L’avis de l’expert | Mohamed Mkacher : « Il ne fallait pas être si prudent… »

Conscient qu’il affrontait la sélection « Number One » du continent, Mondher Kebaïer a été excessivement prudent, de l’avis de notre spécialiste. 

« Nous avons surestimé la sélection algérienne, ce qui explique la mauvaise entame du match. C’est ce qui nous a compliqué la tâche pour la suite des débats. J’impute la responsabilité de la mauvaise entame du match en partie aux membres de l’équipe nationale, qu’il s’agisse du staff technique ou des joueurs. Nous avons abordé le match avec une idée claire sur l’équipe algérienne. Elle n’était pas méconnue. De même, Djamel Belmadi et ses joueurs ont lu à livre ouvert le jeu de l’équipe de Tunisie. Tout cela pour dire que nous avons notre part de responsabilité dans la mauvaise entame du match, il faut reconnaître aussi que les Algériens nous ont mis dans des situations difficiles. Ils ont opté pour le pressing haut. Ils nous ont complètement effacés durant la première période de jeu. Les Algériens ont obligé notre gardien à remettre le ballon, par des passes courtes, aux axiaux ou aux latéraux. Ainsi, une fois la balle au sol, ils ont  monté en attaque en opérant par un pressing haut, nous obligeant à rester dans notre moitié du terrain, ce qui leur a permis de créer constamment le danger et parvenir à prendre l’avantage. Au fait, ils nous ont imposé leur style de jeu tout en nous empêchant de développer le nôtre. D’ailleurs, quand on écoute les déclarations d’après-match de Djamel Belmadi, il a fait savoir qu’il avait visionné notre sélection qui aime bien poser le ballon par des passes courtes et jouer l’attaque placée. C’est pourquoi  on nous a obligés de restreindre la circulation de la balle au niveau des défenseurs. Les Algériens étaient très agressifs et bien organisés dans leur jeu. Pour leur faire face, il fallait disposer de joueurs techniquement très forts. Or, en matière de relance et de contrôles orientés, nos quatre défenseurs et nos joueurs de milieu ne sont pas aussi pointus techniquement.

Pour faire face au pressing haut de l’adversaire, soit on opère par de longues passes en profondeur, mais sans balancer des balles,  histoire de s’en débarrasser. Par ailleurs, ils nous ont privés de beaucoup de ballons, lorsqu’ils nous ont pressés au point que nous étions incapables de faire cinq passes d’affilée tout au long de la première mi-temps.

Il est vrai aussi que le dispositif de jeu mis en place par Mondher Kebaïer était trop prudent. Toutefois, il ne faut pas lui en vouloir car il était conscient qu’il allait affronter la sélection africaine la plus forte, « la Number One ». C’est une sélection qui dispose dans ses trois lignes des meilleurs joueurs, à commencer par le gardien de but. Il suffit de savoir dans quels clubs évoluent leurs quatre défenseurs, leurs milieux de terrain ou encore leurs attaquants. Sincèrement, nous avons affronté une sélection meilleure que nous à tous les niveaux. Il est donc tout à fait normal que le sélectionneur national se montre prudent face à un adversaire beaucoup plus fort. Toutefois, j’avoue que Mondher Kebaïer était un peu trop méfiant. Il ne fallait pas oublier non plus que c’était un match amical. Il fallait être prudent, mais pas trop. Car c’était l’occasion de tenter de nouveaux schémas tactiques, de donner leurs chances à des joueurs pour s’exprimer devant le champion d’Afrique en titre.

Il s’est avéré aussi qu’Aïssa Laidouni et Elyes Skhiri avaient des profils similaires. Concernant Wahbi Khazri, c’est un attaquant de couloir et non pas de pointe. A chaque fois on l’aligne comme avant-centre, on le pénalise et on se pénalise nous-mêmes car c’est comme si on évoluait à dix. Khazri, je le connais depuis que j’étais adjoint en sélection nationale. Partout où il a joué en en clubs ou à ses débuts en sélection, il a toujours donné le plus quand il a évolué sur le couloir gauche. Par ailleurs, il y a quelque chose d’édifiant lors des deux dernières sorties amicales : aligné en pointe, il a tendance à décrocher à gauche. Et même si le staff technique national n’a pas le choix assez large pour le poste d’avant-centre, personnellement je préfère aligner un attaquant de pointe de métier même s’il est moyen qu’un joueur qui n’évolue pas dans son registre. Kebaïer aurait pu aligner Seifeddine Jaziri et, par la suite, juger de son apport en sélection. Nous sommes en train de perdre Wahbi Khazri, un grand joueur pétri de qualités. Il ne peut être utile que sur le couloir gauche. C’est une évidence !

Les changements opérés en deuxième mi-temps étaient utiles, notamment celui d’Ali Maâloul. Au fait, nous n’avons pas de latéral gauche qui a le haut niveau d’Ali Maâloul. Il a été à l’origine de quatre à cinq actions offensives, contrairement à Wajdi Kechrida qui m’a un peu déçu. Enfin, en deuxième mi-temps, quand nous avons développé notre style de jeu et en nous montant agressifs à notre tour, nous n’avions pu subi le jeu de l’adversaire et démontrer quelque chose sur le terrain. C’était mieux que rien ».     

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