L’institution scolaire dans le viseur: Le point de non-retour

Depuis quelque temps, le corps enseignant est devenu une cible pour n’importe qui. Des parents et des élèves incontrôlables s’en prennent physiquement aux employés à l’intérieur même de l’enceinte scolaire. Mais à travers les enseignants, il est clair qu’on vise toute l’institution de l’enseignement.

Le dernier événement-choc en date est l’agression barbare contre un professeur dans le collège d’Ezzahra. Quelques jours auparavant, toute l’opinion publique est restée sidérée devant le comportement des parents d’un élève qui a été “mal noté” par sa prof d’anglais. A cet effet, une armada d’avocats a été mobilisée pour défendre la “victime” qui aurait eu une paralysie faciale en raison de la mauvaise notation scolaire !

Quelles que soient les raisons, il n’est pas acceptable de prendre en otage l’école en voulant lui imposer ses points de vue et ses lubies.

Une telle réaction est, tout simplement, disproportionnée. C’est comme si on voulait pulvériser une fourmi avec une mitrailleuse. 

Lynchage médiatique

La vie scolaire est, désormais, soumise à l’emprise d’une catégorie de parents qui ne reculent pas devant les excès et qui en arrivent jusqu’aux agressions physiques. Et, sur ce point, les exemples ne se comptent plus. 

L’affaire de la prof d’anglais marque un tournant dans la mesure où les atteintes à l’intégrité physique et morale sont devenus monnaie courante. Le “lynchage” de cette enseignante à travers les réseaux sociaux n’est qu’un pas de plus dans la déstabilisation de tout le système éducatif et une atteinte grave à toutes les valeurs de justice. Mais le comble, c’est ce qui est arrivé lundi dernier (8 novembre) dans cet établissement scolaire d’Ezzahra. Cela constitue un véritable tournant. L’attaque à l’arme blanche commise par un élève contre un professeur du même établissement ouvre la voie devant toutes les hypothèses et toutes les supputations. 

Une première conclusion s’impose : l’institution éducative n’est plus à l’abri de ce qui se trame dans le pays. On cherche à en faire, également, la caisse de résonance des abus et des violences politiques et sociales. Cette dérive risque de s’aggraver si on n’y prend pas garde et si l’on ne cesse pas de s’ingérer dans les moindres décisions et mesures adoptées par une autorité officielle bien avisée.

Tous les autres intervenants qui veulent apporter un plus à l’école doivent le faire dans le respect le plus strict des normes et des réglementations en vigueur. Les analystes et les chroniqueurs (radio ou télévision) doivent cesser de chercher à justifier, coûte que coûte, des actes inconsidérés. Car, à chaque fois qu’il y a des violences (commises en grande majorité par des délinquants mineurs), on trouve des excuses et des raisons dont le but est de déculpabiliser les auteurs (pauvreté, marginalisation, etc.). Des arguments qui ne trompent plus personne. 

Les droits se méritent

Il est temps d’éviter les amalgames entre les droits et les libertés et le respect que chacun doit aux institutions et ses symboles. Le code de l’enfance n’a pas été fait pour protéger une catégorie de la population et en faire un vivier de délinquants et de criminels. C’est, malheureusement, ce qui est en train de se mettre en place chez nous. Ces jeunes sont de plus en plus mobilisés et manipulés pour accomplir les sales besognes de certains qui n’ont d’autres buts que de créer le chaos. La preuve est là devant nos yeux quand on se rappelle les attaques quotidiennes contre les moyens de transport. Les auteurs seraient des mineurs. Les actes de vandalisme sans limites sont perpétrés par des mineurs. Les tags sur les murs, sur les moyens de transport et sur les immeubles sont l’œuvre de mineurs. Et là, on se pose la question, vraiment, lancinante : d’où vient l’argent qu’ils utilisent pour se procurer, par exemple, des bombes à retouche (ces bombes de peinture) qui leur servent à défigurer les façades des maisons, des magasins, des véhicules particuliers… Or, on sait que le prix minimum d’une de ces bombes est de 9 dinars !

D’ailleurs, un parti politique dit de gauche a affirmé qu’il les fournissait, lui-même, à ses “militants”. Ce serait des moyens de militantisme! Et, cet aveu en dit long sur ce qui se trame en cachette. Mais il y a pire. Dimanche dernier, une bande d’enfants était attroupée non loin des barrières placées autour d’un poste de police dans les jardins de Carthage et s’en prenait, allègrement, aux automobilistes. Ces derniers, voyant la route barrée au niveau du poste de police, rebroussent chemin. C’est à ce moment, que les gamins montent sur les voitures ou les caillassent. A deux pas de la police !

Le simple citoyen comprend mal ce laxisme et cette démission devant l’intrusion de la violence dans notre quotidien.  Cette violence, ainsi banalisée, envahit tous les espaces (stades, hôpitaux, rues, etc.). Ce qui se passe actuellement dans nos institutions scolaires n’en est que la triste illustration. Un petit conseil pour finir.

Cessons d’utiliser la question des droits et des libertés à tort et à travers.

Quand on enseigne ces valeurs nobles (en fin de compte) à l’école, il faut insister aussi sur les devoirs et sur la responsabilité de tout un chacun. Un citoyen irresponsable ne mérite ni droit ni liberté. C’est la collectivité qui prime. L’individu vient en dernier. De plus, arrêtons d’inonder nos yeux de scènes de violences déversées par ces chaînes TV privées qui ne s’intéressent qu’au gain facile. Les chaînes publiques, elles, sont appelées à se mettre aux normes et à respecter les téléspectateurs. Ces derniers doivent avoir un droit de regard sur le contenu des programmes.

Quant à certains animateurs à la noix, ils ne devraient pas trop présumer de leurs connaissances. C’est là qu’il faut chercher la racine de toutes les violences et de tous les crimes que nous connaissons depuis une décennie.

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