Considérés comme un outil pédagogique qui véhicule les belles valeurs, les films pour enfants aiguillonnent l’imagination des petits et aiguisent l’esprit critique chez eux. Faire découvrir aux bambins la magie des salles obscures est toujours une expérience sans pareille qui, malheureusement, n’est pas accessible à tous les enfants, notamment dans les régions. Lassaâd Goubantini, distributeur et exploitant de salles de cinéma, apporte son éclairage sur le sujet.
Qu’appelle-t-on un film pour enfants ?
Généralement, un film pour enfants se démarque par son contenu. C’est un film soft, familial où le langage utilisé est un langage épuré. Il véhicule un message, une morale et des valeurs. Il faut noter qu’il y a plusieurs catégories de films pour enfants. Il y a des films pour enfants en bas âge (moins de 6 ans) et des films pour les enfants de 6 à 12 ans. Après, on rentre un peu dans la catégorie des films pour ados.
Est-ce qu’il y a, en Tunisie, un engouement pour ce genre de films ?
Oui. D’une manière générale, le marché du divertissement pour enfants (films pour enfants, parcs d’attraction, commerce de jouets…) a le vent en poupe. D’ailleurs, les plus gros succès du box office tunisien sont des films pour enfants. De plus, étant donné qu’aujourd’hui la majorité des familles tunisiennes sont composées au plus de deux enfants, le concept d’enfant roi s’est largement répandu ces dernières années. Les parents cherchent à gâter leurs enfants en les faisant adhérer à des clubs de sport, de musique… et aussi, en les emmenant voir des films.
Quels sont les films pour enfants qui ont le plus cartonné au cinéma ?
Ce sont principalement les grands classiques de Disney.
Il s’agit de films familiaux qui s’adressent à tout le monde comme «La belle et la bête», «Dora l’exploratrice» et, tout récemment, «Le loup et le lion» qui est un film franco-canadien.
Après, il y a les films de référence de Sony, Warner Bros mais également certains mangas japonais.
Est-ce qu’il y a des programmations dédiées aux enfants ?
Il y a déjà une programmation hebdomadaire où on prévoit, généralement, des projections de films le week-end. C’est ce qu’on appelle, dans notre langage d’exploitant, une programmation en MSD (Mercredi-Samedi-Dimanche).
Après, il y a des programmations pour les vacances et les jours fériés, sans oublier les sorties de films.
Avec les plateformes de streaming, comme Disney+, qui pullulent aujourd’hui, les salles de cinéma sont-elles menacées?
Personne ne peut arrêter le progrès. C’est inéluctable. La pandémie a accéléré cette transformation. Plusieurs plateformes ont, désormais, vu le jour comme Netflix, Disney plus, HBO Max, Chahed… même en Tunisie on commence à voir naître des plateformes, donc on ne peut échapper à cette réalité. Mais le cinéma va survivre. Peut-être qu’il serait l’apanage des grandes sorties. Peut-être que les plateformes et le cinéma vont se partager le marché. Après un certain temps, les choses vont se décanter et les parts de marché seront identifiés. Les plateformes vont gratter des parts de marché et les salles de cinéma vont aussi survivre.
L’année dernière, on a sorti des films qui sont sortis sur Disney plus comme Raya, Milan. Il nous ont autorisés à les sortir parce que la plateforme Disney plus n’est pas disponible en Tunisie.
Comment encourager les parents et les enfants à fréquenter les salles de cinéma, notamment dans les régions ?
Déjà, dans les régions, on manque de salles de cinéma. Généralement pour les grands films, notamment de Disney, on passe par les maisons de la culture qui sont équipées. Les directeurs des maisons de la culture dans les régions, comme Siliana, Sfax, Kairouan, nous appellent pour préparer des programmes pour les vacances.
Il est vrai qu’il y a des directeurs qui sont vraiment impliqués et qui ne ménagent pas leurs efforts pour mettre en place des programmes assez riches en activités culturelles, (foires, concerts, etc.).
Mais il y a aussi des maisons de la culture qui programment des activités culturelles, y compris des projections de films, de manière moins fréquente.