Le départ du ministre de la Culture, Walid Zidi, n’arrange en rien la situation pour laquelle les acteurs culturels se sont réunis lundi matin et leurs voix se sont levées pour dire «Laissez-nous mourir du corona plutôt que mourir de faim et de chômage ! A quoi bon vouloir nous protéger du Covid si vous ne nous laissez pas le droit à une vie digne, mais, cette fois, nous ne mourrons pas en silence».
Il a suffi de quelques heures après la rencontre du ministre de la Culture, Walid Zidi, avec les artistes et intermittents du spectacle en colère à la Cité de la culture pour qu’il soit limogé et remplacé par Habib Ammar, ministre du Tourisme, qui assurera l’intérim. Une décision qui tombe tard dans la nuit du lundi 6 octobre, en réaction directe avec les déclarations de Zidi qui a failli aux règles du fonctionnement gouvernemental qui implique solidarité et discipline, et s’est, en apparence, rangé du côté des protestataires. Ce manquement aux règles n’est peut-être pas une surprise, c’est une occasion en or pour Zidi de «sortir par la grande porte», puisqu’il savait et ne ratait pas une occasion pour le dire qu’il est partant et qu’il ne comptait pas s’attarder à ce poste. Il n’a pas omis de le répéter encore une fois lors de cette rencontre avec les artistes. «Je ne tarderais pas à partir», a-t-il dit, séance tenante.
Le départ du ministre de la Culture, Walid Zidi, n’arrange en rien la situation pour laquelle les acteurs culturels se sont réunis lundi matin. «Les mesures du chef du gouvernement ont été décidées dans un conseil ministériel restreint auquel je n’ai pas été convié», a déclaré Zidi sur les ondes de Shems FM. Ce qui fait que les mesures annoncées par H. Mechichi relatives à l’arrêt des manifestations culturelles sont tombées comme un couperet interrompant une saison culturelle qui commence à peine, des projets qui reprennent, un souffle qui a du mal à reprendre après la léthargie subie depuis mars dernier.
«Laissez-nous mourir du corona plutôt que mourir de faim, de chômage, à quoi bon vouloir nous protéger de la Covid si vous ne nous laissez pas le droit à une vie digne», se sont lancées les voix des artistes. Personne ne semble se préoccuper du l’avenir du secteur qui est devenu totalement paralysé, personne ne se soucie de quoi vivent ces 30 mille acteurs culturels si la vie culturelle s’arrête.
Si les autres secteurs, comme les commerces et les cafés, ont pu négocier le maintien de leur activité, quelle alternative avait préparé le ministère de la Culture et quel plan d’action a-t-il mis en place et proposé au gouvernement pour protéger le secteur des conséquences de la Covid-19 ? Aucune, d’où l’indignation des artistes et intermittents.
Pourtant, les espaces culturels ont bien préparé leur saison. Le respect du protocole sanitaire est réellement de rigueur, et ce, bien avant le discours de Mechichi ; la distanciation est respectée, et l’ouverture de la semaine du théâtre qui a eu lieu à la Cité de la culture vendredi dernier en est un parfait exemple. Une liste de présence à l’entrée, un quota ne dépassant pas les 30% de la capacité de la salle, masque et gel désinfectant obligatoires, un parcours Covid bien tracé et la désinfection des lieux avant et après les représentations. Ces mesures sont faciles à appliquer dans tous les lieux de la culture, entre salles de spectacle, de cinéma, galeries, bibliothèques, etc.
Maintenant que le ministre est limogé pour non-respect des décisions du chef du gouvernement, le secteur culturel est revenu au point zéro, car les manifestations et les activités culturelles resteront suspendues, la visibilité est nulle, et les perspectives obscures tant qu’il n’y aura pas un discours et un positionnement forts et précis qui mettraient en évidence la sensibilité du secteur sur un pied d’égalité que les autres. Et au lieu d’applaudir les discours désespérés de ceux qui sont sous sa tutelle quand ils annoncent une grève de la faim pour protester contre leur condition, comme l’a bien fait M.Zidi, à la place des théâtres, il aurait fallu poursuivre le travail entamé avec la mutuelle des artistes et des intermittents du spectacle sur le dossier de la Cnam et de la Cnss et, surtout, le statut de l’artiste qui, nous ne le répèterons pas assez, est d’une urgence cruciale.
Encore une fois, le secteur se retrouve au point de départ, appelant tous les ministres de la Culture, l’actuel et les prochains, de ne jamais perdre de vue la dignité de l’artiste.
MaRx
8 octobre 2020 à 05:20
Pourquoi ne pas faire comme certains artistes mondiaux qui ont organisé des spectacles virtuels ?