Transition vers une économie durable et circulaire: Ne pas rater le coche

Comme tous les pays de la Méditerranée, la Tunisie est appelée, dans le cadre du «Plan d’action régional sur la consommation et la production durables», à respecter certains aspects environnementaux afin de parvenir, dans les plus brefs délais, à une économie plus durable et circulaire. Un plan qui privilégie les modes de consommation avec une empreinte environnementale plus faible, et des méthodes de production plus vertes. Ce même plan est ainsi structuré autour de secteurs économiques-clés qui sont les principales sources des pressions environnementales sur les écosystèmes.


L’initiative a été lancée en 2013 pour accélérer le passage à des modes de consommation et de production durables dans le sud de la Méditerranée, notamment à travers la promotion d’approches d’économie circulaire. Baptisée «SwitchMed», ce programme vise à réaliser une économie circulaire en Méditerranée en changeant la façon dont les biens et services sont produits et consommés. Pour y parvenir, l’initiative fournit des outils et des services directement au secteur privé, soutient un environnement politique favorable et facilite l’échange d’informations entre les partenaires et les principales parties prenantes.  Financé par l’Union européenne, le Programme «SwitchMed» est mis en œuvre par l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (Onudi), la Division de l’économie du Programme des Nations unies pour l’environnement (Pnue), le Plan d’action pour la Méditerranée du Programme des Nations unies pour l’environnement (Pnue/Pam) et son Centre d’activités régionales pour la consommation et la production durables.

Etablir une feuille de route

En février 2016, les 21 pays, partis à la Convention de Barcelone (pour la protection du milieu marin et du littoral de la Méditerranée), ont adopté le Plan d’action régional pour une consommation et une production durables (SCP-RAP), le premier accord intergouvernemental dans le bassin méditerranéen pour établir une feuille de route décennale (2016-2027) pour favoriser la transition vers une économie plus durable et circulaire. Le programme intervient dans plusieurs secteurs clés pour l’économie, à savoir  l’alimentation, pêche et agriculture, la fabrication de biens de consommation, le tourisme et le logement et construction. Le premier volet qui s’intéresse à l’alimentation, pêche et agriculture (APA) a été une occasion pour  développer l’innovation et les connaissances dans la mise en œuvre des meilleures pratiques et techniques environnementales pour les phases suivantes : culture, récolte, traitement et consommation, afin de permettre une gestion efficace des ressources et de minimiser les impacts environnementaux du secteur de l’APA tout au long du cycle de vie des produits. Il s’agit concrètement d’adopter des systèmes de bonnes pratiques agricoles (BPA) pour optimiser l’utilisation des différentes ressources nécessaires (eau, terre, énergie, engrais, pesticides et produits phytopharmaceutiques). Aussi, il s’agit d’adopter  des «pratiques de pêche durables» notamment dans le secteur industriel et semi-industriel de la pêche, réduire le conflit entre les différents utilisateurs des ressources de la côte. Le Plan d’action visait également l’adoption de technologies nouvelles et innovantes fondées sur le cycle de vie, une approche incluant le contrôle des flux de matière, une manière d’éviter et réduire le gaspillage des ressources et de la nourriture dans tout le cycle de vie de l’alimentation.

Financement vert

Ce même volet consacré à l’APA vise un second objectif, celui du développement du cadre politique et juridique pour la promotion d’une production et une consommation durables en la matière. Cet objectif n’est réalisable qu’avec le développement  de la «diète méditerranéenne», et l’engagement des communautés locales ainsi que des producteurs, distributeurs et commerçants de produits issus de l’alimentation, de la pêche et de l’agriculture à petite et moyenne échelle. Il est également important de promouvoir le «financement vert» dans les domaines de production et de consommation liés à l’APA, en aidant les agriculteurs et les pêcheurs à accéder à des prêts et à des subventions pour démarrer des activités agricoles et de pêche durables, introduire des instruments financiers favorisant des pratiques agricoles et halieutiques durables, comme l’élimination ou la réduction des subventions considérées comme néfastes sur la consommation en eau et énergie, et proposer des mesures incitatives pour les bonnes pratiques environnementales.  L’autre objectif serait la sensibilisation et l’éducation des producteurs de denrées alimentaires, des distributeurs et des consommateurs, et le soutien du développement d’outils de marché et d’informations adaptés, afin de promouvoir la durabilité tout au long des chaînes de valeur de l’agriculture et de la pêche, ainsi qu’au long de la transformation et distribution des aliments. Pour l’axe consacré à la fabrication de biens de consommation, le Plan d’action régional sur la consommation et la production durables vise la création d’une politique et un cadre réglementaire efficaces, au niveau régional, pour la réutilisation, la réparation, le recyclage et la récupération des produits manufacturés (hiérarchie dans la gestion des déchets), basés sur des techniques de réflexion sur le cycle de vie et la promotion de la responsabilité élargie des producteurs.

Un cadre pour des emplois décents

Cette mesure devrait inclure la mise en place d’un cadre pour des emplois décents dans la réparation, la rénovation, le recyclage et la gestion des déchets en tenant compte du rôle des secteurs formels et informels ainsi que de leurs besoins respectifs en matière de formation, de santé, de sécurité et de moyens d’existence. Le Plan vise également l’éducation et la sensibilisation des consommateurs et le soutien du développement de structures de marché augmentant la visibilité et la part de marché des biens fabriqués, utilisés et éliminés de façon durable, et des services alternatifs. Il vise aussi la mise en place et la promotion des programmes de certification (labels écologiques) pour les produits manufacturés et les services alternatifs à niveau national.  En ce qui concerne le tourisme, l’objectif du Plan d’action régional sur la consommation et la production durables et de développer et promouvoir des pratiques et des solutions pour assurer une utilisation efficace des ressources naturelles et réduire les impacts environnementaux liés au tourisme, tout en respectant les capacités d’espace, écologiques et socioculturelles de la destination. Ainsi, il est primordial d’optimiser l’efficacité écologique des activités touristiques et l’utilisation de systèmes de gestion environnementale (ISO 14001).  Il est également nécessaire de mettre en place un modèle de gestion des destinations pour promouvoir le tourisme durable et créer un réseau de destinations durables, promouvoir la formation au tourisme durable local pour renforcer les capacités locales et améliorer celles qui existent déjà, promouvoir la diversification de l’offre touristique, en passant d’un tourisme de masse à des formes alternatives de tourisme (écotourisme, tourisme culturel, tourisme rural et tourisme hors saison) pour réduire les impacts de la saisonnalité et réduire les pressions environnementales sur les zones côtières.  Le dernier volet à développer, dans le cadre du Plan d’action régional sur la consommation et la production durables, et celui du logement et de la construction. Ainsi, ce plan prévoit la promotion de l’innovation et la connaissance ainsi que l’intégration des meilleures techniques disponibles et des meilleures pratiques environnementales qui ont pour but l’amélioration de l’efficacité des ressources dans l’ensemble du processus d’aménagement et de construction et tout au long du cycle de vie d’un bâtiment. Au programme également, la mise en œuvre de politiques de développement urbaines durables dans des villes qui dynamisent les activités économiques et revitalisent l’économie en offrant de nouvelles opportunités en termes d’activités économiques, d’entreprises, d’investissements et d’emploi. Il faut également introduire des systèmes de surveillance, d’application et d’évaluation efficaces, qui assurent l’adhésion aux principes de durabilité dans le développement et l’aménagement physique et urbain ainsi que leur respect (notamment par la mise en œuvre des Plans d’action pour une énergie durable). Il est, d’autre part, prévu de mettre en place des réglementations écologiques et durables en termes de construction, des codes de pratique et des normes et la contribution du logement et de la construction à l’efficacité des ressources et de l’énergie, le développement économique, la création d’emplois ainsi que l’amélioration de l’environnement et du bien-être humain.

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