Bilel Sahnoun, Directeur Général de la Bourse de Tunis: “La Tunisie n’a toujours pas saisi l’opportunité des financements verts”

A l’occasion du lancement du guide de reporting ESG, le DG de la Bourse de Tunis s’est attardé sur les avantages d’une démarche RSE au sein des entreprises cotées. Outre l’accès au financement vert, les politiques ESG contribuent à l’amélioration de la rentabilité des entreprises et à l’augmentation de leurs valorisations boursières.

La Bourse de Tunis et le Conseil du marché financier CMF ont lancé, jeudi 2 décembre, le guide de reporting ESG (Environnemental, Social et de Gouvernance) qui sera mis à la disposition des entreprises cotées. Ce guide qui a été élaboré avec le concours de la fondation Konrad Adenauer Stiftung KAS et le cabinet de consulting Key Values, comprend les principes de l’Initiative SSE (Sustainable Stock Exchanges) des Nations unies et explique l’utilité de la démarche RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) et du Reporting ESG. Le document propose, également,  les recommandations de la mise en pratique de ces concepts. Une journée d’information a été organisée pour présenter le nouveau guide et dévoiler l’état des lieux des pratiques RSE et du reporting ESG au sein des entreprises cotées.

Mettant l’accent sur les avantages du reporting ESG, le Directeur général de la Bourse de Tunis, Bilel Sahnoun, a fait savoir que l’objectif du guide est “d’identifier, unifier et structurer les communications extrafinancières”. Il a affirmé que le nouveau document vise à mettre en place les indicateurs clés de Performance (KPI), en unifier la lecture et l’interprétation pour des besoins d’analyse et de comparabilité et aboutir, in fine, à la création d’un indice ESG qui va servir pour attirer des fonds d’investissement responsables ou sensibles à la finance verte.

Opportunités de financements verts

Pour Sahnoun, la finance durable n’est plus un choix. Il s’agit d’une tendance dont le rythme s’est accéléré depuis 2014 suite à l’adoption des directives européennes RSE, et qui s’est confirmée en 2015, après l’adoption des 17 Objectifs du développement durable (ODD), par les Etats membres des Nations unies. “Très vite, les financiers se sont positionnés sur cette thématique et plusieurs fonds se sont spécialisés. On parle de fonds vert, fonds bleu, fonds social, fonds des énergies renouvelables, de l’hydrogène vert, de l’égalité entre les genres, mais aussi de plusieurs types de fonds qui s’inscrivent dans le cadre de la thématique RSE”, a-t-il ajouté, précisant qu’en 2021, les émissions mondiales d’obligations vertes sont estimées à 400 milliards d’euros.

Mettant l’accent sur les opportunités qui découlent des politiques RSE, Sahnoun a indiqué que la Tunisie n’a toujours pas saisi l’opportunité des financements verts. Il a, en ce sens, fait savoir que la Tunisie ne bénéficie que de 1% (15 millions de dollars) du total du montant capté par la région Mena, pour financer, essentiellement, des programmes de l’Anme. Le Maroc s’accapare, à lui seul, 50% du montant, tandis que le total des financements obtenus par l’Egypte s’élève à 400 millions de dollars (26%).

Avantages indéniables

Le DG de la Bourse de Tunis a affirmé que la fondation IFRS est en train de travailler sur l’unification des normes de reporting extrafinancier et que le nouveau guide vient à point nommé pour préparer cette unification.

Par ailleurs, le responsable a affirmé que les politiques ESG se sont avérées rentables pour les entreprises, étant donné que 80% des sociétés qui ont adopté des politiques RSE et qui font de la communication extrafinancière ont amélioré leur rentabilité. “Il y a même des études qui montrent que les normes ESG contribuent à hauteur de 30% dans la valorisation boursière d’une action”, a-t-il précisé. Il a, en outre, fait savoir que les entreprises, qui exportent vers l’Europe, vont avoir de plus en plus de contraintes par rapport à l’efficacité énergétique, l’émission de gaz à effet de serre, la décarbonisation, l’égalité des genres, les conditions sociales et les modes de gouvernance. Pour Sahnoun, tous ces facteurs plaident en faveur d’une adoption quasiimmédiate du nouveau guide ESG par les sociétés cotées.

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