LA décision du parquet près le Tribunal de première instance de Sousse d’interdire la tenue du congrès extraordinaire de l’Ugtt après la constatation de six cas de contamination sur une trentaine d’échantillons prélevés n’a pas empêché le déroulement des travaux de ce congrès.

L’incapacité d’exécuter ce jugement porte gravement atteinte à la confi ance publique en la justice. Nul doute que des tractations ont été menées la veille du congrès qui ont débouché sur des arrangements occultes destinés à satisfaire des intérêts étriqués. Encore une fois, la justice est bafouée et cela prouve qu’elle ne s’applique qu’aux faibles. Une justice paralysée face aux puissants et sous le contrôle du pouvoir. Le caractère inédit de cette affaire où le parquet a institué de son propre chef une instruction et émis un verdict qui n’a pas été respecté ou exécuté, est une gifl e au système judiciaire et une honte dans l’histoire de la 2e République qui livre un combat contre la pandémie. Tous ceux qui ont concouru à l’organisation de ce congrès sont responsables du drame qui en découlera. Ils sont tous impliqués dans l’exposition des habitants de Sousse à un risque élevé de contamination. Comment voulezvous, dès lors, convaincre les gens d’observer strictement les mesures sanitaires édictées ? Comment voulez-vous que le personnel médical, qui est à bout de souffl e, continue à travailler avec le moral en berne ? Les derniers espoirs en un Etat qui veille sur ses citoyens s’évaporent. La vérité est que dans ce combat contre la pandémie nous sommes livrés à nous-mêmes et que celui qui tombe malade ne peut compter que sur ses propres anticorps ou sur la volonté divine pour survivre. L’organisation de ce congrès où le tonitruant Taboubi a imposé sa volonté, est un message de passe-droit et de trafi c d’infl uence.

La Centrale syndicale n’est pas visée, comme il l’a souligné hier, mais son entêtement à maintenir le congrès défi ant l’Etat et ses institutions est la preuve ultime de l’incapacité de la classe politique au pouvoir à faire face à la machine syndicale qui broie tous ceux qui se dressent sur son chemin, fussent-ils ses propres adhérents. Certes, quelques vaillants syndicalistes ont dénoncé ou boycotté les travaux mais ils seront dans le collimateur de Taboubi dans les jours à venir. A ceux qui ont tenu tête, le combat doit continuer.

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