Les décisions politiques annoncées le 25 juillet ne font pas l’unanimité dans le monde des entreprises. Selon les résultats d’une enquête réalisée par l’Iace, 33% des chefs d’entreprise manifestent leur inquiétude tandis que 36% disent qu’ils sont optimistes et aspirent à un meilleur avenir. Plus de 51% d’entre eux affirment que la situation politique n’a pas impacté leurs chiffres d’affaires.
Si les chefs d’entreprise sont frileux vis-à-vis la situation politique, c’est parce que l’environnement des affaires dépend fortement de la stabilité politique. Il est souvent exposé au retour de bâton et se ressent des bouleversements qui touchent la sphère politique. En ce sens, les événements du 25 juillet sont significatifs. Dans le monde des entreprises, ils ont suscité des réactions mitigées. Une enquête réalisée, récemment, par l’Iace pour sonder les dirigeants d’entreprise sur la situation politique post-25 juillet et ses répercussions sur l’activité des entreprises révèle des résultats mi-figue mi-raisin. En effet, 52% des chefs d’entreprise sondés sont pessimistes quant à l’évolution de la situation politique et établissent des prévisions négatives pour leurs sociétés. Près de 33% ont manifesté leur inquiétude tandis que 36% affirment qu’ils sont optimistes et aspirent à un meilleur avenir. Seuls 9% des chefs d’entreprise ayant participé à l’enquête disent qu’ils ont confiance dans le paysage politique actuel.
Un choc de confiance
Les résultats de l’enquête mettent, également, l’accent sur l’impact des événements du 25 juillet sur la situation interne des entreprises. A en croire les statistiques du sondage, près de 36% des entreprises affirment qu’elles ont accusé une baisse de leurs chiffres d’affaires suite aux décisions politiques annoncées le 25 juillet. Environ 51% des dirigeants déclarent que la situation politique n’a pas impacté leurs chiffres d’affaires. Pour 60% des entreprises, la situation politique n’a eu aucun effet sur le prix de vente de leurs produits et services.
Au niveau de la demande, les répercussions de la situation politique actuelle sont estimées négatives pour 36% des entreprises et positives pour 16% d’entre elles. La production, quant à elle, n’a pas connu de changement pour 60% des répondants.
Côté investissement, l’enquête révèle, à la limite, un choc de confiance négatif. Plus de 44% des entreprises sondées ont baissé leurs investissements. Environ 36% d’entre elles ont dû affronter des problèmes de financement bancaire et plus de 35 % se plaignent de la dégradation de la qualité des services administratifs.
La très controversée mesure d’interdiction de voyage imposée aux hommes d’affaires ne fait pas l’unanimité des dirigeants, puisque 35% d’eux disent comprendre cette décision tandis que 47% ont exprimé leur refus à cette mesure. Près de 24% des répondants prévoient le statu quo pour les six mois à venir et 39% d’eux présument une détérioration de la situation.
Les attentes vis-à-vis du nouveau gouvernement
Par ailleurs, l’enquête a permis d’établir et de cerner les attentes du secteur privé vis-à-vis du nouveau gouvernement. Suite à une analyse qualitative des propositions formulées par les sondés, les mesures attendues par les chefs d’entreprise ont été regroupées selon quatre axes et critères, à savoir les compétences au sein du nouveau gouvernement, la lutte contre la corruption, l’assainissement du climat des affaires et l’amélioration du système financier. S’agissant du premier axe, les dirigeants s’attendent à ce que le nouveau gouvernement ait une vision économique très claire. Une meilleure gestion des ressources de l’Etat, la mise en œuvre des lois élaborées par le législateur, le lancement des réformes structurelles qui ont été annoncées à maintes reprises par les gouvernements précédents ainsi que l’instauration de la paix sociale et l’amélioration du niveau vie du citoyen sont les principales priorités socioéconomiques du nouveau gouvernement, selon les estimations des chefs d’entreprise. Au sujet de la lutte contre la corruption, les dirigeants ont placé, plus haut, la barre de leurs attentes. Entre démantèlement de cartels de contrebande et lutte contre l’économie de rente, les entreprises souhaitent un climat des affaires assaini et régi par les règles de la concurrence loyale. Pour les dirigeants d’entreprise, l’amélioration du système financier doit passer par la réforme du système fiscal mais aussi du code de change. Ils estiment que les incitations financières, l’abaissement du TMM, l’accompagnement du financement et la révision du système bancaire sont autant d’impératifs qui peuvent contribuer à la résolution des problèmes de financement dont souffrent les PME. Quant à l’assainissement du climat des affaires, les chefs d’entreprise appellent à restaurer la confiance des investisseurs, en facilitant les procédures, notamment douanières, mais aussi en renforçant les capacités et les compétences des hauts fonctionnaires et de l’administration publique.