Le phénomène de la fuite des cerveaux, qui s’explique notamment par une crise structurelle de la gestion des ressources humaines, constitue un obstacle à la construction d’une économie forte en termes de diversification, de compétitivité et de création de richesse et d’opportunités de croissance et d’emploi.
Le constat est sans appel, la Tunisie ne cesse de perdre ses compétences scientifiques en l’absence de toute stratégie nationale visant à faire face à ce phénomène devenu inévitable dans certains secteurs. Si la fuite des médecins et du personnel soignant d’une manière générale se fait sentir pendant cette crise sanitaire, de nombreux autres domaines connaissent le même sort : des compétences qui décident de tout plaquer pour fuir la Tunisie vers de nouveaux horizons, certes plus opportuns financièrement, mais aussi pour d’autres raisons.
Les nombreux gouvernements qui se sont succédé après le 14 janvier n’ont pu trouver de solution pour faire face à cet exode massif des compétences tunisiennes, notamment dans le domaine scientifique, et aujourd’hui, c’est la communauté nationale qui paie le prix cher de l’absence d’une stratégie visant à offrir de meilleures conditions à ces compétences, devenues une devise dans le monde entier. France, Allemagne, Canada, pays du Golfe, Etats-Unis, les portes du monde entier sont ouvertes à ces Tunisiens qui se sont distingués dans plusieurs domaines, ils sont d’ailleurs accueillis à bras ouverts par des firmes internationales qui leur offrent tous les atouts : salaire généreux, conditions socioprofessionnelles irréprochables et surtout un environnement social exemplaire.
Dernièrement, ce sont les données et les déclarations avancées par le ministre de la Défense, ayant pris la forme d’un cri d’alarme, qui nous rappellent cette triste réalité. En effet, lors des travaux de la trente-huitième session de l’Institut de défense nationale, Ibrahim Bartaji, ministre de la Défense nationale, a affirmé que plus de 95 mille compétences tunisiennes ont quitté le pays depuis 2011, la plupart d’entre elles travaillent dans la médecine, l’ingénierie et les technologies de l’information.
Un chiffre si alarmant au point que le ministre s’est montré inquiet quant aux répercussions de cette situation sur la sécurité nationale même. « Cela induira des répercussions négatives sur la sécurité nationale d’autant plus que les compétences nationales représentent un capital intellectuel et scientifique, une locomotive pour l’économie, et un moteur de développement par rapport aux priorités nationales à l’heure actuelle », s’est-il inquiété.
Ces chiffres présentés à l’issue des travaux et recherches de l’Institut de défense nationale attestent que les pays européens ont recruté 60% de ces compétences, tandis que les États-Unis d’Amérique et le Canada en ont attiré 25%, et les pays du Golfe et l’Afrique 15%.
Si pour cet institut, le phénomène de fuite des cerveaux s’explique notamment par une crise structurelle de la gestion des ressources humaines, cela constitue un obstacle à la construction d’une économie forte en termes de diversification, de compétitivité et de création de richesse et d’opportunités de croissance et d’emploi.
Exode de médecins
Les conséquences directes de ce fléau qui met à mal, en effet, plusieurs secteurs, se font sentir notamment durant cette crise sanitaire. Manque de médecins spécialistes, d’infirmiers et de professionnels de la santé, les hôpitaux publics souffrent d’une carence inquiétante en personnel soignant. Au fait, l’exode des médecins et d’une manière générale des professionnels de la santé ne date pas d’aujourd’hui. Le phénomène remonte à 2012 lorsqu’un grand nombre de médecins avaient quitté le pays, notamment pour la France et l’Allemagne.
La Tunisie compte, à l’heure actuelle, plus de 15 mille médecins en activité et chaque année, le nombre de nouveaux médecins augmente. Si à chaque promotion, un contingent de médecins fraîchement diplômés débarque sur le terrain avec une volonté inébranlable, un nombre considérable de jeunes médecins, mais aussi de médecins bénéficiant d’une grande expérience, décident de quitter le pays vers un avenir meilleur. Mauvaises conditions de travail, difficultés du secteur de la santé, conditions parfois extrêmes, manque d’équipements, etc. poussent souvent les blouses blanches à l’exode. En tout cas, la migration des médecins tunisiens a toujours suscité un grand débat. Si les uns dénoncent cette fuite des cerveaux, d’autres pointent du doigt le manque d’opportunités de carrière en Tunisie pour ces jeunes médecins.
Le secrétaire général de l’ordre des médecins, Nazih Zghal, avait annoncé que 1500 médecins projetaient de quitter le pays au cours de l’année 2019. Et d’ajouter que jusqu’à 4.000 médecins ou cadres paramédicaux de la santé publique ont quitté leurs postes en 2018 entre émigration et départ à la retraite.
Le secteur de l’ingénierie ne fait pas mieux. Pire encore, son attractivité aux yeux des ingénieurs est de plus en plus affaiblie au profit de l’émigration vers les pays européens et américains.
D’ailleurs, selon les estimations de l’Ordre des ingénieurs tunisiens (OIT), environ trois mille ingénieurs quittent annuellement la Tunisie pour décrocher un travail à l’étranger avec des salaires allant de 2.500 à 3.000 euros par mois pour les débutants. A cet effet, l’OIT pointe l’absence de conditions favorables du marché de travail tunisien, notamment les salaires mensuels variant entre 1.000 et 1.200 dinars.
Said
14 novembre 2020 à 11:18
Avec ganouchi et ENNAHDHA et mes dits democrates qui s’allient avec eux et beji qui nous a encore fait couler et ettakatol le CPR BENDU LE PAYS EST AU PLUS BAS
David Kacem
14 novembre 2020 à 12:05
Ce n’est pas seulement le salaire qui attire les jeunes, mais aussi le respect et la liberté.
Lamjed
5 décembre 2020 à 23:09
Fuire les rétrogrades et le manque de liberté.