LE comité scientifique de lutte contre le Covid était clair et direct : il fallait décréter un confinement général de deux ou trois semaines pour essayer de contourner cette énième, mais cette fois très dangereuse, vague de contaminations. Le « scientifique » penchait pour cette douloureuse mesure paralysante sans doute, mais le « politique » et l’« exécutif » ont dit non. Toute la contrariété est là : le décideur politique à qui revient la dernière décision ne pouvait pas (et non ne voulait pas) aller dans le sens d’un confinement général pour une simple raison : la contrainte économique est telle qu’on ne peut plus se permettre d’arrêter la machine économique ( déjà grippée) et mettre en danger des milliers de postes d’emploi.
D’un côté, l’Etat n’a plus de finances pour dédommager comme il faut le manque à gagner des industriels, commerçants et salariés lors du confinement général et, de l’autre, les opérateurs économiques allaient se rebeller contre tout arrêt du circuit économique sous prétexte de difficultés économiques. Une contrainte si étouffante qui rend la marge de manœuvre du décideur très réduite et qui va contre le bon sens médical et scientifique. Aujourd’hui même et avec cette monstrueuse propagation de l’épidémie, une grande partie des Tunisiens n’accorde aucune importance aux mesures anti-Covid. Non pas forcément par inconscience, mais plutôt par obligation. Ils sont des dizaines de milliers à travailler dans la précarité, ils sont des milliers à gérer des commerces et des sociétés dans une conjoncture économique austère, ils sont donc « obligés » de fréquenter des endroits peuplés, de se déplacer entre les régions. C’est une contrainte économique qui rend cette bataille face au Covid très pénible et aussi hasardeuse. Seul remède pratique pour atténuer le risque du « non-confinement » : accélérer la vaccination. Si on veut continuer avec un train de vie assez normal, si on veut sauver ce qui reste à sauver de nos entreprises et des postes d’emploi, il faut acquérir des vaccins et toucher le maximum de personnes actives. Sinon, on va rester en situation de stand-by : situation économique très pénible, indicateurs au rouge et obligation de se déplacer et de travailler sur place dans maints secteurs, et en même temps une contagion qui monte en flèche et qui a, rappelons-le, ses effets économiques ( arrêt et régression de divers secteurs). Un dilemme pas très confortable et toujours cette variable économique qui dicte tout en ce moment. Une sorte de cercle vicieux.