Depuis l’Antiquité, la Tunisie a toujours été un carrefour civilisationnel, beaucoup de peuples sont passés par la Tunisie et par la Méditerranée. Des zones géographiques comme l’Italie, l’Espagne, ou encore le Maghreb ont subi des dominations. Souvent, ces occupations étaient synonymes de dévastation politique, économique, culturelle… parfois, les peuples occupants ont apporté progrès, tolérance et prospérité.
Si nous prenons comme exemple la domination arabo-normande en Sicile (827-1198), le visiteur se rend tout de suite compte de l’importance et de la grandeur que ces deux dominations ont représenté pour l’Italie. Mais ça n’a pas été toujours le cas…
La Tunisie, comme le reste du Maghreb, a vu passer sur son territoire différentes civilisations, de l’époque ancienne à l’époque moderne, allant des Phéniciens/Carthaginois aux Romains… pour finir avec les Turcs et les Français.
Etant le centre de la Méditerranée, la Tunisie s’est toujours placée comme une terre d’asile ou bien d’accueil. Nombreux furent les Siciliens, les Maltais, les Grecs, les Espagnols… qui s’y installèrent même avant le protectorat français (1881-1956). A la fin du protectorat, beaucoup d’entre eux, notamment pour des raisons politiques liées à la jeune République Tunisienne, décidèrent bon gré mal gré de quitter le pays de leurs aïeux et de s’installer en France, en Italie ou ailleurs.
La déchirure fut lacérante et la plaie de cette séparation jamais guérie.
Une partie de cette population décida d’y rester et de ne jamais quitter la Tunisie. Aujourd’hui, parfaitement intégrés, ces patriotes cuisinent tunisien, parlent tunisien…
D’autres encore ont choisi de revenir après de longues années de séjour en Europe, et d’élire leur domicile en Tunisie, là où leurs familles étaient nées et avaient vécu depuis le XVIIe siècle.
Ces gens ne s’appellent pas Mohamed, Aziz ou Fatima, mais plutôt Jean, Joseph, Carlo… car tout au long de leur présence en Tunisie, ils ne se sont jamais convertis à l’Islam, comme tant d’autres musulmans qui, vivant en Europe depuis des générations, n’ont jamais embrassé la religion chrétienne.
Les non-musulmans de Tunisie sont donc restés chrétiens, juifs ou autres… et francophones. Ces Tunisiens, auxquels souvent on ne reconnaît pas le droit à la nationalité tunisienne (régie par le code de la nationalité tunisienne de 1956, refondé en 1963), pour des raisons parfois inexplicables… aiment la Tunisie, travaillent pour la Tunisie et paient leurs impôts en Tunisie ! A première vue, dirait-on, des citoyens à part entière…
Mais pour revenir au titre de l’article, est-ce-que les Italiens, les Grecs, les Français, les Espagnols DE Tunisie et non pas EN Tunisie (la différence est primordiale et nécessaire) peuvent vivre dans leur pays sans être discriminés à cause de leur nom, de leur religion ou tout simplement parce qu’ils s’expriment dans la deuxième langue du pays, le français?
Est-ce que c’est normal que dans un pays moderne post-révolutionnaire comme la Tunisie, trilingue, tunisophone, francophone et arabophone, ouvert sur la Méditerranée, peut-on encore de nos jours s’entendre dire par une petite frange de la population, certes, «De quoi tu te mêles, tu n’es pas Tunisien» ?
Peut-on encore écouter des émissions à la télé ou à la radio, où le Tunisien non musulman est traité honteusement et violemment de mécréant, «keffer» par certains journalistes, ou par certains élus du peuple sans que la justice n’intervienne?
Peut-on encore en 2020 se faire insulter sur les réseaux sociaux si on s’exprime en français plutôt qu’en tunisien ou en arabe, tout simplement parce que des complexes interviennent sur la psyché de certains mortels qui, paradoxalement, feraient de tout leur possible pour envoyer leurs enfants dans les écoles françaises ou américaines ou, émigrer en Europe, aux USA ou bien au Canada !
Quelles explications pouvons-nous donner à ces phénomènes d’intolérance, voire de violence?
S’agirait-il de populisme, entendu comme un courant de pensée politique, souvent démagogique, soutenant des solutions simplistes à différents problèmes sociaux, économiques et politiques ?
S’agirait-il de nationalisme, terme qui désigne aussi des mouvements politiques voulant exalter une nation sous toutes ses formes : Etat, langue, religion, culture, tradition… par opposition aux autres nations et populations ? Ou encore, sans vouloir chercher midi à quatorze heures, s’agirait-il tout simplement de la bêtise humaine ?
N’oublions pas que la diaspora tunisienne vivant en Europe, ou au Canada, est nombreuse et que l’Europe, premier partenaire économique et commercial de la Tunisie (France et Italie en tête), observe son voisin attentivement et de près, octroyant des nationalités selon les conditions prévues par la loi, prêtant très attention aux droits des uns et des autres… punissant sévèrement sur le territoire UE tous ceux qui s’attaquent aux citoyens européens d’origines, langues et religions différentes, car on sait pertinemment que la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres.
D’ailleurs, plusieurs villes européennes, américaines ou canadiennes à forte densité d’immigrés, affichent toutes les informations officielles de la mairie, les noms des rues, les pancartes ou autres en plusieurs langues et sans aucun complexe.
Les villes de Mazara del Vallo en Sicile pour les tunisophones, de Miami ou San Francisco aux USA pour les hispanophones devraient servir d’exemple et la liste est encore bien longue !
A ce propos, la municipalité de La Marsa, ville progressiste et cosmopolite, a réagi immédiatement et dans la bonne direction à certaines remarques de ses citoyens francophones, publiant les informations adressées aux citoyens en arabe avec traduction française.
Hernest Renan, écrivain, philologue, historien français du XIXe siècle, disait que «Les vrais hommes de progrès sont ceux qui ont pour point de départ, un respect profond du passé».
Et vous, qu’en pensez-vous ?
SERGE CHALET
31 mai 2020 à 08:24
Excellent article pour la liberté le respect et la tolérance en Tunisie un si beau pays
Skander BB
31 mai 2020 à 11:31
En réponse à votre question je poserai la question autrement :
Est-ce que les noms : Mohamed, Ali, Hamza, Abd-allah, Omar, Othman, Ibrahim, Khadija, Fatma, Zeineb, Halima, Aisha… etc sont des noms musulmans ? Est-ce que pour être musulman il faut avoir un nom musulman ? Et en fait c’est quoi un nom musulman ?
Ma réponse est résolument négative.
Ces noms sont profondément arabes et païens. Ils n’ont aucun lien avec l’Islam en tant que religion et non nation. Le concept nation musulmane est une invention postérieure à la révélation, réponse à une nécessité d’ordre politique. D’ailleurs il n’y a jamais eu de nom musulman et l’Islam n’a ni inventé, ni contraint les nouveaux convertis à changer ni leur nom ni leur langue ni leur culture et le meilleur exemple est le prophète lui-même.
Selon la tradition le prophète, à sa naissance, ses parents lui ont donné le nom de Mohamed. Mohamed a porté ce nom pendant les premiers quarante ans de sa vie entant que païen, certes non convaincu de la pratique de ses contemporains, les rejetant tel un nouvel Abraham, mais toujours est-il un nom non musulman, vu l’Islam n’existait pas encore. Mohamed n’a reçu la révélation, la lettre de sa mission de messager que vers son quarantième anniversaire.
Si Dieu voulait faire changer le nom païen de Mohamed en un nom portant la marque du renouveau monothéiste, définissant ainsi le rôle important du nom dans la profession de la foi, tel un baptême, il l’aurait ordonné à Mohamed, tout comme il l’avait fait avec Abraham qui s’appelait Abram avant la révélation de sa nouvelle mission, de même avec Sarah qui s’appelait Saraï ou encore avec Israël qui s’appelait Yacoub. Les exemples de ce genre d’ordres divins sont nombreux dans le judaïsme naissant, mais jamais de trace dans l’islam naissant, ni même à la clôture de la mission prophétique de Mohamed au moment de la Khotbet el wadaia.
Il est de toute évidence que l’Islam n’ordonne absolument pas de changement de nom ni d’ailleurs de circoncision pour embrasser la nouvelle foi. Aucune trace, aucun verset dans le Coran n’évoque, n’ordonne, n’impose ces deux pratiques post-révélation, qui, pour moi, relèvent plus une forme d’acculturation, d’assimilation à la nation naissante arabe qu’à la foi islamique. D’ailleurs le coran dit, il n’y a aucune différence entre un arabe et un aajami (non arabe) que par la foi et la bonne conduite.
En effet, la question de changement de nom lors de la conversion vers l’Islam ne sait jamais poser comme essentielle pour la profession de foi, durant les deux premières décennies de l’Islam tout simplement parce qu’elle n’avait pas lieu d’être. Au début, les conquêtes musulmanes avaient essentiellement lieu en terre arabe (la péninsule arabique ou grâce à la langue parlée et aux commerces en terre assimilée arabe (moyen et proche orient).
Mais dès que les conquêtes arabes avaient atteints des cultures complètement différentes, riches, bien anciennes et fières, tel que la Perse, l’Indus, à l’est, l’Empire romain, entre autres nos contrées, au nord et à l’ouest, la question de la culture, de sa symbolique et de sa puissance à unifier les empires s’est imposée de facto.
Ce n’est qu’en ce moment que les arabes avaient réalisé que la nouvelle religion (Islam) est un moyen miraculeux, une manne du ciel pour continuer leur conquête, accumuler les richesses et imposer leur culture à un monde certes toujours puissant et civilisé mais vieillissant. C’était le moment de prendre leur revanche, eux, des tribus à la périphérie de tout, méprisée et vassales des grands puissances voisines perses, romaines et abyssiniennes (pour ce qui est dusud de l’Arabie).
Le projet d’acculturation et d’assimilation est ainsi né. N’étant pas nombreux, ni une grande civilisation, ils avaient compris la puissance de l’arabisation des cultures fraichement colonisées par la conversion vers l’Islam et notamment l’imposition du changement du nom aux nouveaux convertis. En effet sous couvert de la religion et en promouvant l’élection divine de leur genre, un peuple élu, et l’élévation voire la sacralisation de leur langue, langue de la révélation, les arabes conquérants avaient trouvé la formule magique. Pour rejoindre notre peuple, le peuple élu, il ne suffisait pas de professer le serment de la foi mais aussi et surtout s’acculturer en changeant de nom. La circoncision étant pratiquée par une large partie des peuples de l’époque n’était imposé qu’aux chrétiens et aux païens sous couverts de rejoindre la communauté abrahamique qui est le père du rejet du paganisme, le père fondateur du monothéisme, de la soumission à un dieu unique et invisible et donc par déduction de l’Islam, la religion de Mohamed.
Pour faire revenir à la question posée dans votre tribune et le triste topo que vous dressez, oh que bien vrai, je dirai que l’ignorance de la religion dans nos contrées est telle que les Tunisiens dans presque leur globalité pratique, je me permettrais même de dire, singe un islam inventé qui n’a rien avoir avec la vraie foi. Depuis presque mille ans les auto proclamés Olamas de l’Islam perpétuent ces pratiquent tout en sachant que cela n’a rien a voir avec l’Islam. Personnellement je trouve ces pratiques particulièrement insultantes autant pour l’individu qu’à l’essence même de l’Islam.
Les autoproclamés protecteurs de Dieu en terre de Tunisie (il semblerait selon eux Dieu a besoin d’une batterie d’avocats pour défendre sa personne et son projet pour sauver l’humanité), de sa sainte langue arabe en l’inscrivant dans la constitution, (car selon eux Dieu parle l’arabe et que les autres langues ne comptent pas au royaume de Dieu) et de défendre ses intérêts politiques (oui il semblerait que Dieu se mêle aussi de la politique et qu’il a besoin de mercenaires politiques pour mener à bon port ses projets en terre tunisienne)… etcetera … etcetera… etcetera, Il ne serait pas choquant de voir et de lire des aberrations de ce genre de la part de certains journalistes, certains politiciens, certains universitaires. Le fait d’ignorer l’Islam entant modèle du bon vivre ensemble dans le respect de la différence et de lui faire porter l’habit de la sectarisation, de l’exclusion et de la marginalisation de l’autre est purement et simplement un choix qui porte un projet politique utilisant tout ce qui est disponible pour assoir son pouvoir. Ce que nous vivons aujourd’hui en Tunisie est une affirmation de plus en plus revendiquée d’un projet politique sectaire, dogmatique qui, surtout, n’a rien à voir vers l’Islam.
Les souffrances des minorités culturelles, religieuses, ethniques tunisiennes ne sont que la conséquence de l’ignorance choisie, affirmée et revendiquée par la majorité tunisienne qui se revendique musulmane. Et lorsque vous posez la question en quel islam vous croyez… ils répondraient nous appartenant au vrai islam. Celui des sunnites malikites. Le reste c’est un islam faussé, perverti, voire des kuffars, et c’est incontestablement là où le bas blesse.
Pour finir, je me permettrai de rappeler que les peuples arabes et arabisés ne sont pionniés dans la bêtise. Ils n’ont rien inventé dans ce sens. Les chrétiens et les juifs, pour ne citer que ceux avec qui on parage la même religion (le monothéisme), avaient fait et continue de faire la même bêtise, la même monstruosité.
Malheureusement ce mal humain est encore et est toujours d’actualité. L’homme une fois atteint un certain pouvoir nie à son congénère sa différence, sa spécificité en cherchant soit à l’acculturer, l’assimiler entant que citoyen de seconde zone, ou à le stigmatiser, le rejeter et le communautariser.
La bêtise humaine est énorme et nos contrées malheuresment n’y échappent pas.
Ali KHELIFI
31 mai 2020 à 22:24
Vous avez évoqué les phéniciens, les carthaginois les turcs et les français et je pense que vous avez ignoré délibérément les arabes, la civilisation arabo musulmane dont nous sommes profondément imprégné.
Je tiens à vous rappeler et je vais inverser les choses, oui Monsieur vous n’êtes pas français si vous vous appelez Mohamed au pays des droits de l’homme et de la démocratie.
Oui Monsieur si vous appelez Mohamed ou Ali en France vous aurez les pires problèmes pour trouver un logement ou un travail et pire encore et là c’est la véritable frustration si vous êtes cadre, médecin ou pharmacien et vous êtes fonctionnaire français vous n’aurez presque jamais de promotion ou une fonction, seuls Joseph et Jean ont droit à ce genre de choses.
Vous ne pouvez pas comparer la situation de Joseph et Jean en Tunisie avec celle de Mohamed et Ali en France ou ailleurs en Europe.
Croyez moi que je n’ai rien contre personne, c’est juste une simple réflexion qui s’appuie sur du vécu et non pas arbitraire.
Joseph et Jean sont bien respectés. Nous travaillons ensemble qu’ils soient de nationalité tunisienne ou pas mais ce n’est pas le cas de Mohamed et Ali, vous ne pouvez pas imaginer leurs souffrances et frustrations.
Je vous prie d’arrêter de diabiloser et incriminer les uns et d’innocenter les autres soi-disant victimes chez nous parce qu’ils ne s’appellent pas Mohamed ou Ali.
Imaginez un instant si vous êtes en France de nationalité française et vous vous appelez Mohamed et vous vous mettez à parler en Arabe, quelle serait la réaction de vos concitoyens français.
Je pense qu’il n’y a pas une ville aussi cosmopolite que Paris et pourtant je n’ai pas vu des réactions aussi positives que celle de la mairie de la Marsa.
Soyons objectifs avec un peu plus de réflexion.
Mou
31 mai 2020 à 23:37
Ce long article n’a aucun sens de réalité et son rédacteur ne vie pas avec nous .en Tunisie tolerente même avec ceux qui ont volée sa richesse…
salah derbel
1 juin 2020 à 13:00
Concernant votre question « s’agirait-il tout simplement de bêtise ? ». J’ai appris qu’il ne faut jamais attribuer à la malveillance ce que l’on peut attribuer à la bêtise. Il faut toujours expliquer les phénomènes de la manière la plus simple. L’intelligence est l’ennemi principal des islamistes. Tant que la bêtise reigne, ils seront les rois de la Tunisie. Et ils feront tout pour le rester.
M
Torki
1 juin 2020 à 13:04
Il ne faut sûrement pas s’appeler momo pour être tunisien: Hannibal, Kahina, Didon, Magon, Augustin, Frédéric etc…plus tunisiens qu’eux, tu meurs!
Amazighy
1 juin 2020 à 13:20
C’est drole que vous parlez de minorités neo-coloniales et pas des tunisiens berberes qui sont ignorés alors qu’ils etaient là avant le « multiculture » quand on denonce une inegalité ok fait en sorte de ne pas en créer car la Tunisie est trilangue certes mais arabophone tunisophone et « berberophone » le Français devra tendre a disparaitre au profit de l’anglais car le français un mauvais cauchemar du passé qu’on aura vite oubliés…
Nino G. Mucci
1 juin 2020 à 17:49
Malheureusement, comme a bien mis en exergue le Prof. Campisi, il s’agit pour l’administration tunisienne d’un balayage de complexes qui n’a rien a voir avec la culture ou l’identité nationaliste. Au moins si on ne doit inclure la bêtise dans la culture nationale républicaine.
Un pays de tradition arabo-nationaliste comme l’Égypte a récemment adopté un processus administratif d’intégration de tout étranger, voulant se faire adopter par le Pays des pharaons, sans aucune discrimination de race ou de religion…Mais il vaut mieux de ne pas approfondir ce discours, si non risquerons-nous d’être rattrapés par la « guerre des axes » en Afrique du Nord. Un conflit très peu culturel, et absolument pas « fraternel »…
Finalement, la réalité est pourtant évidente. La discrimination, faut bien le souligner est souvent déclinée au masculin… On est dans ce pays africain, parfois plus de 20 ans, parfois mariés à des indigènes, parlant son dialecte, connaissant son histoire, sa profondeur de civilisation, sa culture, mais nous ne sommes pas adopté comme de citoyens naturalisés… Si cela ne s’appelle » racisme » c’est quoi alors le racisme?
Nino Gaetano Mucci – Activiste indépendant pour les Droits Humains
Jugurtha
1 juin 2020 à 20:20
Notre grand malheur est bien de sous-estimer, voire marginaliser par ignorance ou dessein, notre identite profonde reelle: Tamazight. Cette tare pourrait en partie expliquer notre schysophrenie legendaire. Les peuples divers qui s’inviterent en Afrique du Nord s’adapterent aux peuples autochtones et a leurs cultures tout en apportant du leur. Avec cette perspective d’une culture mere Tamazight, il n’y a point de place pour l’intolerance et la negation de l’autre.