Le continent africain est aujourd’hui un gisement d’opportunités, mais la présence tunisienne demeure malgré tout timorée. Auparavant, et dans le subconscient d’une bonne partie des chefs d’entreprise tunisiens, l’Afrique est synonyme de guerres, de maladies et d’instabilité politique. Une perception qui se traduit par une frilosité des patrons qui ne s’aventurent que rarement vers ce continent. Néanmoins, un renversement de tendance semble se dessiner depuis quelques années. Le courant d’affaires avec l’Afrique se renforce.
C’est un fait, la Tunisie, depuis quelques années, avait le regard tourné plutôt vers l’Europe et d’autres contrées. Mais aujourd’hui, elle a saisi l’enjeu de l’Afrique et la nécessité d’un redéploiement sur le continent, insufflant ainsi une nouvelle dynamique aux relations de coopération et de partenariat. Le jeu en vaut la chandelle. Le continent offre des taux de croissance et de profitabilité des projets plus importants qu’ailleurs.
L’Afrique offre de grandes opportunités pour les métiers où les Tunisiens détiennent un savoir-faire confirmé, notamment en matière d’infrastructures, d’habitat, de TIC et de grands ouvrages. L’Afrique se réveille et a besoin d’un savoir-faire que nous maîtrisons déjà.
Une nouvelle adresse pour les affaires
Depuis quelques années, les opérateurs économiques tunisiens s’accordent à reconnaître que l’Afrique sera la locomotive de la croissance mondiale. Néanmoins, des fragilités demeurent dans les échanges de projets de collaboration Sud-Sud qui peinent à se mettre en place. L’objectif réside dans l’examen des possibilités de booster la coopération entre les pays africains, d’ancrer la dimension africaine, notamment en Tunisie, d’identifier les nouveaux modes de coopération entre opérateurs économiques ainsi que les secteurs porteurs, de passer de l’intégration sous-régions à une intégration globale… En effet, pour mieux ancrer la dimension africaine dans ses différentes actions de partenariat, la Tunisie a mis en œuvre une stratégie en la matière visant à répondre à sa faible intégration en Afrique.
Faut-il rappeler que l’Afrique représente, en 2013, uniquement 3,3% du total de nos exportations et 0,3% du total de nos importations, soit 116 MD. Pour ce qui est des investissements, les indicateurs montrent que sur les 49 accords bilatéraux conclus entre la Tunisie et le reste du monde, huit seulement concernent les pays de l’Afrique subsaharienne. L’exploitation des potentialités offertes exige un grand effort de prospection, de financement et d’assurance des exportations, avec notamment un accompagnement dont doit bénéficier chaque opérateur dans sa démarche d’ouverture. Dans ce cadre, la vision africaine de l’organisation non gouvernementale «Tunisia Africa Business council» et son programme d’action sont focalisés sur l’accompagnement institutionnel du gouvernement aux hommes d’affaires tunisiens en Afrique subsaharienne. Car ce soutien ne peut que renforcer la démarche d’ouverture des entreprises tunisiennes pour conquérir de nouveaux marchés en Afrique et renforcer les exportations du pays.
Regain d’intérêt
Les entreprises vivent de plus en plus un regain d’intérêt pour l’Afrique, cette «terre promise» aux opportunités multiples. Celles de bâtiment et de travaux publics remportent davantage de contrats importants de projets d’infrastructure, de logements sociaux, d’hôpitaux, de ports et d’aéroports, etc., et les réalisent à la satisfaction des pays donneurs d’ordre. La Steg International, en l’occurrence, est devenue rapidement un opérateur dynamique, visible et respecté sur le marché africain, dans l’installation de systèmes et de réseaux électriques.
Même dans le secteur financier, on commence à y avoir une présence remarquée, comme celle d’AfricInvest, d’Amen Bank, etc. Des sociétés tunisiennes de service, en particulier dans le conseil et les études, l’informatique, la santé, etc., orientent leurs activités principalemet vers le marché africain.La présence de la Tunisie est aujourd’hui laissée à l’initiative des opérateurs privés. Pour l’optimiser et l’inscrire dans la durée, cette présence et son intervention au niveau du continent doivent être soutenues par une vision stratégique s’appuyant sur un Partenariat Public Privé et visant à identifier et évaluer la contribution mutuelle de cette présence et de cette intervention au développement partagé et aux intérêts réciproques de la Tunisie et de l’Afrique.
C’est dire enfin qu’il est important de débattre encore davantage les pistes d’intégration de la Tunisie sur le marché africain, car beaucoup reste à faire. Il est d’abord important de revitaliser les relations à travers des actions qui seront menées par les opérateurs économiques. Le rôle de l’Etat demeure toutefois primordial et essentiel pour stimuler les échanges bilatéraux. L’objectif doit être axé sur la facilitation de l’accès des entreprises aux marchés de la région à travers une révision de la logistique de transport des marchandises et des personnes, de la législation fiscale et des changes et la simplification des procédures.