
Divergentes et surtout représentatives des approches adoptées par les partis politiques depuis le déclenchement de la dynamique du 25-juillet, ce sont là les qualificatifs que l’on peut accorder aux dispositions transitoires annoncées mercredi soir par le Président de la République et publiées dans le Journal Officiel de la République Tunisienne (Jort), constituant ce que beaucoup de constitutionnalistes et aussi d’analystes et d’observateurs politiques considèrent comme la petite Constitution sur la base de laquelle ou plus précisément sur la base des chapitres qu’elle comprend, le Chef de l’Etat aura à gouverner le pays et à diriger les affaires de l’Etat (dans tous les domaines, sauf en matière de protection des droits et des libertés publiques et privées) durant toute la période que durera l’état d’exception qui a commandé l’adoption de ces dispositions transitoires (c’est-à-dire temporaires), période que seul le Président de la République est habilité à déterminer la durée, ce qui revient à dire qu’il dispose de la compétence exclusive d’affirmer et de proclamer que le danger imminent ne menace plus le pays et que les mesures exceptionnelles doivent être levées.
Hier, jeudi 23 septembre, les Tunisiens ont assisté à une flambée de réactions, à un flot de lectures et d’analyses et à une véritable inflation d’interprétations se voulant prospectives, essayant de prévoir ce que l’avenir cache aux Tunisiens à la lumière de «cette petite Constitution et des pouvoirs illimités qu’elle confère au Président Kaïs Saïed».
Pour que tombe le système de corruption et de terrorisme
Pour les partis qui se sont rangés du côté du Chef de l’Etat, dès le déclenchement de la dynamique du 25-juillet, on assure que les dispositions transitoires sont «le pont qui permettra de retrouver la véritable voie de la révolution du 17 décembre et aussi un pas important pour faire tomber le système de corruption et de terrorisme».
Aussi bien pour le Courant populaire que pour le mouvement Achaâb, les annonces relatives aux dispositions transitoires constituent des réformes importantes déjà revendiquées par plusieurs partis, y compris par certains opposants au Président Kaïs Saïed.
Dans le camp adverse, on chauffe les tambours et on annonce la mobilisation générale dans le but de former un front démocratique qui aura pour mission de «s’opposer à ce coup d’Etat, et ce, dans le cadre de la Constitution (celle de 2014 bien entendu) et de la loi et à travers des moyens pacifiques».
Le Front démocratique annonce pour le moment la participation de l’UPR, de Harak Tounès Al Irada, du mouvement Wafa et d’Al Irada Al-Chaâbia.
Quant à Ettakatol, Afek Tounès et le Parti républicain, ils sont clairs et ils le proclament haut et fort: «Kaïs Saïed n’a plus de légitimité, du moment qu’il est en rupture avec la Constitution», soulignent-ils dans un communiqué commun.
A Montplaisir, les nahdhaouis «sont convaincus que la Tunisie est entrée dans une situation à haut risque et inédite».
Ils rejoignent la position exprimée par le bloc parlementaire de Qalb Tounès, estimant que «les dispositions transitoires annoncent la mise en place d’une nouvelle dictature».