Moëz Kamoun vient de mettre fin à son cinquième long métrage de fiction «Le toucher» avec pour tête d’affiche Emna Kouki, Hamza Negi et Ahmed Ferchichi. Il nous en parle.
Il s’agit d’un drame social dont la durée est de 87 minutes . Il a été tourné en 2021 en Tunisie . Pour résumer, c’est l’histoire d’une infirmière et d’un brancardier qui a mal tourné , ce qui a conduit la mère de l’infirmière à la marier à un non-voyant pour faire taire les mauvaises langues , mais son passé la rattrape toujours.
Jusque-là vous n’avez fait que des drames sociaux …
Mon premier film était « Paroles d’hommes » et je me suis rendu compte que je suis plus ou moins à l’aise dans ce genre de film. Mais dans chaque film, j’essaie d’améliorer ce que je fais en rajoutant une petite touche et d’être beaucoup plus proche des personnages . C’est le cas, d’ailleurs, avec ce nouveau film qui est beaucoup plus intimiste et qui va plus loin en fouillant dans la psychologie des personnages.
Depuis l’adaptation à l’écran du roman de Hassen Ben Othmane « Promosport » qui est devenu «Paroles d’hommes», vous n’avez plus eu recours à l’adaptation, pourquoi ?
La première expérience avec Hassen Ben Othman était réussie. Comme c’est une adaptation libre certains des lecteurs de Hassen Ben Othmane ont pensé que j’ai trahi l’œuvre originale. Or le cinéma peut faire dans l’adaptation libre que certains n’assimilent pas malheureusement. Résultat des courses : les gens se sont mis à parler du rapport film- livre plutôt que du film. Mais le film a eu sa carrière dans des festivals à l’étranger. C’est un problème d’approche et de mentalités …C’est très rare d’ailleurs que le public soit satisfait des adaptations, et même les romanciers ne trouvent pas leurs propos à l’écran. C’est peut-être l’une des raisons qui a poussé Milan Kundéra à décider de ne plus faire adapter ses livres par le cinéma. Et puis il y a des livres tunisiens que je lis, mais qui ne m’interpellent pas.
C’est un film que vous avez réalisé sans la subvention de l’Etat. Pourquoi vous continuez de faire des films dans ces conditions ?
Parce que je ne sais pas faire autre chose… .J’ai fait des études de cinéma, j’ai travaillé comme assistant sur des films importants, je trouve que c’est un cheminement normal pour un réalisateur. Comme j’ai investi dans le cinéma en achetant du matériel, cela me permet d’avancer sur le projet ,mais au bout du compte (comme c’est le cas pour ce film) j’attends l’achat des droits non commerciaux de la part du ministère des Affaires culturelles pour pouvoir effectuer les derniers paiements.
Quel est votre avis sur la dernière commission d’aide à la production où il y a eu beaucoup de remous.
Dans les années 90, il y avait 12 ou 15 projets devant la commission d’aide à la production. Aujourd’hui, il y a plus de trois cents projets et on maintient le rythme d’une seule commission par an ! C’est cela qui est incompréhensible. C’est cette situation absurde qui crée ces remous. Il y a des choix que je ne partage pas . Par exemple, le fait que la commission ait des choix artistiques c’est une chose que je n’approuve pas et je trouve que ce n’est pas son travail, mais c’est plutôt le travail d’un festival. Car dans un festival on peut décider quel genre de film et quelles orientation on va choisir selon la ligne éditoriale du festival. Or, c’est une commission de professionnels dont le rôle est de privilégier à la limite et pas d’orienter complètement…