Accueil Culture «Osama» de Sedik Barmak : A Kaboul, naître «femme» tue

«Osama» de Sedik Barmak : A Kaboul, naître «femme» tue

Cette haine pour la Femme gangrène toujours autant l’idéologie talibane et se fait sentir dans les innombrables productions cinématographiques et littéraires. «Osama», un film de Sedik Barmak, a secoué son public, pendant l’année de sa sortie de par l’ambivalence de son sujet : la femme, cet acharnement à vouloir l’effacer et la masculinité comme recours à la survie.

«Se travestir pour survivre» : l’action à faire pour travailler, subvenir à ses besoins les plus élémentaires ou simplement exister, sinon c’est la Burka que la femme aura sur son corps dès sa naissance. A travers ce long métrage d’1h30, les spectateurs font la connaissance d’une petite fille de douze ans, sa mère et un jeune garçon qui, tous les trois, ont survécu aux répressions suivant les manifestations organisées par les femmes afghanes au début du régime taliban. Ces femmes, qui travaillent dans un hôpital, sont informées que les Talibans ont renvoyé tout le personnel et fermé les portes de l’établissement. Ces derniers s’assurent qu’aucune femme ne peut désormais s’aventurer hors de sa maison sans compagnon «légal». Dans le cas contraire, elles seront sévèrement punies.

Le mari et le fils étant décédés, personne ne peut servir de «caution» à la famille, et la mère, poussée par le chômage, décide avec sa grand-mère de changer l’apparence de sa fille : désormais, ce sera un garçon. La décision terrifie la fillette, angoissée que sa véritable identité ne soit reconnue par les Talibans.

Les films les plus engagés n’ont pas l’impact escompté sur la nation afghane concernée. Ce film est un pamphlet pour les libertés les plus fondamentales. Une œuvre artistique, tout comme les films, agit comme une arme de lutte à l’obscurantisme religieux, particulièrement ambiant en Afghanistan, et prôné par les Talibans, criminels, sanguinaires, qui veillent à appliquer la Charia dans son sens le plus rigide.

Une scène a été insérée dans «Osama» : celle de la lapidation d’une religieuse française. Dure mais nécessaire, elle résume la barbarie de ces gardiens de la terreur. Ce film montre à quel point la femme peut être reniée dans son droit à l’égalité et à l’existence même : elle est effacée, désintégrée en tant qu’être humain. Son identité est totalement bafouée.

Le dogme des Talibans rime avec kalachnikov, brutalité et argent. Fondre dans la masse et travestir sa fille en garçon étaient les ultimes alternatives de survie pour cette femme et sa fille. La pauvreté ravage le pays sur le plan matériel, mais surtout intellectuel. Une existence qui personnifie l’horreur et la rattache au fait d’être née «femme». Techniquement, le réalisateur d’«Osama» s’adonne à une maîtrise technique proche de l’art et de l’essai, mais, par moments, quelques scènes rappellent souvent des films bollywoodiens. 

Cette histoire vraie, scénarisée, est très soutenue par ses jeunes acteurs. Une maîtrise de la caméra emporte le téléspectateur et redonne vie à des scènes surréalistes. Cette idéologie talibane est une menace au temps de l’internet et de la haute technologie. Le monde entier devrait lutter contre la propagation de cette doctrine au risque de la sentir s’immiscer au fur et à mesure des décennies. Le film est disponible sur le site de Streaming en accès libre.

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