précisé le ministre de l’Agriculture.
Un mécanisme d’assurance complémentaire
S’exprimant sur le mode de financement du fonds, Bettaieb a expliqué que les ressources financières reposent sur trois piliers, à savoir le subventionnement de l’Etat à hauteur de 30 millions de dinars par an, les recettes d’imposition (un droit solidaire de 1%) sur une certaine catégorie de produits agricoles et finalement le total des cotisations des adhérents dont le taux a été fixé à 2,5% du coût de la production ou de la valeur du produit déclaré. Quant au plafond de remboursement des dommages, il a été fixé à 60% du coût de la production ou de la valeur du produit déclaré.
L’événement a été également une occasion pour lancer un mécanisme d’assurance complémentaire qui bénéficiera aux employés du secteur agricole et de la pêche. Il permettra aux catégories vulnérables, notamment les non-assurés sociaux ou les adhérents au mécanisme « Ahmini », de bénéficier d’une assurance accident, un capital décès dont le plafond s’élève à 10 mille dinars et du remboursement des frais de soins médicaux.
De son côté, le directeur général de la Ctama, Lamjed Boukhris, a mis en exergue la faible intégration du secteur agricole dans le marché de l’assurance qui est largement inférieure par rapport aux autres secteurs d’activités économiques (30% de moins). Il a souligné, à cet égard, le rôle crucial que jouera ce nouveau fonds dans l’ouverture de l’agriculture sur le secteur de l’assurance. Une entreprise qui favorisera l’épanouissement de l’agriculteur et son implication dans le cycle économique.
Par ailleurs, il est à noter que le Fidac couvre les dommages qui ne sont pas inclus dans le champ d’application de l’assurance conventionnelle, tels que les dommages occasionnés par la sécheresse, les inondations, la grêle et les tempêtes.