La Tunisie devrait combler un vide juridique qu’est la loi sur le droit d’asile. Son adoption ne peut plus attendre.
Un seul réfugié privé d’espoir, c’est déjà trop ! Mais, que faut-il faire avec plus de 80 millions recensés dans le monde, sans gîte ni couvert ? Comment va- t-on agir pour que ces réfugiés retrouvent la paix et la sécurité ? L’Unhcr en est fort conscient, mais une mobilisation massive dans ce sens peut faire la différence. Décrétée il y a vingt ans, la Journée mondiale du réfugié, célébrée le 20 juin de chaque année, est une marque de reconnaissance à la dignité humaine. C’est aussi une occasion de sensibiliser à la cause de ces personnes forcément déplacées ayant fui leur foyer et leur pays d’origine. Les soucis et préoccupations d’une population sociale en marge de l’histoire des nations sont légion. Nombre parmi elle ont pu s’exprimer et exposer leurs talents à la Cité de la culture à Tunis, où une manifestation festive a eu lieu à cette occasion.
Sous nos cieux, comme ail- leurs, la Journée mondiale du réfugié, fêtée malgré la pandémie, a été placée, cette année, sous le signe « Ensemble on se soigne, on apprend et on rayonne ». Trois maîtres-mots qui en disent long sur l’état des droits humains dont sont souvent privés autant des réfugiés. Des mots qui traduisent, manifestement, les maux dont ils souffrent, dans le silence strident des gouvernements. En fait, le slogan scandé, cette fois-ci, par l’Unhcr dans le monde entier souligne l’intérêt d’axer les efforts nationaux sur l’inclusion et la solidarité avec une frange sociale sans soutien. «Nous appelons à une plus grande inclusion des réfugiés dans les systèmes d’éducation, de santé et du sport. Ce n’est qu’en travaillant ensemble, réfugiés, demandeurs d’asile, organisations, gouvernements, société civile et autres partenaires que nous pourrons nous remettre de la pandémie», ainsi plaide-t-on en cette journée. Un tel appel fut déjà lancé, depuis longtemps.
Hommage à la Tunisie
En cette journée, l’Unhcr- Tunisie, qui vient de fêter ses 58 ans, soit 13 ans après sa création par l’ONU, œuvre à changer d’outils et de stratégie pour être plus proche des réfugiés. Signataire, en 1951, de la convention internationale relative au statut des réfugiés, la Tunisie, témoigne-t-on ainsi, n’a pas ménagé d’efforts pour apporter son soutien et mettre ses structures concernées à disposition. « On remercie, infiniment, la Tunisie et toutes les forces vives de la société pour l’accueil et l’hospitalité qu’elles réservent aux réfugiés, mais aussi pour leur appui indéfectible à cette cause humanitaire», s’exprime Mme Hanane Hamdane, représentante du HCR-Tunisie. L’appui tunisien se traduit, d’après elle, par l’engagement du pays à faciliter l’accès à l’éducation, aux services de soins médicaux et aux autres prestations d’ordre socioculturel et sportif. Le Conseil tunisien pour les réfugiés (CTR), élisant domicile à Alain Savary à Tunis, se présente comme partenaire stratégique à l’Unhcr. Le CTR, nous fait savoir son coordinateur du volet partenariat, Fethi Henia, veille à tout ce qu’ont besoin les réfugiés dès leur arrivée, tout en leur apportant l’assistance et le suivi requis. «400 enfants déjà inscrits dans nos écoles et des étudiants réfugiés poursuivent leurs études universitaires en Tunisie», indique-t-il.
Droits garantis
Du reste, la célébration de cette journée constitue, pour elle, une opportunité pour mettre la lumière sur les défis dont font face les réfugiés. Sans pour autant perdre de vue leur rôle à jouer dans les pays d’accueil. Volet éducation, on demande la création des bourses d’études et des possibilités d’éducation pour les jeunes déplacés et un meilleur accès au numérique pour les étudiants réfugiés. En ce contexte de pandémie, il y a lieu de faire en sorte que les réfugiés aient accès aux vaccins, aux soins, aux médicaments et au soutien psychologique nécessaire à leur stabilité sociale. Idem pour le sport, cet excellent moyen de guérir, de se développer et de s’épanouir. Trois secteurs, où la Tunisie, comme le révèle l’Unhcr, a fait de son mieux pour permettre à plus de 8 mille réfugiés sur son sol d’avoir accès à l’école, à la santé et aux activités de sport et de loisirs. D’ailleurs, des conventions cadres ont été signées dans ce sens, le but étant de favoriser leur insertion socioéconomique. Leur droit à l’emploi demeure, alors, un attribut de dignité et de bien- être.
«Ensemble, on peut tout réussir», voilà le message fort significatif que l’ONU voudrait adresser à tout le monde en cette journée, toute parti- culière. Or, cela ne saura se réaliser de façon unilatérale. L’Unhcr appelle, ici, à une mobilisation communautaire pour le grand bonheur des millions des réfugiés de par le monde. La Tunisie devrait, de son côté, combler un vide juridique, la loi sur le droit d’asile. Huit ans plus tard, son adoption ne peut plus attendre.