Qui a dit que le phosphate et le pétrole constituent des … «richesses» pour le pays ?
A voir ce qui se passe et l’étendue des pertes occasionnées par les jours de grève, l’activité destructrice des lobbys, les moyens de transport incendiés, les routes coupées, les recrutements forcés pour «acheter» la paix sociale et bien d’autres agissements qui, de toutes les façons, ne sont nullement dénués d’arrière-pensées politiques, et même… terroristes pour ébranler l’Etat, nous ne pouvons nous résoudre à traiter ces réactions scandaleuses que sous leur aspect menaçant. Une menace certaine sur ce que des générations successives ont édifié pour que la Tunisie nouvellement indépendante devienne un pays qui se respecte.
Dans une de ses interviews, le défunt Roi du Maroc, Hassan II, n’avait pas mâché ses mots en répondant à un journaliste français qui lui faisait part de ses craintes face aux tentatives de voir la Tunisie imploser à la suite des événements de Gafsa. «On ne pourra jamais faire imploser un pays comme la Tunisie, car dans ce pays il y a un peuple. Il faudrait des dizaines de bombes atomiques pour en venir à bout. Et encore !»
C’est que ce pays en a connu des épreuves, mais à chaque fois, il a su se relever et reprendre le dessus sur bien des adversités grâce à la qualité des hommes et des femmes qu’il a enfantés et formés.
C’est dire que lorsque nous assistons à ces honteux duels pleins de haine et d’irrespect total aux convenances, nous ne devons absolument pas nous affoler.
Reprendre le travail
C’est un orage qui finira par passer. Nous perdrons bien entendu du temps, mais… nous reviendrons à plus de raison et nous serons bien forcés de reprendre le travail pour récupérer cette dizaine d’années de tâtonnements et d’hésitations qui ont fini par miner tout ce qui a été jusque-là réalisé.
Mais comme il n’est pas interdit de rêver, nous devrions faire en sorte que nos futurs stratèges mettent en place une politique où on ne devrait plus tenir compte de ce que représente le phosphate ou les quelques gallons de pétrole que nous possédons et qui aujourd’hui représentent beaucoup plus des causes d’ennuis, que de l’apport dont bénéficie notre économie.
Le pétrole ou le phosphate, le Japon, n’en possède pas. La Suisse également. Ces pays ont investi dans l’innovation, le sérieux, le savoir-faire, au service de petites et moyennes entreprises qui ont littéralement couvert le paysage économique et financier. Cela suppose que l’on peut nous ouvrir à d’autres activités et faire fructifier ces cerveaux que nous découvrons de jour en jour. Ces jeunes, qui s’acharnent à se faire recruter dans la fonction publique, où ils finiront par perdre tout ce qu’ils ont acquis sous le joug d’une administration dépassée et sous la chape de plomb des lenteurs administratives, seront sans doute plus utiles dans des secteurs plus vivaces, qui ouvrent leurs bras à ceux qui possèdent courage, ingéniosité et savoir-faire.
L’agriculture, un pilier incontournable
Et cette agriculture qui est capable de nourrir ce peuple et de contribuer à apporter son soutien à ceux qui sont moins nantis que nous. Un secteur que l’on continue de négliger pour conforter ceux qui, justement, profitent d’une production limitée, pour imposer leur diktat.
Il est en effet établi que pour écraser ces requins voraces et impitoyables, il faudrait augmenter la production. Ils ne pourront jamais tout rafler et il en restera toujours des quantités énormes à mettre sur le marché. Ils seront étouffés par leur propre voracité.
L’agriculture représente 14% du PIB. Elle assure 20% des emplois fixes. Elle assure le double de ce que ramène le tourisme, alors qu’elle bénéficie de moins que la moitié des crédits bancaires alloués. Mais…il ne suffit pas de produire.
Il faudrait mettre en place des mécanismes de régulation et de contrôle, avoir des capacités de stockage à l’abri des convoitises, des marchés à l’étranger que l’on fidélisera par la qualité, la ponctualité et l’opportunité.
A voir la qualité des fruits qui nous parviennent des chambres froides, leur goût, leur présentation avec ces affreuses étiquettes que l’on colle à tort et à travers, il y a de quoi regretter cette époque où on vivait avec le minimum, mais en consommant des fruits succulents ou des légumes qui sentent bon.
Par leurs propres moyens
Toutes les semaines, la radio Shems FM nous présente un certain nombre de jeunes Tunisiennes et Tunisiens qui ont réussi par leurs propres moyens. Ils se sont imposés sur le plan national et au niveau international dans divers domaines. Au départ et pour certains d’entre eux, ce n’était point leurs spécialités. Mais ils ont bravé toutes les difficultés, se sont formés et ont démarré d’un rien pour atteindre les sommets. C’est passionnant et remarquable.
Ces milliers de doctorants et ces centaines de milliers de jeunes possédant des diplômes, qui attendent depuis des années qu’on leur donne du travail, ne sont-ils pas capables d’en faire autant ? Ils en sont capables, mais ont peur de se prendre en charge d’abord, craignent les tracas que l’on crée de toutes pièces face à tous ceux qui voudraient voler par leurs propres ailes.
On a beau présenter des chiffres pour faire croire que l’on s’en occupe. Ces banques créées pour les assister pensent-elles qu’elles sont arrivées à saturation alors que des centaines de milliers de jeunes servent de combustible pour tous ceux qui voudraient attiser les flammes de la discorde, ou devenir de la nourriture pour les poissons ?
Des terres récupérées et après ?
Ces centaines et ces centaines d’hectares de terres récupérées en grande pompe, à quoi serviront-elles?
Pourquoi ne pas les confier à ceux qui sont disposés à les exploiter à l’effet de leur éviter de retomber en friche ? On pourra les mettre en valeur à l’image de ce que fait l’Armée à l’extrême sud ? C’est beaucoup plus rentable et plus digne pour ceux qui sont, soi disant, recrutés, dans le cadre d’un hypothétique reboisement.
Bien entendu, il faudrait que l’on s’en occupe réellement, qu’on déblaie le terrain devant eux, qu’on les encourage à former des coopératives, où ils seront assistés, encadrés, conseillés, et au sein desquelles ils seront associés, donc intéressés.
La Tunisie est un des pays qui se flattent de posséder un nombre élevé de jeunes inventeurs. La pandémie, qui avait frappé le pays de plein fouet, a mis en exergue cette force créatrice. Y a-t-il eu un suivi pour encourager et prendre en main ces jeunes à l’effet de leur permettre de développer leur savoir-faire ?
Le langage de la vérité
De toutes les façons, il faudrait parler à ces jeunes diplômés chômeurs le langage de la vérité. L’Etat n’est pas capable de recruter des centaines de milliers de personnes à la fois, mais est en mesure d’aider tous ceux qui ont le courage d’y aller, financièrement, logistiquement et surtout moralement jusqu’à leur permettre de voler de leurs propres ailes.
Dire le contraire tiendrait du mensonge et de la contre-vérité.
Ce n’est pas parce que nous possédons quelques richesses que l’on doit pomper intensivement, au risque de couler les entreprises les plus solides. Oublions le phosphate et les quelques barils de pétrole et même ces plages paradisiaques, investissons dans les services et dans la valeur ajoutée dans ce que nous sommes capables de créer et de produire. Prenons exemple sur les pays qui l’ont fait et qui ont réussi.
Liberte
24 juillet 2020 à 08:17
Alors on a quoi qui a de la valeur, d’autres ont des idées mais la Tunisie n’a pas idée ou elle d’érigé. On empreinte beaucoup d’argent mais on nous donne aucune explication à quoi il va servir, des sociétés nationales qui sont en difficulté financière ne savent quoi faire et on va vers le cahot total. Qui peut sauver le soldat tunisien ?