La guéguerre ayant opposé l’Ugtt à l’Utica, à la faveur de la grève générale décrétée, ces derniers jours, à Sfax, par les entreprises du secteur privé et condamnée vigoureusement par Samir Majoul, président de l’Union des patrons, ainsi que par les responsables de l’union régionale de l’Utica dans la capitale du Sud, a-t-elle constitué, finalement, une petite tempête dans un verre d’eau, et la révolte et les réactions des patrons contre les «excès» de la centrale syndicale ouvrière se sont-elles estompées, à l’issue de la rencontre, vendredi 5 novembre, entre le président de l’Utica et Noureddine Taboubi et plusieurs de ses lieutenants ?
On se pose la question et on attend une réponse précise qui éclaire notre lanterne face «à la menace du lock-out brandie par les patrons, menaçant de fermer totalement ou partiellement une entreprise» suite aux protestations sociales, une réponse que plusieurs du côté de l’Utica considèrent comme la plus indiquée pour contrecarrer ce qu’ils appellent «la diabolisation des chefs d’entreprise».
La rencontre Taboubi-Majoul a-t-elle sonné la réconciliation Ugtt-Utica ou a-t-elle permis, de par les résultats qui s’en sont découlés, de tourner une nouvelle page dans les rapports entre les deux organisations syndicales ouvrière et patronale marquée, notamment, par l’attachement au dialogue en tant qu’unique mécanisme à même de résoudre les crises et de mettre fin aux malentendus.
Et même si certaines voix, surtout parmi celles qui croyaient la rupture définitive entre l’Ugtt et l’Utica, avancent l’idée selon laquelle Noureddine Taboubi, en rupture avec la présidence de la République — même s’il s’obstine à ne pas le reconnaître —, s’est trouvé dans l’obligation de baisser le ton avec les patrons et de chercher leur appui même si rien ne peut affirmer qu’il perdure dans les prochaines semaines, il est à souligner que le choix de l’apaisement et du dialogue aux dépens de la confrontation et de la rupture ne peut que rapporter les dividendes attendus aussi bien au profit des patrons que des salariés du secteur privé.
Maintenant que les nuages d’incompréhension sont en train de se dissiper, peut-on prévoir que les relations entre la place Mohamed-Ali et la cité El Khadra pourront contribuer à apaiser, autant que possible, le climat de tension, d’intolérance et de fracture qui règne dans le pays.