L’arme des faibles

Dans son discours, hier, à l’occasion de la cérémonie de prestation de serment des nouveaux membres du gouvernement, Saïed a répondu, avec son franc-parler habituel et sans détour, point par point, aux diverses interrogations qui interpellent l’opinion nationale et internationale sur des points chauds de l’après-25 juillet. Il a renvoyé dos à dos les accusations de ses détracteurs par un argumentaire solide et bien documenté.

Parmi les points soulevés, figurait en pole position l’organisation du Sommet de la Francophonie à Djerba, que certaines personnes essayent, mordicus, de faire capoter. Il a révélé, à cet effet, que près de cinquante États ont été sollicités pour boycotter cet événement. Les meneurs de cette campagne sont malheureusement tous tunisiens, a-t-il révélé. Toutefois, le Chef de l’État a fait savoir que le recours à ce procédé pour faire pression sur notre pays ne pourra en aucun cas l’intimider. Certes, la Tunisie est fin prête pour accueillir le Sommet à Djerba, mais pas à n’importe quel prix. Cela dit, son éventuel report, délocalisation dans un autre pays ou une baisse de représentativité au niveau des Chefs d’État censés y assister, serait un fait désolant et navrant, mais ne gênera en rien notre pays. Il n’empêche que le boycott est une arme de faibles, plutôt que de puissants. Notre souveraineté nationale passe avant tout autre intérêt, aussi intéressant soit-il. Employer cette arme pour faire revenir notre pays à l‘avant-25 juillet est une manœuvre vouée forcément à l’échec. Ignorer la volonté du peuple et ses aspirations en des lendemains meilleurs, c’est s’aligner sur une position hostile au pays hôte. C’est aussi un geste dont les conséquences pourraient être désastreuses sur l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), qui risque de subir le contrecoup de Tunis pouvant conduire au démembrement de l’OIF par un retrait de cette structure, dont notre pays est toujours membre fondateur. Les Chefs d’Etat des pays frères et amis et les organisations partenaires devraient faire une lecture plus responsable et plus lucide des événements en cours en Tunisie, car Saïed n’y va pas avec le dos de la cuillère pour recadrer les faux amis et les récalcitrants. On ne fait pas chanter un pays libre. Ce temps est révolu et Carthage ne parle plus avec des trémolos dans la voix. Le message est clair comme de l’eau de roche.

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