Changement de la loi animale en Tunisie: Ça commence à décoller à l’ARP…

Un vieux proverbe dit : «Qui veut noyer son chien l’accuse de la rage». Et ce qu’on constate, c’est que nos gouvernants, actuels et précédents, s’attachent à appliquer, depuis des années, ce proverbe au mot et à la lettre près, sans état d’âme aucun. Mais, aujourd’hui, avec une société civile plus responsable et plus active, l’heure du changement a sonné…

Depuis un bon moment, les activistes pour la protection animale en Tunisie sont en état d’alerte et ne cessent de publier des photos et des vidéos sur les réseaux sociaux, qui montrent et qui donnent une vision globale sur la situation désastreuse des animaux errants en Tunisie où les abattages de chiens errants continuent dans la majorité des municipalités, dans les rues, les cités, les quartiers même les plus populaires du pays…Ces défenseurs de la cause animale déplorent aussi les difficultés que les refuges privés rencontrent et plaident pour le changement de la loi de protection animale en Tunisie, qui date de dizaines d’années. Mais pour initier le changement, il faut faire bouger les choses et s’attaquer à l’origine du mal : dans sa forme actuelle, la fameuse loi de protection animale ne prend pas en considération la condition animale, étant donné que, dans le code pénal tunisien, il n’existe aucune loi pour protéger les animaux errants et les autres espèces et, faute de politique globale de stérilisation, les animaux prolifèrent et meurent dans les rues. Pour ce faire, une pétition a été déposée à l’ARP, dans une tentative de faire bouger les lignes politiques et faire de la cause animale une cause nationale et un enjeu majeur. Aujourd’hui, ces efforts commencent à porter leurs fruits sur le terrain.

Commencer par le commencement…

Prétextant cinq cas de rage depuis janvier 2021, le ministère de la Santé a annoncé une campagne d’abattage des chiens errants sur tout le territoire tunisien à l’heure où des solutions existent et ont, bel et bien, prouvé leur efficacité (comme la méthode TNR), mais qui ne sont pas appliquées par les autorités. Le gouvernement n’a démontré aucune volonté de surfer sur cette vague pour protéger la population, que ce soit les citoyens et pas plus les animaux errants. C’est Djerba qui en a fait les frais et a ouvert la marche, dès le 1er juin 2021, tandis que d’autres municipalités se sont empressées de suivre les directives du ministère de la Santé, en publiant les arrêtés d’abattage sur leurs pages Facebook, ce qui a provoqué la réaction scandalisée et la colère des activistes tunisiens, qui dénoncent cette gestion par la peur de la problématique de la surpopulation animale et de la rage.

Fabienne Pauls, présidente de l’association “Un toit pour toi”, située sur l’île de Djerba, déclare que les abattages des chiens errants est une solution stérile qui prétend se substituer aux campagnes de stérilisation. «L’OIE (Organisation mondiale de la santé animale), l’OMS (Organisation mondiale de la santé) et la FVE (Fédération des vétérinaires européens) estiment tous que l’abattage des chiens errants est inefficace et que la stérilisation est la seule solution qui a fait ses preuves», souligne-t-elle. Pour sa part, l’Association “l’Arca di Noé in Tunisia”, par l’intermédiaire de sa présidente Stella Fricano, a, quant à elle, contacté le maire de Djerba Midoun, Lassaâd Hajjam, pour apporter son aide. Ce dernier semble vouloir, lui aussi, mettre fin à ces pratiques destructrices et archaïques qui n’ont pas prouvé leur efficacité.

Par ailleurs, dans la nuit du 9 au 10 juin à Hammam-Chott, les bruits des détonations et les gémissements des animaux blessés ont retenti durant toute la nuit… Et donc, les nuits qui suivent étaient meurtrières, puisqu’il est prévu quatre jours pour mener cette action “terrible”, et on peut se demander à qui le tour dans les prochains jours.

Faire pression sur les autorités

Fidèle à ses principes et valeurs, le groupe Facebook “Tunisia Animals Voice” a lancé des appels demandant à la communauté de réagir par des messages postés sous les publications des municipalités. Le groupe insiste sur ce mode d’action collective, qui a pour but de faire pression sur les autorités et les amener à réagir. Cette action a été lancée depuis le mois de décembre 2020 où les activistes avaient exprimé leur désapprobation, après les abattages sur le Grand-Tunis, qui avait abouti au communiqué de la mairesse de Tunis annonçant la fin du carnage. Il faut, cependant, rappeler que des municipalités ont refusé d’appliquer cette méthode inhumaine, comme La Goulette, Ariana, Tunis, La Marsa, Soliman et récemment Gabès, qui ont créé chacun leur Centre qui fonctionne avec le succès que l’on connaît.

D’autre part, les maires de Sousse, Radès et Raoued ont pris la décision de suivre le mouvement. Pour leur part, les municipalités de Oued Ellil et La Manouba et le poste de police de Omran Supérieur ont été sensibles aux messages lancés sur les réseaux sociaux et ont rencontré les activistes et membres des associations pour travailler sur la création de Centres de stérilisation et de vaccination. Celle de Tamarza est prête à collaborer et invite les bénévoles et associations à se manifester.

Dans ce même cadre, une manifestation a été organisée le 12 juin devant la municipalité de Hammam-Chott, pour demander de cesser les abattages. Mais les activistes veulent aller plus loin et souhaitent une action commune dans toutes les villes tunisiennes pour porter haut la voix des «sans voix» jusqu’à ce que leurs droits soient reconnus par une loi.

L’ARP à l’heure de la cause animale

Et donc, tout le monde s’accorde à dire que s’il y a une volonté, il y a un chemin… Après ce travail intense, tous les ingrédients y sont, mais il est clair que seuls les amendements à la loi de protection animale pourront graver dans le marbre toutes ces avancées et obliger les autres municipalités à faire de même. Dans ce même cadre, les bonnes nouvelles ne manquent pas, puisque le jeune député Farès Blel s’est engagé à faire avancer ce dossier —la pétition pour le changement de la loi animale en Tunisie— pour mettre tous les animaux errants sous la responsabilité des municipalités et, de fait, elles devront s’engager dans cette voie et ne plus avoir recours aux abattages. Ce jeune député a tenu, aujourd’hui, ses engagements et annonce qu’il compte déposer le texte des amendements à l’ARP, le 4 octobre 2021, une date symbolique qui coïncide avec la journée des animaux…

Même si le chemin est encore long dans ce combat, cette bonne nouvelle donne des ailes et plus de courage à ces activistes qui essaient, avec tous les moyens qu’ils possèdent, de changer cette situation : la pétition et le texte à l’ordre du jour sont un premier pas avec des mesures utiles, et ce rêve s’approche de plus en plus de la réalité avec une ARP à l’heure de la cause animale.

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