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Le consommateur tunisien peut tirer le secteur vers le haut


Bien que la conscience de la nécessité d’une consommation bio et saine commence à se développer en Tunisie, le marché bio peine à se développer localement.


On pense instinctivement que manger bio c’est manger sain. Mais, aujourd’hui, les formes d’agriculture se multiplient, de quoi déstabiliser le consommateur… Le plus important c’est qu’on contribue à préserver nos ressources naturelles, nos sols, nos plantes…notre santé et l’être humain.

Moins de pesticides, moins de risque de contamination
Aujourd’hui, on peut trouver jusqu’à 26 pesticides différents sur un même fruit, et parmi les plus contaminés, on cite la pomme ou le raisin, deux fruits à forte consommation en Tunisie… Privilégier les fruits et légumes bio, c’est, donc, limiter les risques de contamination par ces pesticides dont on sait maintenant qu’ils sont de puissants perturbateurs hormonaux. Par ailleurs, plusieurs cancers et autres maladies sont causés par des produits chimiques dont on se sert en agriculture depuis des dizaines d’années. De plus, certaines allergies alimentaires sont aussi liées à l’ingestion de résidus de pesticides et de certains additifs alimentaires. Mais grâce à l’agriculture bio, on est parvenu à diminuer les traitements chimiques utilisés dans les produits agricoles et les parties prenantes sont en train de trouver d’autres traitements qui contiennent moins de risque et qui viennent agir pour l’environnement, le développement, la santé…

Si on veut dénombrer les avantages de l’agriculture bio, il faut parler du plus important au moins important. Outre la santé, le développement régional et la protection de l’environnement, les méthodes d’agriculture biologique régénèrent le sol qui est à la base de la chaîne alimentaire. L’utilisation intensive de produits chimiques et la monoculture sont des pratiques qui causent l’érosion et l’appauvrissement des sols en détruisant les micro-organismes. Les pratiques de l’agriculture biologique sont basées aussi sur la diversité des cultures et les procédés naturels de fertilisation comme l’usage des composts pour bâtir et maintenir la fertilité du sol. Un autre point aussi important : ces pratiques protègent et conservent l’eau qui devient aujourd’hui rare dans notre pays. Entre autres, elles éliminent l’utilisation des produits chimiques de synthèse qui polluent les cours d’eau et les nappes phréatiques.

Qui sont vraiment les consommateurs bio ?
A l’époque, on disait que l’agriculture bio est une mode et qu’elle va prendre un peu de temps avant de disparaître. Aujourd’hui, la démonstration est faite que ce n’est pas le cas et ce concept est devenu une véritable industrie. Mais en Tunisie, la situation diffère, car ce secteur est en train de se dessiner. Malgré le grand potentiel qui existe, notre pays accuse un grand retard, par rapport à plusieurs pays à l’instar de l’Inde qui nous dépasse largement. Cela revient essentiellement aux coûts très élevés de la production, au manque de financement et surtout à l’absence de conscience de la population tunisienne quant à cet enjeu.

Cependant, une nouvelle mentalité et une nouvelle forme de perception commencent, aujourd’hui, à paraître sur le marché tunisien. Il s’agit d’une prise de conscience qui est en train de s’instaurer et le consommateur a commencé à poser les vraies questions et à demander les produits bio. Mais le problème est que la demande nationale n’est pas encore identifiée. Il est vrai que les opérateurs (notamment privés) ont ouvert une vingtaine de points de vente dans différentes régions. Il est vrai qu’ils ont (un peu) leurs consommateurs. Il est vrai qu’ils sont en train d’orienter les gens vers ce concept… Mais tout cela reste insuffisant pour développer le marché, qui est très loin de son potentiel, avec une demande embryonnaire. Pour le développer, il est indispensable d’organiser les filières. L’organisation du secteur permettra, par la suite, de multiplier la demande internationale et nationale. Il faut donc prendre filière par filière et aller vers des marchés ciblés et identifiés pour chaque produit.

Pour ces raisons et autres, la majorité de nos opérateurs ont choisi le marché international où ce secteur est développé par filière. Le marché de l’huile d’olive n’est pas forcément celui de la tomate sèche ou des dattes. On est aujourd’hui capable de produire bio, mais pour quels marchés ? Si le Tunisien ne cherche pas le bio, la demande à l’international est en hausse continue et elle est identifiée. On sait où se trouve le marché et comment y aller. Il n’y a pas de problèmes. En France, par exemple, on a enregistré pendant ces dernières années une croissance incroyable en matière d’agriculture bio. C’est le consommateur français qui est en train de tirer ce secteur vers le haut. La Tunisie est sur les mêmes pas, car les gens sont aujourd’hui conscients et ils ont peur pour leur santé et leur environnement, mais beaucoup reste à faire. Donc, les motivations pour développer ce secteur ne manquent pas. Le marché local n’est pas exclu, mais il n’est pas encore identifié.

A cet égard, si les producteurs qui souhaitent exporter sont confrontés à la difficulté de mobiliser des moyens logistiques importants et de produire plus, lorsqu’ils souhaitent vendre localement, ils doivent surmonter un autre type d’obstacle : se faire connaître, alors que le bio manque fortement de visibilité en Tunisie, la communication se faisant essentiellement sur les réseaux sociaux. L’autre difficulté à laquelle est confronté le marché local du bio concerne la commercialisation à grande échelle. Dans les supermarchés de Tunis, on peut trouver des produits certifiés «bio», mais ils sont issus de marques étrangères et importées. Le coût du produit est alors doublé. Les produits du terroir tunisien, eux, sont vendus en boutique.

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