Illustration: Paresh Nath/U.T. Independent, Inde / CagleCartoons.com
Par Abdel Aziz HALI
Alors que tous les regards sont tournés vers le brûlant conflit dans le Nagorny Karabakh — une enclave ethnique en Azerbaïdjan du sud-ouest — entre les Arméniens, alliés à la république d’Arménie, et la république d’Azerbaïdjan, Ankara a annoncé, avant-hier, que le navire d’exploration sismique « Oruc Reis » reprendrait ses activités, au large d’îles grecques, dans une zone potentiellement riche en gaz naturel dans la région, jusqu’au 22 octobre, déclenchant l’ire d’Athènes.
Si le ministre grec des Affaires étrangères, Nikos Dendias, a pointé du doigt une «escalade majeure» et «une menace directe pour la paix et la sécurité », Washington et Berlin ont de nouveau mis la pression sur leur allié turc pour mettre fin aux « provocations » dans un contexte international très fragile.
«Nous exigeons que la Turquie cesse cette provocation délibérée et entame immédiatement des pourparlers préliminaires avec la Grèce», a déclaré la porte-parole du département d’Etat américain Mme Morgan Ortagus dans un communiqué. « La coercition, les menaces, l’intimidation et les manœuvres militaires ne vont pas résoudre les tensions en Méditerranée orientale», a-t-elle renchéri.
Un avis également partagé par Berlin qui exhorte la Turquie à ne pas fermer « la fenêtre du dialogue » qui s’est ouverte fin septembre avec la Grèce.
«S’il devait effectivement y avoir de nouvelles explorations du gaz turc dans les zones maritimes les plus controversées de la Méditerranée orientale, ce serait un revers majeur pour les efforts de désescalade», a souligné, hier, dans un communiqué le ministre allemand des A.E. Heiko Maas.
« Ankara doit mettre fin au cycle de la détente et de la provocation si le gouvernement est intéressé par des pourparlers — comme il l’a assuré à plusieurs reprises », a fait savoir le chef de la diplomatie de la république fédérale d’Allemagne qui devait se rendre en Grèce et à Chypre pour évoquer cette crise greco-turque.
Il faut dire que la Turquie demeure sous la menace de sanctions économiques du Club des 27 (l’Union européenne), prêtes à être «utilisées immédiatement».
«Si Ankara poursuit ses actions illégales, nous utiliserons tous les instruments à notre disposition», avait déjà averti la cheffe de l’exécutif européen (la Commission européenne) Ursula von der Leyen.
Outre les tensions diplomatiques et militaires entre Ankara et Athènes suite au déploiement par la marine turque, du 10 août à la mi-septembre, du bateau d’exploration sismique, — le très controversé « Oruc Reis » –, escorté de navires de guerre; ces derniers mois, la Turquie a déjà entrepris des forages dans les eaux de la république de Chypre: ce qui a été vivement dénoncé par l’Union européenne et la France.
« Les Turcs ont engagé une action de forage dans les eaux sous souveraineté chypriote. Nous avons décidé de mettre en place un régime-cadre de sanctions si, d’aventure, la Turquie poursui- vait ces opérations. Nous allons prévoir une présence militaire dans cette zone », a même déclaré Jean-Yves le Drian, ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, lors d’une audition au sénat, le 14 octobre 2019.
Et le président turc Recep Tayyip Erdoğan n’a jamais caché ses intentions sur les gigantesques gisements gaziers — «Zohr», «Leviathan» et «Aphrodite» — respectivement découverts au large de l’Égypte, d’Israël et de Chypre, comme en témoigne la signature le 27 novembre dernier d’une entente visant à renforcer leur coopération militaire avec le Gouvernement d’union nationale (GNA) dirigé par Fayez Al-sarraj, ainsi qu’un protocole d’accord sur la délimitation de ses eaux économiques avec la libye.
Il est à rappeler que le président de la république turque n’a cessé de profiter des conflits régionaux (les guerres en syrie, en libye et entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie) pour asseoir son pouvoir empreint de nationalisme, en jetant de l’huile sur le feu pour ne pas dire de l’eau dans le gaz.
Solidarité turcophone oblige, à part le soutien militaire et politique d’Ankara à Bakou face à Erevan, le Premier ministre arménien Nikol Pachinian n’a cessé d’accuser le gouvernement turc d’être derrière l’envoi de mercenaires syriens pro-turcs pour prêter main-forte aux forces azerbaïdjanaises dans les affrontements armés dans le Haut-Karabakh.
En effet, à la chute de l’URSS, le Nagorny Karabakh, majoritairement peuplé d’Arméniens chrétiens, a fait sécession de l’Azerbaïdjan, provoquant au début des années 1990 une guerre ayant fait 30.000 morts.
Certes, malgré des heurts réguliers, le front est pratiquement au point mort depuis la trêve en 1994, mais tout porte à croire que l’« Usta » (Maître) turc et fervent défenseur de la doctrine « Yurtta harp, cihanda harp » (Guerre dans la patrie, guerre dans le monde) a trouvé dans le conflit du Haut-Karabakh ainsi que dans les provocations aux larges des îles grecques un moyen pour raffermir son expansionnisme néo-ottoman.
A.A.H.
kamal derbali
19 octobre 2020 à 12:28
je ne comprend pas cette haine envers Erdogan surtout dans les medias pourris en tuinsie,,,l´homme ne fait que defendre les musulmans et les ennemis de l´islam ne cessent de le maudir tout en glorifiant les vrais criminels comme Macron,Trump,Ben zaied,Essissi,,,un monde bizarre sans moral