Quoi qu’il en soit des mécontentements et des divergences internes, Tahya Tounès bénéficie d’une base militante nombreuse et très diver- sifiée, avec notamment une bonne dose d’anciens destouriens et beaucoup de jeunes cadres que l’ascension fulgurante de Youssef Chahed avait charmés et qui ont un lien fort avec le boss
Les gens l’appellent le parti de Chahed, le «nouveau Nida» ou encore le Titanic. Tahya Tounès, qui possède un groupe parlementaire respectable, a fait, c’est inévitable, des mécontents dans ses rangs. Tahya Tounès, c’est ce parti en qui des millions de nidaïstes ont placé tous leurs espoirs en vue de reconstruire l’épopée de leur parti d’origine éclaté en plusieurs formations, celui de feu Béji Caïd Essebsi : Nida Tounès, né de l’«Appel de la Tunisie» lancé par BCE à tous les Tunisiens, en vue de se mobiliser pour agir à rééquilibrer l’échiquier politique national que dominait, alors, l’islamisme nahdhaoui.
Les débats sont vivaces et les perspectives diverses, au sein de ce parti qui a été, à l’épreuve des législatives, le seul vrai rescapé de la grande mouvance nidaïste. Le fait qu’il soit présidé par le chef du gouvernement a sans doute joué dans l’évaluation des perspectives.
L’annonce, par certains médias, ce matin, de l’exclusion de 31 cadres de renom n’a donc pas été une véritable surprise, sauf que le parti a vite démenti, à l’initiative de son chargé de l’information, Ali Baccar, affirmant qu’aucun gel ou exclusion n’a été prononcée et que seul le conseil de discipline est habilité à prendre une telle décision. Donc ni Zohra Driss, ni Sahbi Ben Fradj, ni Anis Ghedira, tous trois membres du Conseil national, n’ont été gelés. Attendons voir la réaction des intéressés et de leurs nombreux collègues dont les noms ont été évoqués, dont certains ont, se rappelle-t-on, avaient pratiqué, par le passé, le tourisme politique.
Mais Tahya Tounès est désormais une carte maîtresse dans le camp des modernistes, de même que le PDL de Abir Moussi. Et l’on évoque même l’éventualité qu’il soit associé à la formation du nouveau gouvernement.
Le drame de ce parti c’est qu’il s’est construit dans l’adversité du double conflit avec Hafedh Caïd Essebsi et Béji Caïd Essebsi, par le propre fils spirituel du défunt président, Youssef Chahed. Et son édification a été menée à distance, juste coordonnée par Slim Azzabi qui venait de lâcher le chef de l’Etat dont il était le chef de cabinet. D’où une démarche spéciale, avec un processus cybernétique qui a réussi à accélérer les choses mais qui n’a pas laissé suffisamment mûrir la relation, surtout que le père du projet ne voulait pas apparaître sur la photo de famille.
D’un autre côté, il ne faut pas oublier qu’après l’échec du congrès de Nida Tounès, la masse des nidaïstes était divisée et ses leaders très hésitants, au point que ceux qui se sont retrouvés au sein de Tahya Tounès l’ont été, dans une cer- taine mesure, par le fait du hasard. L’objectif profond étant, chez la majorité des nidaïstes historiques, de réunifier le parti du Président.
Et puis, comme dans tout parti, la préparation des listes électorales laisse forcément des mécontents. Et à ceux-là viennent s’ajouter les candidats non élus et les militants qui au vu des scores se demandent s’ils ont bien fait de choisir ce parti.
Maintenant, et quoi qu’il en soit des mécontentements et des divergences internes, Tahya Tounès bénéficie d’une base militante nombreuse et très diversifiée, avec notamment une bonne dose d’anciens destouriens et beaucoup de jeunes cadres que l’ascension fulgurante de Youssef Chahed avait charmés et qui ont un lien fort avec le boss.
Lors de construction du parti, Azzabi disait que ce parti démarrait fort avant même d’exister. Le fait que quelques dizaines le quittent à Sousse où à Mahdia ne l’empêcherait pas de poursuivre son chemin.
