Les statistiques le montrent, l’écosystème de l’innovation est en pleine effervescence. Jusqu’à septembre 2021, plus de 569 startup ont été labellisées. L’année 2022 verra la naissance d’au moins cinq fonds d’investissement.
A travers la loi « Startup Act », la Tunisie s’est fixée un objectif ambitieux : 1.000 startup labellisées et 1 milliard de dinars de chiffres d’affaires cumulés en 2023. L’adoption de la nouvelle loi relative à l’écosystème des startup en 2019 a fait grand bruit. Elle a été assimilée à la loi 72 qui a servi de tremplin pour l’essor et l’éclosion de l’industrie exportatrice en Tunisie. « Startup Act » a fait également des émules en Afrique. Plusieurs pays africains se sont inspirés de l’expérience tunisienne pour concevoir des cadres réglementaires propices à l’innovation. Cela dit, l’écosystème des startup manque encore d’outils et de mécanismes, notamment financiers, qui permettent aux porteurs de projets d’accéder à des niveaux de maturité plus avancés. Une évaluation à mi-chemin de l’écosystème des startup, deux ans après l’entrée en vigueur de la loi « Startup Act », révèle que les objectifs initialement identifiés ont été dépassés. La machine à fabriquer des startup tourne à plein régime. «On a dépassé l’objectif à mi-chemin. « Startup act » a permis de dévoiler les talents et les compétences », note Alaya Bettaïeb, directeur général de Smart Capital, l’opérateur national du programme « Startup Tunisia ». Intervenant lors d’un webinaire qui a été organisé, récemment, par l’Atuge sous le thème « Quels objectifs face aux nouveaux contextes », le responsable a dressé le bilan de « Startup Act », deux ans après son lancement.
La deep tech est l’un des points forts de la Tunisie
A fin septembre dernier, le collège des startup a reçu au total 836 candidatures et a accompli la labellisation de 569 startup. Les critères d’octroi du label Startup se basent essentiellement sur l’innovation et l’évolutivité du projet. «On cible les startup ayant une certaine maturité mais on regarde surtout les volets innovation et évolutivité», a précisé Bettaïeb. Plus de 8 % des postulants sont des docteurs, 52% d’eux ont le diplôme de master et 16 % ont le diplôme du baccalauréat. La présence féminine dans l’entrepreneuriat numérique est impressionnante. En effet, près de 35% des candidats au label sont soit des femmes, soit des co-fondatrices. Les statistiques braquent, en outre, les projecteurs sur le rôle de la diaspora. Avec plus de 140 startupeurs tunisiens résidant à l’étranger qui ont candidaté pour l’obtention du label, il est clair que la diaspora tunisienne contribue activement à la dynamisation et l’enrichissement de l’écosystème. Grâce aux mécanismes d’incitation mis en place dans le cadre de « Startup Act », la Tunisie commence à attirer les entrepreneurs étrangers. Plusieurs jeunes porteurs de projets de 15 nationalités différentes ont postulé au label tunisien. Quant aux secteurs cibles, ils sont diversifiés et touchent à tous les domaines économiques et sociaux. 16% des projets s’intéressent au Marketplace, 14% sont dans le software et les services liés au software, 34% sont des Healthtech, Fintech… et plus de 21 % opèrent dans la Deeptech ; c’est-à-dire l’intelligence artificielle, la robotique, l’internet des Objets. « La Tunisie peut se positionner sur la Deeptech dans le futur si on déploie plus de mécanismes d’encouragement », a précisé le directeur général de Smart Capital.
En investissement, il y a à boire et à manger
Le chiffre d’affaires réalisé par l’ensemble des startup labellisées en dit long sur leur potentiel de croissance. Malgré un contexte économique très difficile, plombé par une épidémie mondiale, qui a affecté tous les pans de l’économie mondiale et nationale, les startup tunisiennes continuent de résister. Le chiffre d’affaires global réalisé, en 2020, s’élève à 72 millions de dinars, dont 53,1 million ont été générés par des startup internationales et 5% seulement par des startup tunisiennes. Avec une employabilité moyenne de 8 personnes, les startup sont globalement de petite taille et ne sont pas assez matures pour créer massivement de l’emploi. La morosité qui afflige le marché n’a pas empêché une certaine dynamique au niveau du financement des startup.
En effet, 82 investissements et opérations de transaction ont été réalisés en 2020, avec des levées de fonds de 23,2 millions de dinars, effectués par 44 startup. Toutefois, 2022 sera, à coup sûr, l’année de la reprise économique de l’écosystème de l’innovation. C’est en tout cas ce qu’a souligné Alaya Bettaïeb qui a affirmé que l’année 2022 verra le lancement d’au moins cinq fonds d’investissement.
« La crise covid a impacté tout l’écosystème. Mais une relance mondiale est attendue en 2022, et la Tunisie en bénéficiera. L’année prochaine, il y aura au moins cinq fonds d’investissement qui vont se mettre en place et beaucoup de Tunisiens résidant à l’étranger veulent investir et se positionner en Tunisie. D’ici cinq ans, il y aura 15 autres fonds d’investissement qui vont aider les startup à se financer. L’écosystème est en train de mettre en place des structures qui vont pouvoir accompagner et sécuriser le parcours des jeunes pousses », a attesté Bettaïeb.