COVID-19 ET SEVRAGE TABAGIQUE: Une alliance vitale

Par Donia Gharbi-Kilani | Médecin de la santé publique et médecin tabacologue


Depuis plusieurs  années et en référence aux données épidémiologiques internationales, les scientifiques parlent d’une «épidémie» tabagique. La pandémie récente de Covid-19 a signé la liaison morbide, voire mortelle entre la maladie et le tabagisme.

Si les deux maladies sont graves et mortelles, la prévention et une prise en charge concomitante et précoce ne peuvent être que bénéfiques. Cependant, si le Covid-19 est une maladie virale et contagieuse, le tabagisme est une addiction et un choix!

 Addiction et méfaits  tabagiques  

Le tabagisme est une addiction avec des effets indésirables croissants au fil du temps et de la durée de sa consommation. Les effets secondaires et délétères du tabagisme sont inévitables. Pour certains, ils peuvent être  réversibles à l’arrêt du tabac et pour d’autres ils seront définitifs. Les principaux effets secondaires  peuvent être physiques,  avec tout l’arsenal des pathologies cardiovasculaires, cancéreuses et surtout  respiratoires.

Le comportement de la personne tabagique, avec une  gestuelle acquise et entretenue par l’habitude, induisant une forme de complicité malsaine et morbide avec le fumeur. 

L’avènement  de la pandémie de la Covid-19 a confirmé la fragilité et la vulnérabilité de la santé du fumeur et de la faiblesse de sa riposte face à la maladie. Ce comportement qui risque d’entretenir et de ralentir l’efficacité  de la prise en charge de la maladie réside dans  l’échange buccal des cigarettes ou des embouts dans l’usage de la cigarette, du narguilé ou de la cigarette électronique dans l’éclosion, la propagation et l’aggravation de la maladie. Bien entendu, le côté  esthétique qui concerne  essentiellement les jeunes filles et les femmes en général n’est pas négligeable  et pour la santé  et pour le mental. 

En Tunisie, le tabagisme sous toutes ses formes est disponible. Ça peut aller de la cigarette classique, au narguilé (chicha), à l’actuelle cigarette électronique ou e-cigarette, en passant chez certains adeptes par la pipe ou le cigare. 

Ce même tabagisme peut être actif ou passif. Il est actif, si la personne consomme le tabac. Il est passif, s’il est involontaire et imposé par un entourage proche fumeur ou un environnement pollué par la fumée tabagique. Dans le monde, notre consommation tabagique nationale est considérée comme l’une des plus  importantes.  

En effet, en  Tunisie, plus de la moitié des hommes (50%) et plus de 10% des femmes sont fumeurs. La première cigarette chez nos enfants est de plus en plus précoce, avant l’âge de 10 ans.

On estime qu’en Tunisie, le tabac tue plus de 100 000 personnes par an. 

Une respiration qui s’essouffle !

Le Sars-Cov2 est le virus responsable de la maladie virale en cause de la pandémie du Covid-19. Cette pandémie ravageuse que subit la planète terre dans son intégralité. Ce virus qui  étouffe sur son passage tout ce qui respire! Et s’il respire encore et s’il s’essouffle à garder le souffle et vivre, c’est alors toutes les séquelles avec des symptômes variables qui risquent de se déclencher, se prolonger et peuvent devenir chroniques. C’est le nouveau concept du Covid-long!

Il est reconnu que l’immunité générale de l’organisme fumeur s’affaiblit au fil des années de consommation tabagique. Avec l’avènement du Covid-19, il est devenu clair que les fumeurs sont plus souvent et beaucoup plus gravement atteints. Selon l’OMS (mai 2021), les fumeurs ont un risque de 40 à 50% plus élevé de développer une forme grave de Covid-19 et d’en mourir. 

Une stratégie nationale précoce, adaptée et pérenne, basée sur une communication, une sensibilisation et une éducation sanitaire sur les méfaits du tabac, son rôle aggravant et parfois causal du Covid-19, en insistant sur les bienfaits du sevrage tabagique doit se mettre en place et démarrer le plus précocement possible.

En tant que médecin en exercice depuis plus de deux décennies,  il me semble judicieux et impératif de profiter de cette rentrée scolaire 2021-22 et de manière concomitante à la campagne vaccinale mise en place contre le Covid-19, d’instaurer progressivement cette culture de ce que j’appelle le  «Non au tabagisme!» : Il faut préparer  nos enfants, nos adolescents à  dire «Non!» à la première cigarette. Il est de notre devoir de préserver  notre jeunesse  et la préparer  à  un avenir plus serein et plus responsable, car mieux informé. 

Ces  campagnes de sensibilisation sur les méfaits du tabac et les bienfaits du sevrage tabagique,  en insistant sur leur rôle  vital lorsqu’ils sont associés au respect des règles sanitaires relatives à la pandémie actuelle du Covid-19, doivent se généraliser à grande échelle, pour toutes les tranches d’âges et toutes les catégories sociales.

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