Comme le secteur public (administratif ou économique) est saturé, le privé reste l’unique issue pour vaincre le chômage chez les jeunes. En effet, la Tunisie, qui passe actuellement par une situation économique difficile, supporte mal le manque flagrant d’informations relatives à la création de nouveaux projets par les jeunes promoteurs. Le taux actuel de chômage dépasse les 17%.
M. Slim Kaabi, manager du bureau RAI (représentation, assistance et intermédiation), nous donne d’amples éclairages sur les solutions urgentes à appliquer, destinées à promouvoir le secteur de l’emploi. Entretien.
La résorption du chômage est-elle possible actuellement dix ans après la révolution du 14 janvier 2011 et après la période de confinement ?
Le confinement qui a débuté au mois de mars dernier, et qui a duré presque trois mois, a engendré l’accentuation du chômage. En effet, environ 2.000 entreprises privées exerçant dans les domaines du textile et habillement et du cuir et chaussures à travers la République connaissent actuellement des difficultés énormes au niveau de la commercialisation des produits fabriqués suite à la fermeture des frontières terrestres et maritimes ainsi que du trafic aérien au cours de la période de confinement général.
Actuellement, on recense un taux de chômage dépassant les 17% où des milliers de chômeurs au niveau national attendent des solutions urgentes.
Une frange importante de chômeurs peut être sauvée à travers des mesures adéquates et possibles à appliquer, à savoir la diminution des taxes de production (notamment la TVA et les taxes sur les bénéfices), la lutte contre l’importation sauvage des produits fabriqués dans les pays méditerranéens riverains.
D’après vous, comment réglementer et organiser l’importation ?
Auparavant, dans les années 70 et 80, toute importation nécessite l’obtention d’une licence d’importation délivrée par l’Office du commerce, et ce, pour protéger nos fonds de devises.
Aujourd’hui, il faut réglementer le commerce extérieur et notamment l’importation par l’institution obligatoire d’une licence délivrée par le ministère du Commerce.
L’importation doit être axée sur les produits de nécessité en pénurie dans le pays (produits électro-ménagers, électroniques, cosmétiques, agroalimentaires, chaussures, vêtements…..). Elle doit être fixée et établie annuellement selon les besoins. Cependant, il faut convaincre le citoyen à consommer les produits tunisiens afin d’encourager et de protéger l’économie nationale.
La résorption du chômage est-elle liée à la dynamisation de l’exportation et à l’augmentation de la production ?
Bien évidemment, l’augmentation de l’exportation de nos produits industriels et agroalimentaires garantirait davantage le recrutement de jeunes chômeurs ainsi que l’augmentation de la production.
Néanmoins, on a noté une diminution de l’exportation de ces produits ce qui a entraîné une baisse de la production et la fermeture de quelques entreprises en faillite actuellement. En outre, il est à signaler que nos industriels sous-estiment et négligent tout ce qui concerne l’exportation qui leur permet une réduction de la taxe sur les bénéfices (réduite actuellement à 10% au lieu de 25% établie 10 ans auparavant).
Il s’agit en fait de changer la mentalité de l’opérateur économique tunisien (commerçant ou industriel) par la reconsidération de son champ d’action qui doit englober et viser les marchés extérieurs, dans le monde entier et notamment le continent africain.
A noter que la Tunisie a exporté en 2016 des chaussures pour un montant de 1.000 milliards, de l’huile d’olive moyennant une enveloppe de 2.000 milliards (5% conditionnées et 95% en vrac) et des dattes pour un montant de 500 milliards (20% conditionnées et le reste en vrac). Il faut donc insister sur la nécessité d’augmenter le conditionnement de nos produits agricoles (huile d’olive et dattes) pour vendre plus cher et garantir des bénéfices plus appréciables afin de sauver l’économie nationale.
Néanmoins, l’exportation des TIC (technologies de l’information et de la communication), des produits de nanotechnologie et de micro-électronique doit être, illico presto, examinée dans tous ses détails par l’Etat afin de garantir l’autonomie de la production, la vente et l’exportation vers les marchés de l’Asie, d’Amérique, d’Afrique…
La maison de l’investisseur serait-elle la solution idéale pour la création de nouveaux projets par les jeunes promoteurs mal informés ?
Évidemment, il est urgent de penser à la création de la « maison de l’investisseur» qui siégera à Tunis. Cette maison réunirait tous les représentants des institutions chargées de la création de nouveaux projets économiques pour les jeunes (Apii, Cepex, centres techniques sectoriels, institut national des statistiques, Cotunace, Société de factoring et Sotugar), et ce, afin de faciliter l’accès à l’information nécessaire pour connaître les démarches administratives se rapportant à la création de nouveaux projets.